[HISTOIRE] Le Front Populaire, la grande illusion historique de la gauche

©Pierre Louÿs/Wikimedia Commons
©Pierre Louÿs/Wikimedia Commons

L’Histoire est un éternel recommencement. La NUPES est morte, vive le Front populaire ! Mais que fut, réellement, ce Front populaire ?

 

Face à la montée des mouvements d’extrême droite en France, et surtout en réaction à la journée du 6 février 1934, le Parti communiste français (PCF), le Parti radical (PR) et la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) prennent la décision d’agir. Afin d’appuyer leur demande et leur réforme contre le fascisme, ils font appel à la rue. Ainsi, entre 1934 et 1936, on compte plus de 1.000 manifestations, dont 45 % sont d’ordre politique et la moitié menée par la gauche. Cependant, ces événements de rue ne suffisent pas. L’idée mais surtout le besoin de s’unir commence à émerger dans les esprits. Le PCF, en réalité aux ordres de Moscou, veut profiter de ce chaos ambiant pour s’imposer comme le leader de la gauche en France. Maurice Thorez fait ainsi semblant d’abandonner l’idée de la lutte des classes au profit de la bataille contre le fascisme pour, en réalité, tenter d’éclipser et faire disparaître tous les sociaux traîtres que sont notamment les bourgeois du PR. Ces derniers, quant à eux, ont besoin de ces alliances, notamment avec la SFIO, pour renouer avec la classe ouvrière qui se méfie d’eux. Le ver est déjà dans la pomme, avant même que ne naisse officiellement le Front populaire.

 

La victoire législative des gauches

 

Au terme de longues négociations et à l’aube des législatives de 1936, le Front populaire est créé. Les grandes idées défendues par cette alliance de circonstance sont le désarmement et la dissolution des ligues jugées dangereuses, la liberté syndicale, la lutte contre la déflation et la baisse du chômage. Pour les élections, chaque parti de gauche peut présenter son propre candidat au premier tour, mais au second, chacun doit obligatoirement apporter son soutien au vainqueur afin de garantir une majorité à l'Assemblée nationale.

Au terme de la campagne, le 3 mai 1936, la victoire du Front populaire est éclatante, mais elle est surtout celle du PCF, qui profite grandement de cette union. Ainsi, les communistes passent, dans l’Hémicycle, de 10 députés à 72, les socialistes de la SFIO de 97 à 149 et le grand perdant de l’alliance qu'est le PR de 160 à 111. Fort de son nombre majoritaire de sièges, la SFIO prend la tête du gouvernement à laquelle le Président Lebrun appelle Léon Blum, qui devient la figure du Front populaire.

 

Le Front populaire au pouvoir : du rêve à la désillusion

 

Après avoir formé son gouvernement auquel les communistes refusent de participer, le considérant trop bourgeois, Blum lance ses grandes réformes, celles dont la gauche avait toujours rêvé. Les accords de Matignon prévoient, ainsi, de nombreuses décisions économiques et sociales qui font la gloire du Front populaire auprès des masses ouvrières. Parmi elles : les congés payés, la semaine de 40 heures, la hausse des salaires et la reconnaissance du droit de participation à un syndicat. Léon Blum réforme également l’Éducation nationale en y imposant la pratique du sport, dont le ministère est fondé en 1936.

Ces réformes ont néanmoins un coût que n’avait pas anticipé le président du Conseil. S'ensuivent une inflation des prix, un ralentissement de l’économie dû aux grèves et aux congés payés, ainsi qu'une baisse seulement partielle du chômage. Une situation telle qu’en février 1937, Léon Blum est contraint de stopper son programme. Malgré les oppositions des communistes, jugeant cette décision trop favorable au capital et au patronat, il décide de réduire la dépense sociale afin de faire revenir les capitaux en France et de relancer l’armement face à une Allemagne de plus en plus belliqueuse. Ces choix sonnent alors le glas du Front populaire.

 

La rupture et l’échec

 

La situation internationale va entériner la fin de l’union de la gauche, qui se déchire sur les questions de la guerre d’Espagne et doit faire face au changement des forces politiques. De 30.000 membres en 1933, le PCF en comptait 308.000, quatre ans plus tard. Son influence sur les masses prolétaires s'est accrue et son soutien au gouvernement se remplace par une critique permanente. Le PR finit aussi par être divisé sur la question même du maintien du Front populaire, dont certains voudraient la dissolution afin d’éviter de se voir totalement éclipser par le PCF.

La lutte permanente contre les droites amène aussi ces derniers à s’unir dans de nouveau groupes politiques, comme le Parti social français (PSF) ou encore le Parti populaire français (PPF). Cette structuration de la droite et l’extrême droite est un échec du Front populaire, qui relance ainsi un fort clivage droite-gauche.

Face à la situation, des grèves sont mises en place et des accusations de fascisme sont faites contre le gouvernement de Blum, qui finit par démissionner en juin 1937. Hitler profite de cette instabilité politique pour faire main basse sur l’Autriche puis sur la Tchécoslovaquie. Ces événements aboutissent aux négociations des accords de Munich en 1938 menées par Daladier, dont les décisions prises provoquent la rupture définitive du Front populaire en avril 1938.

Ainsi, au terme de deux ans d’existence politique et malgré ces promesses illusoires faites aux masses, sous couvert de lutter contre un autre courant politique, le Front populaire n’a pas su redresser économiquement notre pays, s’est laissé corrompre par les pions serviles aux ordres du totalitarisme soviétique de Moscou et a laissé le monstre hitlérien agir librement en Europe. Beau bilan que celui du Front populaire qui demeure une référence majeure dans l’histoire de la gauche.

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Eric de Mascureau
Chroniqueur à BV, licence d'histoire-patrimoine, master d'histoire de l'art

Vos commentaires

21 commentaires

  1. Front populaire ? Il serait tout aussi utile de rappeler ou d’instruire les plus jeunes en ce qui concerne l’Union de la gauche en 1981, qui marque le début de la fin pour la France.

  2. le wokisme fini par dégouter même ceux de gauche!
    la « montée de l’extrême droite » ne se résume pas a un pourcentage obtenu par un parti mais il est le signe d’un raz le bol de l’incurie, l’incapacité, l’inaptitude, la nullité de macron et sa bande d’incapables, et le raz le bol d’une gauche corrompue, vendue, soumise a l’islamisme, au wokisme et a la fachosphère de G. Car face aux accusations systématique de la gauche il faut leur rappeler que dans le passé proche et lointain, la gauche a toujours fait pire que la droite: lenine, staline, mao, pol pot ont individuellement plus de morts sur la conscience que hitler lors de la guerre de 39. Et en plus ce sont des gens de leur peuple: comme a la révolution française!

  3. OUi en plus de front on a eu le sabotage d’usines d’armement après la signature du pacte germano-soviétique…Mais pourquoi aller si loin dans le passé ? Avons nous oublié les résultats de la fameuse union des gauches de Mitterrand ?

  4. Le véritable bilan du Front Populaire est inconnu de la plupart des Français tant l’Histoire enseignée est depuis toujours adaptée au profit de la gauche, ne retenant que les avantages sociaux et les congés payés pour masquer une politique qui a conduit lamentablement au désastre de juin 1940!
    Une nouvelle alliance de ce type à gauche pourrait compromettre le succès d’une droite bien partie pour rester éclatée, dont la stupidité ferait passer notre pays à côté d’une facile résurrection !

  5. N’oublions pas que le Front populaire c’est : Daladier (future carpette devant Hitler) et les pleins pouvoirs à Pétain (futur «pétainiste »…),
    Cette extrême gauche ne connaît même pas sa propre histoire !

  6. Si le front populaire c’est l’alliance, sans hésitation aucune, avec la fange qui soutient le hamas et prône, pratique même, l’antisémitisme, j’ai mal, très mal à ma France ! Et dire que cette alliance ne semble perturber ni nos humanistes, ni nos droits de l’hommistes, ni notre presse de gôôôôche, même pas Apathie notre bouffeur de homard national !

  7. La grande victoire de la bande à Blum, Daladier et Gamelin , c’est la défaite éclair de 40.

  8. Ce n’est pas l’assemblée issue de ces élections qui a voté les pleins pouvoirs à Pétain ? D’où l’équation Front Populaire = Pétain….

    • Eh oui, comme me faisait remarquer mon excellente épouse, Front Populaire …? Ça vous a un petit relent pétainiste, non ? De quel gouvernement le Maréchal Pétain a-t-il été ministre de la guerre ? Et puis, d’où est issue la chambre qui, après s’être enfuie à Bordeaux, s’est défaussée de ses responsabilités en donnant les pleins pouvoirs au vieux Maréchal de 84 ans (!) afin d’arrêter le massacre et signer l’armistice dont un certain colonel — nommé général à titre provisoire pour devenir secrétaire d’État –, réfugié en Angleterre a pu dire le 15 décembre 1941 au général Odic, venu le retrouver à Londres « N’avouez jamais que l’armistice ne pouvait être évitée » ! Ça fait donc un peu pétainiste, le Front Populaire, non ! Quelle Horreur ! Les heures les plus sombres …, inadmissible !

  9. Quand j’entends et que je vois les manifestations violentes et les slogans de la gauche mélenchoniste refusant dans la rue le résultat des urnes il est certain que le fascisme a bien changé de bord. Espérons, cette fois-ci que les électeurs ne se laisseront pas impressionner et qu’ils iront au bout de leurs légitimes convictions républicaines..

  10. La gauche est bien partie pour gagner les législatives parce qu’ils ne sont d’accord sur rien mais sont capables de s’unir pour présenter des canditatures uniques ce qui est l’assurance de gagner dans le scrutin majoritaire à deux tours.

  11. Excellente remise à plat explicative d’un épisode dont on nous a tant rebattu les oreilles (au lycée et même en première année de sciences po) en glorifiant les congés payés et la  » liberté-égalité » pour les pauvres…Comme pour la révolution française, quoi : Un fiasco à longue et lourde échéance.

  12. Pour faire court , c’est belle et bien la gauche en sont entier qui est responsable de par sont antimilitarisme de la monter d’Hitler ainsi qu’a la seconde guerre mondial.
    Pas question qu’elle revienne au pouvoir.

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