[HISTOIRE] Quand une nouvelle majorité obligea le Président à quitter l’Élysée
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La célébration du 80e anniversaire du Débarquement a presque complètement fait oublier le centenaire d'un événement important de l'Histoire politique et institutionnelle française du XXe siècle : la victoire du Cartel des gauches, en mai 1924, qui poussa le président de la République de l'époque, Alexandre Millerand, à démissionner, le 11 juin 1924. Certes, c'était il y a longtemps et deux Républiques en arrière, mais l'événement fut historique : un conflit entre deux légitimités politiques prit l'allure d'un bras de fer et se solda par la démission contrainte du président de la République.
La campagne du Cartel des gauches lors des législatives des 11 et 25 mai 1924 s'était, en partie, construite sur l'hostilité au Président élu en 1920, qui s'était lui-même engagé contre la gauche et défendait la présidentialisation du régime. Le bras de fer était alors inévitable entre Édouard Herriot, inventeur et leader du Cartel, poussé par ses troupes, et le Président Millerand. On a souvent sous-estimé, dans l'historiographie, la dimension de crise institutionnelle de cet épisode de quelques jours. Pourtant, la consultation de la presse de l'époque confirme que ce fut bien le cas. Le Petit Parisien du 6 juin 1924 titrait ainsi : « M. Millerand offre le pouvoir à M. Herriot - M. Herriot soulève la question présidentielle - M. Millerand répond qu'elle ne peut pas se poser - M. Herriot refuse de former le cabinet. » Et La Croix parlait de « coup d'État ». La démission de Millerand intervint le 11 juin. Il fut remplacé par Gaston Doumergue, élu le 13 juin par le Sénat et la Chambre des députés réunis en Assemblée nationale, qui nomma immédiatement Édouard Herriot président du Conseil. La crise était terminée.
Il y avait eu un précédent célèbre : la démission de Mac-Mahon, en 1879, également en conflit avec la nouvelle majorité de gauche, élue trois ans plus tôt. Si cet épisode semble aujourd'hui oublié, il a néanmoins façonné plus ou moins consciemment l'imaginaire et les réflexes politiques jusque sous la Ve République. À gauche, évidemment, puisque la victoire du Cartel fait partie de sa légende dorée, avec 1936 et 1981. L'échec du Cartel des gauches, dès 1925, inspira par exemple le livre de Jean-Noël Jeanneney, en 1977, au titre révélateur : Leçon d'histoire pour une gauche au pouvoir. La faillite du Cartel (1924-1926). Auquel répondit en écho, en 2015, celui de Jean-Étienne Dubois, tiré de sa thèse : Leçon d'histoire pour une droite dans l'opposition ? Les mobilisations de droite contre le Cartel des gauches dans la France des années vingt. Dans la liste des critiques de ce qu'il appelle « la droite anticartelliste » née à cette occasion, cette crise institutionnelle pesa peu, les journaux et courants de droite hostiles au Cartel préférant l'attaquer sur le fond de sa politique (financière, scolaire et religieuse, étrangère).
Pour Alexandre Millerand, ce fut la fin d'une carrière politique bien remplie, qui avait évolué de la gauche vers la droite. Une biographie récente a tenté de réhabiliter « le grand oublié du roman national, à la différence de ses amis, Clemenceau, Poincaré, Briand ou Jaurès ».
Ces événements étaient un peu remontés à la surface de l'actualité, chaque fois que, sous la Ve République, se profilait une divergence de couleur politique entre le Président élu pour sept ans et une Assemblée pour cinq. On en parla en 1978, mais la droite conserva la majorité ; et surtout en 1986, où Mitterrand, Président socialiste vaincu par une majorité de droite, inventa avec Chirac la cohabitation. Nouvelle pratique institutionnelle qui se réédita en 1993 et en 1997 et qui aboutit à l'adoption du quinquennat, en 2001, censé éviter ce conflit de deux légitimités au sommet de l'État.
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31 commentaires
Si les listes soutenant le gouvernement étaient minoritaires, celui n’aurait plus de légitimité.
Il conviendrait de dissoudre l’AN. Mais pour cela, il faudrait être en démocratie.
C’était il y a longtemps, du temps où les hommes politiques avaient de l’honneur. Et surtout c’était une élection nationale. Mais les européennes ne deviennent-elles pas des élections nationales?
C’est un scrutin national à un tour, plus significatif en fait qu’une consultation à deux tours avec alliances et désistements
Millerand, Mitterrand, sacré différence tout de même. Un a respecté le peuple, l’autre s’est accroché comme un crabe pendant quatorze ans avec au bout un cancer. Nous vivons une bien triste époque où la Plèbe n’est plus respectée. Encore trois ans à tenir.
En attendant une bonne claque le 9 juin 24, Oufff !
A cette époque, les hommes politiques avaient encore le sens de l’intérêt du pays et même, contrairement à aujourd’hui, un peu d’honneur. Mais ça, c’était avant l’apogée des machiavel.
Même si ce soir une excellente nouvelle tombait…jupiter ..ne voudrait pas démissionner…la place est trop bonne dans tous les domaines ..et ainsi il nous démontrerait qu’i est le meilleur ..et partirait en guerre..se vengeant ainsi des gueux qui ne comprennent rien .
Ne comparons pas ce qui n’est pas comparable. Actuellement, face à un RN durablement à 28/32%, les « dominants » européistes et mondialistes au pouvoir préparent le remplacement de Macron avec l’opération « centre gauche » Gluksman, son rapprochemenet avec la « macronie sans Macron » et une large part de LR qui frétillent d’avance. Mélenchon est ramené à son niveau de 10%, et Zemmour bien instrumentalisé pour limiter l’essor du RN …Il leur suffira de sortir un « Homme Nouveau » qui, à mon sens, ne sera pas Philippe même s’il a recherché l’adoubement du « Bilderberg ».
C’est un point de vue qui se tient.
Je ne pense pas que Macron envisage jamais de démissionner. Il lui faudrait autrement plus de cran qu’il n’en a pour le faire et il souffre d’un tel hubris que jamais il n’acceptera la moindre remise en cause de sa supériorité fantasmagorique. L’honneur n’est pas son truc, ce serait plutôt « un truc en moins ».
Il faut faire comme pour Louis XVI, bien que ce pauvre Roi était quelqu’un de très bien, mais comme toujours, les français éliminent toujours les bons et les valeureux et portent aux sommet les nullités.
Et bien les temps ont changé…
Adhérent de Reconquête, j’ai un certain nombre de désaccord avec le RN. Mon soucis n’est pas de limiter l’essor du RN, mais d’éradiquer ce mal absolu qu’est la montée de l’Islam en France. Cette religion n’est pas compatible avec notre pays et notre civilisation. Bref, je ne me sens pas obligé de participer à un référendum pour ou contre Macron, en votant RN.
En 69 de Gaulle battu sur un referendum-prétexte démissionna aussi alors qu’il disposait d’une énorme majorité au Parlement. Le scenario plausible est : 1/ censure 2/ dissolution 3/ débâcle législatives (50% de députés en moins) 4/ cohabitation impossible et nvlle censure 5/ démission ou destitution 6/ départ à l’étranger (Banque mondiale ?) 7/ début des procédures judiciaires et ‘ sarkozysation ‘
Ne rêvons pas, la gauche ne va pas céder la place, ça ne fonctionne pas dans ce sens…
Et prochaine présidentielle, si le résultat ne convient pas à certains : des émeutes !
On en vient à espérer que l’histoire se répètera bientôt …..
Simplement faire remarquer et observer que chaque fois que la gauche socialiste (pléonasme) est arrivé au pouvoir , les guerres sont nées 14/18 ;39 45 , bientôt 2024 / ? . Le Macron doit avoir décidé qu’il pouvait retrouver de l’Ora en faisant le maximum pour qu’il y ait la guerre et que lui bien planqué brillerait pour un ou deux ans de début d’une quarantaine glorieuse alors qu’il serait ,encore en vie ,diminué ,sénile ,encore moins crédible qu’aujourd’hui et ça n’est pas peu dire , ce traître assassin de la France
il a vraiment la grosse tête.
Ne rêvons pas même en cas de victoire écrasante de la droite…
Vous rêvez d’élections législatives anticipées provoquées par une large victoire de la « droite » (le RN) aux élections européennes. Emmanuel Macron sera votre briseur de rêve. Il vous ramènera à la réalité de nos institutions.
Comparaison n’est pas raison. De même que le conflit russo-ukrainien ne peut se comparer, en matière de péril pour notre nation, à la menace allemande, à notre frontière, dans la période qui précède 39, nous ne pouvons faire un parallèle entre une victoire écrasante du RN au élections européennes, avec la victoire du cartel des gauches aux élections législatives.
»Il (Macron) vous ramènera à la réalité de nos institutions » ? Lisez donc la constitution : c’est cela »la réalité de nos institutions » ! Sans majorité, il devra sans cohabiter ou partir
Le cartel des gauches ruina la France en quelques mois. Mais ça c’est sa spécialité. Elle pris également une décision funeste que nous continuons de payer aujourd’hui, à savoir l’emploi garanti dans la fonction publique. Ainsi que l’a rappelé l’excellent journaliste Dimitri Pavlenko sur CNews, lorsque l’Etat embauche un fonctionnaire, il s’engage, grosso modo, sur une dépense contrainte pendant environ 70 ans minimum !!! Environ 40 ans d’activité, entre 25 et 30 ans de retraite, puis pension de reversion au conjoint survivant soit 10 ou 15 ans. Autrement dit, il est strictement impossible de réduire les dépenses de l’Etat sauf à provoquer une révolution. à titre d’info, Macron s’était engagé à réduire de 150 000 le nombre de fonctionnaires pendant son mandat lorsqu’il est arrivé au pouvoir en 2017. C’était certes très insuffisant compte tenu de la gravité du problème, mais cette intention allait dans le bon sens. Résultats 7 ans plus tard ? Macron a embauché 120 000 fonctionnaires, dont 60 000 rien qu’en 2023. Jeunes Français, si vous ne voulez pas travailler toute votre vie pour le Léviathan de Bercy, fuyez ce pays devenu fou et allez chercher fortune là où on ne spoliera pas votre travail et votre épargne pour engraisser des bureaucrates aussi improductifs que nuisibles.
Merci pour ces explications ,cependant je n’encouragerais jamais un jeune à quitter notre pays ,nous devons nous battre pour la France de demain,à commencer par les élections européennes !
En tant que fonctionnaire retraitée, je ne pense pas avoir été une nuisible, ni une improductive, j’ai toujours fait le maximum pour servir le service public, j’ai toujours été proche des justiciables, à leur écoute malgré quelquefois la pression de ma hiérarchie, je leur rétorquai, à chaque fois, que derrière un dossier, il y avait un être humain avec son histoire et que mon rôle était de le respecter quel qu’il soit .
Un mot que j’exécrais : la rentabilité. Ce n’est pas le rôle du service public mais je concède qu’il y ait des fonctionnaires inefficaces, bornés mais cela existe aussi partout même dans le privé
Merci Madame, vous avez raison de faire remarquer, que dans la fonction publique il y a beaucoup d’agent sérieux.
Pendant que l’Ukraine gagne chaque jour, dans les médias, cette guerre qu’elle est en train de perdre, la France doit prendre ses marques: Sic omnia Vanitas !
Quelques “mirages” pour le fauteuil de la Commission ?
Non pas !
Pour notre actuel locataire de l’Elysée ce sera simplement le futur fauteuil de l’Europe.
Rien de moins ?
Bien évidemment que c’est pour cela qu’il se démêne le traitre !