[HISTOIRE] Septembre 70 : l’anéantissement de Jérusalem

@Paolo Villa/Wikimedia commons
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Il y a presque deux milliers d’années, le peuple juif rentrait en rébellion contre son oppresseur, la toute puissante Rome. Cependant, au terme de quelques années de lutte courageuse, cette révolte s’est achevée dans le sang et les cendres, en 70 après Jésus Christ, par l’anéantissement de la ville sainte de Jérusalem et du Temple.

Un royaume dominé et divisé

En 63 avant Jésus Christ, sous la République romaine, les royaumes de Samarie et de Judée sont conquis par l'un des membres du triumvirat qui règne sur Rome : le général Pompée le Grand. Ce dernier transforme alors ces territoires conquis en des états vassaux et alliés de Rome. En -37, un certain juif nommé Hérode, avec l’appui des romains, réussit à renverser l’ancienne dynastie régnante des Asmonéens et à prendre le pouvoir. Devenant roi, il reste néanmoins méprisé par une partie de ses propres sujets en raison de sa cruauté. En effet, ces derniers, prenant au fil des années le nom de Zélotes, restent fidèles à la promesse faite par Yahvé à Abraham qui leur confia la terre d’Israël : « À toi et à ta race après toi, je donnerai le pays où tu séjournes, tout le pays de Canaan, en possession à perpétuité » (Genèse 17:8). Cependant, tous ne s’opposent pas à Rome, comme le Sanhédrin ou les pharisiens, qui s’accommodent même de la présence de l’occupant en Judée avec lequel ils n’hésitent pas à collaborer parfois. Seulement, un esprit de liberté, d’indépendance et de résistance encouragé par les Zélotes, s’empare du cœur de plus en plus de juifs qui, pendant plus d’un siècle, vont attendre l’heure de la renaissance d’Israël.

L’embrasement de la révolte

En 66 après Jésus Christ, un procureur romain du nom de Gessius Florius malmène les juifs par ses décisions injustes et cupides. Un jour, commettant un geste de trop, le romain provoque la colère des Zélotes qui déclenchent une violente révolte et déclarent à tous les habitants de la Judée que l’heure de la libération d’Israël est venue. Les nombreux rebelles sont alors menés par plusieurs chefs comme Jean fils de Lévis, Éléazar fils de Simon et par Simon fils de Giora. Ces derniers, à l’aide de milliers de juifs, réussissent à s’emparer de Jérusalem en chassant les romains et en massacrant leur partisans comme les grands prêtres du Temple. Cependant, Rome ne se laisse pas faire et envoie en l’an 70 le fils de l’empereur Vespasien, le général Titus, en Judée. Celui-ci mène une violente répression contre les juifs qui, par crainte, se réfugient à Jérusalem. La ville alors est un puissante forteresse gardée, selon l’historiographe Flavius Josèphe, par 23 400 rebelles abrités derrière trois séries d’imposants remparts, sans compter la population déjà existante s’élevant à 80 000 âmes. Décidé à faire le siège de la ville sainte, Titus encercle à l’aide de ses quatre légions Jérusalem en avril 70 afin de réduire à néant cette intolérable opposition au pouvoir de l’Empire.

La fin de la rébellion

Le fils de Vespasien réussit au bout de quelques mois à s’emparer successivement des séries de remparts qui défendent les différents quartiers de Jérusalem. Au mois d’août 70, les romains, au terme de nombreux combats, finissent par s’emparer du Temple. Malgré les ordres de Titus de ne pas saccager ce lieu saint d’une grande beauté, un incendie est déclaré et détruit à jamais ce monument sacré. De ce dernier, il ne reste aujourd’hui que l’esplanade, sur laquelle les musulmans ont construit bien plus tard la mosquée al-Aqsa en 637 et le Dôme du Rocher en 692, ainsi un morceau de l’ancien mur d’enceinte, le Mur des Lamentations.

En septembre 70, les derniers combattants juifs de Jérusalem sont vaincus. Titus fait alors raser une partie de la ville, réduit en esclave les survivants et fait exécuter certains meneurs comme Simon, fils de Giora. Rome détruit le royaume de Judée et le réduit à l’état de province afin que nul n’oublie le terrible sort de ceux qui osent la défier. Les fils d’Abraham, d’Isaac et de Jacob subissent ainsi une nouvelle diaspora. Ils devront alors attendre 1948 pour que le souhait des Zélotes de voir un nouvel Israël indépendant et libre puisse s’accomplir, un rêve toujours en péril aujourd’hui.

Eric de Mascureau
Eric de Mascureau
Chroniqueur à BV, licence d'histoire-patrimoine, master d'histoire de l'art

Vos commentaires

19 commentaires

  1. Excellent article, dans le détail de l’histoire. Mais ce ne sont pas du tout les Romains qui ont chassé les Sémites Juifs de « Palestine ». Une situation très temporaire et qui avait été précédée par des antécédents comme la déportation vers Babylone. Ce sont les Sémites Musulmans qui ont chassés les Sémites Juifs pour 1300 ans (650-1950). En Bref c’est le Coran contre la Bible Hébraïque. On y est toujours.

    • Où trouvez-vous vos sources aux contenus bizarres ? Car le nom « Palestine » n’ a été attribué au royaume de Juda par les Romains qu’après avoir détruit Jérusalem et avoir « copieusement » déporté les Juifs hors du pays. Bien sûr il en est resté une minorité qui n’a pu repousser les envahisseurs successifs. De plus mettre votre façon de mettre les « sémites » dans le même sac a une consonance douteuse

  2. Oui, merci pour ce moment d’histoire. Il aurait pu être utile d’y adjoindre quelques récits bibliques pour mieux comprendre les événements de la destruction de Jérusalem et de son temple magnifique. Le Christ avait prophétisé tout cela. Ces choses devaient se produire, non premièrement du fait de l’hégémonie romaine, mais de l’apostasie d’une grande majorité du peuple juif d’alors.
    La fin d’une ère était ainsi arrivée, celle d’un culte largement constitué de rites (notamment les sacrifices d’animaux), culte qui deviendrait, selon les paroles mêmes du Christ, une adoration en esprit et en vérité. Le Christ et son peuple (c’est-à-dire l’Église qui rassemble les croyants israélites et les croyants des nations) seraient dorénavant le temple de Dieu, la Jérusalem céleste.

    • En déclarant cela , je crois que vous vous engagez beaucoup et que vous ne commettiez une grossière erreur. Il faut avoir vécu avec eux, avoir vu leurs militaires sur le terrain, à l’étranger, en l’occurrence au Liban pour pouvoir porter un jugement.

  3. En 1947 le navire Exodus quitta le port de Sète avec des milliers de Juifs pour la plupart rescapés des camps de la mort nazi. Certainement empli de l’espoir de retrouver leur terre promise, il ne devaient probablement pas se douter que tout comme leurs ancêtres la guerre serait au rendez-vous. Depuis ils affrontent chez eux un ennemi bien plus belliqueux et nombreux que les romains.

    • Le terme « sémite » ne veut rien dire quand on se mêle de parler de peuples. Il n’a aucun rapport avec l’ethnie et la génétique. Il appartient au domaine linguistique, et c’est une terminologie factice développée par des philologues allemands du XVIIIe siècle qui ont malheureusement empoisonné l’étude des langues levantines (et non « sémitiques »), en créant une classification et un « arbre des langues » totalement fallacieux, mais repris partout.
      La construction étymologique du mot « antisémite », qui n’a été utilisé que vis-à-vis des Juifs, est impropre car l’adjectif sémite désigne en réalité les peuples parlant les langues sémitiques originaires du Moyen-Orient et du nord-est de l’Afrique, et non une ethnie particulière.

      • Bien au contraire, le terme sémite nous apprend que les cinq fils de Sem (Elam, Assur, Arpacshad, Lud et Aram ) ont eu des descendances groupés par clan , langue dans leurs territoires et « nations ».

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