Hong Kong : une leçon à retenir pour les gilets jaunes, les chrétiens et tous les autres

Honk-Kong

À l'heure où la Chine masse ses blindés près de Hong Kong et où nul ne sait comment va évoluer l'affrontement, petit retour sur ces manifestations des Hongkongais depuis deux mois, d'abord contre la loi d'extradition, puis, désormais, contre les violences policières et pour obtenir des élections. Tout le monde aura remarqué combien cette mobilisation monstre de millions de Hongkongais a bien moins intéressé les médias que les manifestations anti-Trump ou anti-Poutine, nettement moins fournies. En France, après une année marquée par la mobilisation des gilets jaunes, on aurait eu quelques raisons de s'y intéresser davantage.

Je vous entends déjà crier : « Mais non, rien à voir ! » En effet, Emmanuel Macron n'est pas un dictateur communiste. Mais, du point de vue de la longévité du mouvement, de sa plasticité et, surtout, des violences policières et du désir du pouvoir de vaincre par la force, il y a bien ressemblance. Qui explique certainement, outre la prudence diplomatique face au géant chinois, le silence d'Emmanuel Macron sur ces événements.

Mais il y a une différence plus profonde avec la révolte des gilets jaunes, ou plutôt deux, et qui ne sont pas sans rapport.

D'abord, le soutien total, quasiment unanime de la population. Face à la menace de « normalisation » chinoise qui réduirait considérablement ses libertés, sans pour autant atténuer les inégalités criantes, toute la société, classes populaires et classes moyennes, qui subissent déjà les mêmes difficultés économiques, de logement en particulier, ont réagi comme un seul homme. C'est tout un peuple qui s'est soulevé.

Ensuite, la dimension « spirituelle » de la révolte. Dès le mois de juin, ce sont des cantiques chrétiens qui deviennent le chant de ralliement des manifestants : « Sing Hallelujah to the Lord ». Des pancartes fleurissent, pleines d'humour et de force : « Arrêtez les matraques, sinon on chante Alléluia au Seigneur. » Des veillées de prières sont organisées dans les différents points chauds. Des évêques s'engagent. Et il est vrai que les Églises chrétiennes, qui savent bien tout ce qu'elles ont à perdre avec la mise au pas voulue par Pékin, ont joué un rôle important dans la contestation, notamment avec les incertitudes nées de l'accord, en partie secret, entre le Vatican et la Chine l'an dernier au sujet de la nomination des évêques en Chine. Mais il y avait également dans ce peuple désireux de préserver sa liberté, et qui sait bien ce qu'il advint des manifestants de Tian'anmen il y a trente ans, l'intuition que le combat contre le colosse chinois se joue aussi sur ce plan-là.

Dire cela, c'est dire tout ce qu'il a manqué aux gilets jaunes. Tout ce qu'il manque aussi, bien sûr, à la société et à la culture qui les a engendrés, tout ce qu'il nous manque : un fondement spirituel. Qui peut paraître superflu quand tout va à peu près bien. Et qui se révèle indispensable quand les choses se gâtent. Pour un peuple comme pour un individu.

Mais comment ne pas voir, aussi, que rien n'est perdu quand, dans ce Hong Kong temple de la finance, que l'on aurait pu croire tout entier adonné et abandonné à la consommation, au gigantisme, à l'argent, et où les chrétiens ne représentent qu'à peine 10 % de la population, entre les gratte-ciel démesurés, des millions de voix ont repris « Chante Alléluia au Seigneur » ?

Les images sont saisissantes et devraient donner à méditer en France, avant le 15 août, non seulement aux gilets jaunes, aux chrétiens, mais aussi à tous les Français.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 18:06.

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