Houellebecq, le recteur de la grande mosquée de Paris et les difficultés de l’exégèse

recteur grande mosquée

C’était le 19 octobre dernier. Le président de la République était venu prononcer un discours devant un aréopage des plus républicains sous les arcades de la grande mosquée de Paris à l’occasion de la célébration de son centenaire. L’occasion, pour Emmanuel Macron, de s’extasier devant le travail des artisans qui, à l’époque, avait su déployer pour son édification « toute la palette des arts de l'islam », reflet de « la diversité de la communauté musulmane de France, la plus nombreuse du monde occidental ».

Le laborieux sermon présidentiel consacré aux bienfaits du vivre ensemble s’était achevé sur un panégyrique adressé au recteur de la grande mosquée, Chems-Eddine Hafiz à qui, ce jour-là, il remettait les insignes d'officier de la Légion d'honneur. Emmanuel Macron avait évoqué son parcours professionnel : avocat pénaliste au barreau d'Alger, qui avait choisi de ne rien céder « aux obscurantismes », puis conseiller juridique de la grande mosquée. « Avant de la diriger, vous avez commencé par plaider en son nom et avant d'être à sa tête, vous avez d'abord été sa voix », avait rappelé le Président.

Parmi les faits d’armes judiciaires de Hafiz Chems-Eddine, Emmanuel Macron aurait pu citer des poursuites contre Michel Houellebecq en raison de propos tenus sur l’islam dans des magazines. « La religion la plus con, c'est quand même l'islam. Quand on lit le Coran, on est effondré... effondré ! », avait déclaré l’écrivain dans Lire, en septembre 2001. L'année suivante, les magistrats de la 17e chambre du tribunal correctionnel avaient finalement relaxé Houellebecq, considérant que si « haine » il y avait, celle-ci visait l’islam et non les musulmans. Une décision de justice qui avait « extrêmement déçu » la grande mosquée de Paris, selon Hafiz Chems-Eddine en tant qu'un des avocats de l'institution.

Autre déception avec un procès intenté en 2006 à Charlie Hebdo concernant l'affaire des caricatures de Mahomet. Parmi elles, un dessin de Cabu montrait un prophète consterné avec le commentaire suivant : « C'est dur d'être aimé par des cons. » À l’époque, Jacques Chirac avait dénoncé une « provocation manifeste ». Les magistrats de la 17e chambre avaient également prononcé une relaxe^au prix de subtiles interprétations, notamment en distinguant le fait de s’en prendre aux « intégristes » ou aux « musulmans ».

En 2015, un attentat islamiste contre le journal satirique avait fait douze morts et onze blessés. Cinq ans plus tard, un procès s’était ouvert à Paris. Dans les colonnes du Figaro, Chems-Eddine Hafiz, devenu entre-temps recteur de la grande mosquée, s’était alors fendu d’une tribune. Le ton n’était plus celui du pénaliste de 2002 mais plutôt du contorsionniste cherchant, après le drame, à justifier ses attaques judiciaires passées. En réalité, la grande mosquée de Paris n’avait à aucun moment été animée par la volonté « d’interdire l’irrévérence, de condamner le blasphème ou de censurer des caricaturistes ». Pas du tout, la vraie raison était tout autre : « Notre action visait, avant toute chose, à couper l’herbe sous les pieds des milieux extrémistes et à canaliser le débat vers les prétoires afin qu’il n’ait pas lieu dans la rue. » On avait donc mal interprété sa démarche à l’époque.

C’était comme cette histoire, en août dernier, après que l’écrivain Salman Rushdie s'est fait poignarder lors d'une conférence aux États-Unis. Hafiz Chems-Eddine avait publié un tweet reprenant un hadith islamique : « Les croyants se prosterneront alors que les mécréants ne le pourront guère, leur dos restera raide et lorsque l'un d'eux souhaitera se prosterner, sa nuque partira dans le sens inverse comme faisaient les mécréants dans ce monde, contrairement aux croyants. » Face aux réactions, le message avait été rapidement effacé. Contactée par Marianne, la grande mosquée de Paris avait invoqué « des problèmes de traduction » et indiqué que le recteur avait « décidé de réorganiser son équipe "réseaux sociaux" afin d’éviter que des mots ou des phrases tirés de leur contexte ne soient détournés pour porter préjudice au message de tolérance et de fraternité de la grande mosquée de Paris ». Une fois de plus, on avait mal interprété.

En revanche, pour ce qui est de Michel Houellebecq et de ses propos tenus récemment dans la revue Front populaire, pas question, cette fois-ci, de reconnaître des problèmes de « contexte » ou d’interprétation. Non, retour à une exégèse littéraliste. Terminé, aussi, le droit à l’irrévérence. Direction le tribunal correctionnel car, comme l'indique le communiqué de la grande mosquée, « c’est maintenant la stricte application de la loi qu’il y a lieu de demander ».

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Frédéric Martin-Lassez
Chroniqueur à BV, juriste

Vos commentaires

57 commentaires

  1. Je suis entièrement d’accord avec Houellebeck , et il n’est pas le seul écrivain depuis des s!ècles à écrire cela , voir Bossuet, Chateaubriand, Condorcet , Flaubert , Montaigne , Montesquieu, Tocqueville, Renan, Vigny, Voltaire, Malraux, De Gaulle, de Maistre,

  2. Hé hé !… Nous avons des lois faites pour être appliquées par des citoyens honnêtes et sensés. Mais celles-zé-ceux qui veulent détruire la Nation France savent parfaitement les interpréter de façon fallacieuse et les retourner contre les honnêtes citoyens qui n’auraient jamais pensé qu’elles puissent être ainsi détournées. Triste constat qui met en lumière la crédulité de nos dirigeants qui, depuis des années n’ont pas eu une once de soupçon à l’endroit de celles-zé-ceux qui ne cessent pourtant pas de démontrer leurs sombres desseins.

    • « crédulité de nos dirigeants » ? mais non: dhimmitude, trouille et prévarication. ils savaient mais ils n’ont rien fait ( on a quand même des services de renseignement ! )  » Après moi le déluge » ,et tant pis pour nos gosses…

  3. Ou comment interpréter la loi pour museler toute critique de l’islam qui comme chacun le sait est une religion de paix et de tolérence, voir le nombre de morts en Fraznce par attentat islamiste, Benoit XVI mort, je cherche le nombre d’attentats Chrétiens contre des musulmans.

    • Il suffit de faire l’effort d’ouvrir leur fameux livre enluminé et d’essayer de comprendre les horreurs écrites dedans et qui guident toutes leurs exactions…
      Benoit au ciel ( et pas  » mort »), attendons et espérons son signal pour relancer la 9ième croisade. Manque plus que des militaires « éveillés » , hein ?

  4. Du coup, au sujet du hadith de Hafiz, on pourrait avoir la traduction non-erronée pour qu’on se fasse une idée du « message de tolérance » dont il s’agit ?

  5. Pourquoi tous les attentats, en France depuis des années, sont le fait de musulmans si l’islam est (soi-disant) une religion de paix et d’amour ? tuer les mécréants n »a rien de pacifique.

    • La loi de 1905 n’est pas constitutionnelle, on peut donc la modifier ou l’abroger. C’est aux Français à s’exprimer, mais……

  6. Il faut dire au recteur que si le pays n est pas encore en guerre c est parce que les français encaissent , ils laissent leurs enfants se faire egorger et leurs femmes et sœurs se faire violer , mais ça va sûrement pas durer éternellement, alors qu il calme ses ouailles , qu il balaye devant sa porte avant que ce pays ne se transforme en gigantesque charnier car il n y a pas pire que des moutons enragés

  7. Nos politiques sont déjà soumis. Où en est on de l’affaire du « Quatar gate »? C’est bizarre, on en entend plus parler.

  8. Oui Bertie, le coran est un programme de politique générale. Il est suprémaciste, raciste, sexiste, esclavagiste. Non Bertie, « ils » n’ont pas 700 ans de retard. Apparue, envion, 630 années après la naissance du Christ, la doctrine n’a pas changé d’un iota, et ses adorateurs non plus, 1 400 ans plus tard. L’islam, c’est le dromadaire et la chèvre, le téléphone mobile en plus. Tu parles d’un progrès.

  9. Si les musulmans sont si pacifiques ,pourquoi tant de gens ont peur de les offenser ?…………. Si les judéo-chrétiens ( ou encore « face de craie  » ) sont si dangereux ,pourquoi personne n’a peur de les offenser ?

  10. Dommage que leur livre ne soit pas envoyé devant les tribunaux, un livre de haine envers les gens qui ne pensent pas comme eux. Entre ce prédicateurs et ceux d’Iran ou du Qatar, il n’y a aucune différence, aussi hypocrite les uns comme les autres. Je répète que l’islam n’est pas une religion, c’est une théocratie totalitaire, ils ont 700 ans de retard sur l’évolution du monde. Je rappelle que la terre est plate, c’est ce qu’a écrit Mahomet sous la dictée de son dieu donc c’est intengible.

    • Oui Bertie, le coran est un programme de politique générale. Il est suprémaciste, raciste, sexiste, esclavagiste. Non Bertie, « ils » n’ont pas 700 ans de retard. Apparue, envion, 630 années après la naissance du Christ, la doctrine n’a pas changé d’un iota, et ses adorateurs non, 1 400 ans plus tard. L’islam, c’est le dromadaire et la chèvre, le téléphone mobile en plus. Tu parles d’un progrès.

  11. Michel Houellebecq que je ne connais que par ses écrits me conforte dans mon idée que bientôt on ne pourra sortir armé pour aller faire ses courses. Les bonnes âmes qui innocentent les musulmans assassins ne se sentent pas concernées,pour le moment, par la guerre civile qui sévit tous les soirs dans les quartiers difficiles (« musulmans ») de nombreuses, très nombreuses ,villes françaises. Quand elles devront faire allégeance à « allah » avant de sortir , on en reparlera mais je crains que ce ne soit trop tard ! Tant pis pour elles! alala !

  12. L’institut musulman de la mosquée de Paris, par un communiqué, s’est indigné, mercredi 28 décembre, des propos tenus par Michel Houellebecq dans la revue Front populaire de Michel Onfray. Et nous, le peuple FRANCAIS, n’avons-nous pas très souvent et depuis longtemps, matière à être INDIGNES de ce que nous subissons des peuples de votre propre ETHNIE Mr le Recteur de la mosquée de Paris ???????

  13. Y a que la vérité qui fâche, douloureux en effet de mettre tous ceux qui font l autruche face à la brutalité de l islam responsable de milliers de morts en France, ceux qui qui tuent en masse sont tous issus de cette religion et clament haut et fort qu’il le font au nom de leur dieu, après même en rusant et plaidant leur bonne foi ,difficile de contester les faits qui sont durs et implacables

    • Et les propos de Michel Houellebecq sur ce qui risque de se passer en France n’ont rien d’insultant. Ils ne sont qu’un pronostic, et si ça ne plaît pas au recteur, qu’il fasse donc un pronostic contraire réaliste. L’Islam apporte la guerre en France, que le recteur ne s’étonne pas que des Français ne prévoient pas de se soumettre.

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