[Humeur] 1.000 euros à une association : le député Rebeyrotte ouvre une ère nouvelle pour la justice en France

Mille euros à une association de déportés : c’est le prix à payer, pour le député de Saône-et-Loire Rémy Rebeyrotte, pris en flagrant délit de salut nazi brandi dans les rangs de l’Assemblée nationale. Rebeyrotte considère en son âme et conscience que son geste vaut mille euros. Pourquoi pas 100 euros ou 10 euros, ou même un seul euro, au moins eût-il été symbolique ? Encore cette peine, le député se l'est-il appliquée lui-même !

Pourtant, on allait voir ce qu’on allait voir, chuchotait l’entourage de la présidence (macroniste) de l’Assemblée. On a vu : Rebeyrotte écope d’un rappel à l’ordre, on lui a tiré l’oreille. Symboliquement, ça va de soi. Pas de maltraitance entre macronistes. C’est la sanction la plus légère du dispositif.

Il est vrai que cela partait d’une bonne intention, ce salut nazi : c’était pour faire du tort au RN. Quand on a décidé d’évoluer dans le camp du bien, le mal, c’est les autres. Il faut ainsi être reconnaissant aux macronistes de nous indiquer l’échelle dans le mal. Le député Ruffin, venu en sweat-shirt à l’Assemblée : plus de 1.300 euros d’amende - un quart de son indemnité parlementaire. Même amende pour Julien Aubert, qui avait osé appeler la présidente de séance « Madame le président », expression pourtant recommandée par l’Académie française. Pour eux, pas de blâme symbolique.

Mais notre ami Rebeyrotte a des excuses. Il voit, lui aussi, des nazis partout, une pathologie courante à gauche. Il en a vu un à l’Assemblée : « un grand gaillard du RN s'est levé en faisant le salut nazi » à l'arrière des travées, a-t-il assuré à l'AFP. Il l’a imité pour lui faire la leçon. Ambiance congrès de Nuremberg au palais Bourbon ? Pas sûr, car « ce grand gaillard du RN », personne d’autre que Rebeyrotte ne l’a vu. On a cherché sous les sièges, gratté dans les vidéos du palais Bourbon, demandé aux témoins : « le grand gaillard du RN » était apparemment en mode furtif... Pffuit, volatilisé ! C’est qu’ils sont malins, au RN. Ils vous font disparaitre un « grand gaillard » député en un clin d’œil, plus vite qu’un cadavre de journaliste dans une ambassade saoudienne ! Rebeyrotte n’a pas eu l’idée d’offrir un an d’abonnement gratuit à Boulevard Voltaire pour qui retrouvera le « grand gaillard du RN ». Dommage ! Le RN, lui, va porter plainte pour diffamation. Si on ne peut plus traiter les représentants du peuple de nazis, où va-t-on ? C’était pourtant simple, comme argument, peu coûteux et cela a fait ses preuves.

On s'amuse mais, l’air de rien, Rebeyrotte aura fait avancer le droit. Il y aura désormais une jurisprudence Rebeyrotte, un nouveau barreau à l’échelle des peines : le don à une association.

Voir des nazis partout ? 1.000 euros à une association antinazie. Voir des milliers de supporters anglais faire les poches du public ? 1.000 euros à un club de supporters britanniques. Allumer un feu dans une pinède ? Mille euros aux œuvres des pompiers. Pétarader façon rodéos urbains au risque d’envoyer des enfants à l’hôpital ? Mille euros à la Mutuelle des motards. Trafiquer de la drogue du matin au soir et du soir au matin ? Mille euros aux associations de quartier. Faire entrer en France des milliers d’immigrés illégaux ? Mille euros à la Sécurité sociale. Avec cet ingénieux système, vous faites l’économie des juges et des avocats : une bénédiction pour le budget de la Justice qui peut disparaître en paix. Cerise sur le gâteau, le coupable affichera le confort d’une conscience plus que propre, récurée et javélisée dans les coins. Une ère nouvelle s'ouvre. Vous verrez, dans quelques années, on dressera une statue équestre à la gloire de Rémy Rebeyrotte.