Il a osé voyager en avion : Jean-Luc Mélenchon entame sa déconstruction

Hier, était évoquée en ces colonnes la furie épuratrice de cette nouvelle religion écologiste et agrémentée de sauce – barbecue ? – féministe. Encore plus vétilleuse que ses lointaines consœurs abrahamiques (judaïsme, christianisme et islam), il ne déplaît pas aux grands clercs de l'écologie d’émettre une fatwa de temps à autre. Dans cette sphère irriguée par le protestantisme américain, seule une contrition assortie d’une confession publique est susceptible d’éventuellement racheter les péchés commis.

C’est ce qui arrive à l’infortuné Jean-Luc Mélenchon, naguère laïc, mais qui n’en finit plus de se prosterner tour à tour devant l’islamo-gauchisme et l’éco-féminisme. Adieu, Grand Orient et marivaudage primesautier d’un Éric Coquerel. Mais comme, devant ces sectes millénaristes, on n’en fait jamais assez, voilà aujourd’hui le Líder Mínimo, en chemise et la corde au cou, réduit à faire pénitence. Au fait, quels sont ses crimes ?

Ne cherchez pas : il a voyagé en avion. Pour sa défense, il assure néanmoins : « J’ai tellement pris l’avion dans le passé. J’ai traversé cinquante fois l’océan Atlantique pour aller en Amérique latine. » Il est un fait que tant qu’il n’y aura pas un tunnel reliant Vieux et Nouveau Continents, à l'image de celui assurant la jointure entre la France à l'Angleterre, l’avion demeurera plus pratique que le train. À moins, bien sûr, de vouloir accomplir ce périple tel que préconisé par Christophe Galtier, l’entraîneur du PSG, en char à voile. Espérant, toutefois, qu’il ne soit pas aussi à vapeur, ce qui pourrait susciter une autre polémique dans la polémique.

Comme si cela ne suffisait pas, le grand gourou d’une France insoumise portant de moins en moins bien son nom ajoute une dernière louche de repentance, plaidant « coupable pour des époques où on ignorait qu’on était des criminels »… Fichtre ! Tout ça pour avoir pris l’avion. Il est vrai que le même a récemment dû se verser un seau de cendres sur la tête, histoire de demander pardon pour s’être rendu en 4x4 à la braderie de Lille.

Certes, le véhicule en question était une Jeep. Mais, à en croire notre homme, toujours soucieux de ne rouler que dans des voitures françaises, la société de location n’avait que ça à lui proposer afin de transporter cinq personnes et un imposant matériel vidéo. De plus, il s’agissait d’un 4x4 hybride rechargeable. La planète était donc sauve. Au fait, depuis quand les citoyens, des plus illustres aux plus humbles, sont-ils obligés de se justifier de tout et en toutes circonstances ?

Pareillement, il semble tout aussi incongru que l’Élysée soit contraint d'engager une contre-offensive médiatique parce qu’Emmanuel Macron a été photographié en Jet Ski™ lors de ses traditionnelles vacances passées au Fort de Brégançon. On peut reprocher tant de choses au président de la République... Mais faire du Jet Ski™, plutôt que du paddle ou du baby-foot, on ne saisit pas forcément l’urgence…

Le culte nouveau est ainsi fait. On se prosterne devant ses idoles ou c’est le pilori direct. Cette justice est d’autant plus expéditive que Sandrine Rousseau, l’une de ses grandes prêtresses, a prévu des peines plancher avant même la moindre récidive : la déconstruction, par exemple, assortie d’un suivi psychologique.

Il est pour le moins paradoxal qu’un Jean-Luc Mélenchon, l’un des premiers à avoir tendu la main à ce millénarisme de gosses de riches et à ce même éco-féminisme puritain, en soit désormais l’une des plus emblématiques victimes. On ne pleurera pas.

Imprimer, enregistrer en PDF cet article