Il est parfois amusant de relire les vieux articles de Libération

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Il est parfois amusant de relire les vieux articles de Libération. Par exemple celui du 5 octobre 2014, intitulé « Slogans : le défilé des contrevérités » sous la plume de Marie-Joëlle Gros et Catherine Mallaval. À la lumière de l’actualité contemporaine, on y trouve la confirmation que la prédiction est un art difficile, surtout lorsqu’elle concerne l’avenir.

Libé publiait donc, il y a bientôt cinq ans, un papier dénonçant les « slogans » de la Manif pour tous. En phrase d’attaque, ceci : « “Après le mariage 'pour tous', voilà la PMA, la GPA, le genre”, annonçait, une fois de plus, le site de la Manif pour tous… […] D’une marche à l’autre, les incantations restent donc les mêmes. » La suite de l’article est dans la même veine, tentant de ridiculiser ceux qui, en 2014, annonçait que la PMA puis la GPA découlaient inexorablement de la loi Taubira sur le mariage homosexuel.

Il fallait être d’une singulière mauvaise foi, et Libération n’en manque pas, pour contester une analyse dont la suite des événements montre le bien-fondé. Le projet de loi sur la « PMA pour toutes », qui sera présenté en Conseil des ministres d’ici la fin de l’été, procède en effet du même principe que la loi sur le mariage homosexuel. L’égalité des droits. Il suffit d’écouter France Info et ses reportages sur le sujet pour s’en convaincre. N’interrogeant que des couples de lesbiennes, la radio publique ne manque jamais de mettre l’accent sur deux arguments aussi éculés que les débats sur la loi Veil de 1975 : les femmes désireuses de recourir à la procréation médicalement assistée sont contraintes d’aller le faire à l’étranger, comme celles qui voulaient avorter devaient se rendre en Suisse. Et cela constitue une atteinte à l’égalité entre les citoyens. Nos lesbiennes se sentent discriminées par rapport aux couples homme-femme. Un scandale…

Les mêmes nous ont fait le même coup lors du PACS (1999). Il s’agissait d’assurer l’égalité entre couples, notamment sur le plan fiscal, successoral et patrimonial. Mais pas question, au grand jamais, d’aller au mariage homo ! Parole de ministre socialiste – et on sait que ces gens n’ont qu’une parole. En 2013, loi Taubira. Là encore, il s’agissait d’établir l’égalité des droits et de mettre fin à une anomalie. Mais pas question, au grand jamais, d’aller à la PMA ! Parole de ministre socialiste, une fois encore. D’ailleurs, Libération le confirme : La PMA « est à ce jour fermée à triple tour par l’exécutif ». Si Libé le dit…

Mais l’égalité des droits est une arme redoutable ! Inscrite dans les promesses de campagne du candidat Macron en 2017, mise en œuvre par un Premier ministre qui « reconnaît » avoir « évolué » sur la question, elle viendra en son temps. Et ensuite la GPA, parce qu’il est discriminatoire d'oublier des couples homos à se rendre en Inde pour acheter un enfant, ce qui réserve ce droit aux riches… Allez, vous verrez !

On en viendrait presque à oublier, dans notre bobocratie larmoyante, qu’un enfant n’est pas un droit. Je sais, c’est difficile à entendre. Un enfant n’est pas un objet qu’on achète pour assumer un désir. Ce n’est pas un bien de consommation qu’on produit à la demande, et de préférence sans défaut. Il n’est pas soumis aux dispositions du Code civil relatives aux produits défectueux. C’est un être humain, né d’un père et d’une mère, dont la vocation est de grandir entre deux parents qui lui donnent, chacun selon son sexe, des références et des images qui le construisent.

Mais c’est tellement simple que cela échappe à nos journalistes si sophistiqués.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 10/09/2024 à 9:19.

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