« Il était une foi », le bel hommage rendu aux moines
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Alors que la France n’en finit plus de se déchristianiser, les moines, eux, continuent – à défaut de faire rêver – au moins d’intriguer.
D’où ce magnifique numéro hors-série de Valeurs actuelles, joliment titré : « Les moines, il était une foi ». Celui qui en a été le maître d’œuvre, Arnaud Folch, n’est pas connu pour hanter les sacristies. Et pourtant, confie-t-il, « mon père fait de fréquentes retraites dans des monastères. Lui comme d’autres proches amis ont toujours évoqué le bien-être que de telles pauses peuvent procurer. Le temps du silence est aussi celui où l’on se pose des questions : sur la frénésie de la société actuelle, par exemple. »
Ce numéro exceptionnel n’est donc pas une œuvre marquée au sceau de la piété militante, et pourtant… Arnaud Folch, toujours : « Il n’est pas besoin d’être croyant pour comprendre que l’apport des moines à notre civilisation a pour le moins été exceptionnel. Il s’agissait des plus grands passeurs de témoin. Leur aventure était à la fois religieuse et culturelle, ce qui en a fait les gardiens bienveillants de la France éternelle. Pour résumer, nous leur devons tout ou presque. Il fallait absolument leur rendre hommage et je suis fier que ce hors-série soit le premier à le faire, ne serait-ce que pour rendre hommage à cet exploit consistant à se retrancher pour être encore plus utile au monde. »
Dans cette entreprise, il a enrôlé les vivants, dont Éric Letty, brillant éditorialiste de Monde et Vie. Mais aussi les morts : Georges Bernanos et Jean Raspail, Alphonse Daudet et Paul Claudel. On a connu pire voisinage.
Certes, il y a l’aspect spirituel. Éric Letty signe un long article proprement bouleversant consacré à sainte Thérèse de Lisieux, dont la nuit d’agonie est ainsi contée : « Le Vendredi saint 1896, elle crache du sang, premier signe de la tuberculose qui l’emportera. Le jour de Pâques s’y ajoute une nuit de la foi qui durera jusqu’à la fin : le doute s’empare d’elle, la pensée du ciel devient un sujet de combat et de tourment. » Elle doute, donc, ce qui la rend encore plus humaine mais ne l’empêche pas d’être qualifiée par le pape Pie XI de « plus grande sainte de tous les temps ». Une jeune femme chez les moines ? Ce serait oublier que ces derniers, précurseurs en toutes choses, le furent aussi en favorisant des ordres féminins rivalisant avec eux en termes de rayonnement. Car en matière avant-gardiste, longue est la liste, sachant que nous leur devons tant.
La culture ? C’est à eux que l’on doit la transmission des textes saints mais aussi ceux de la Grèce antique, du Coran et d’autres chefs-d’œuvre de littérature profane. L’architecture ? Notre pays est encore un collier dont les perles sont les abbayes. Ces diables d’hommes connaissaient tous les secrets des bâtisseurs de jadis. La musique ? Le chant grégorien est à la base de la musique européenne. Même les Beatles et leurs successeurs tentèrent de percer le mystère de ces chœurs utilisant des finesses harmoniques – on jouait alors au huitième de ton – avant que les gammes ne soient appauvries en nous ramenant au simple demi-ton.
La mangeaille ? Du pâté au fromage et autres produits de terroir, nos moines sont encore aujourd’hui insurpassables. Arnaud Folch, amateur de bonne chère, surenchérit : « Même la publicité de Chaussée aux moines était un hommage flatteur. On ne parodie jamais que ce que l’on envie… »
La dive bouteille ? Du champagne créé par Dom Pérignon aux innombrables bières, vins et liqueurs, ces braves moines n’ont pas ménagé leur peine pour populariser le miracle des noces de Cana. C’est bon pour la foi. Un peu moins pour le foie.
L’art militaire ? Depuis les Templiers et autres ordres guerriers, leur réputation n’est plus à faire. Sans négliger le fait que leurs consœurs, les nonnes, se sont montrées héroïques durant les guerres. Elles soignaient comme personne, même les soldats allemands en 14-18.
Finalement, le plus bel hommage rendu dans ce numéro de Noël évoquant ses retraites dans les monastères est lié à Denis Tillinac, catholique de l’espèces contrariée : « C’est un bonheur dont je ne suis jamais las. Des âmes encapuchonnées divaguent entre les chapiteaux, ce sont les frères selon mon cœur, ils prient pour moi, je ne me sens pas seul. » C’est beau. C’est tout. C’est déjà beaucoup.
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8 commentaires
« Le coran,chef- d’oeuvre de la littérature profane » ?!
Quoi qu’il en soit un bel article qui nous rappelle que les racines chrétiennes de l’Europe sont une réalité,malgré ce que niait Jacques Chirac.
Dans ce monde de violence souvenons-nous du concile de Charroux ,oeuvre monastique par excellence,et la discipline de la « Paix de Dieu ».
Merci pour cet article. On a trop souvent retenu l’image du moine retranché dans le monastère alors qu’ils ont tant fait pour transmettre aux autres ! J’avais lu un livre où l’auteur parlait d’une retraite de moine perdue dans les collines et expliquait qu’ils avaient une très grande connaissance de la nature . Leurs lieux de vie étaient très bien pensés et parfaitement orientés par rapport aux éléments et à l’environnement . Même les sites abandonnés par les moines donnent cette impression de bien être et de recueillement .
merci
Idem
merci pour cet article; dans notre monde qui a perdu tous ses points de repère et le sens profond de la vie, il est grand temps de redécouvrir nos racines chrétiennes qui sont à l’origine de la grandeur de la France; une retraite permet de se couper pendant quelques jours de toutes les informations de notre monde moderne qui s’enlise chaque jour un peu plus sur la folie des hommes pour retrouver la grandeur de Dieu !
Un monde magnifique bien loin de la déshumanisation que les mondialistes veulent nous imposer. Comme vous le rapportez si bien monsieur Gauthier par les propos de Arnaud Folch: » Il s’agissait des plus grands passeurs de témoin. Leur aventure était à la fois religieuse et culturelle, ce qui en a fait les gardiens bienveillants de la France éternelle ».
bien resumé Mr MICHEL
Je vais m’empresser de l’acheter et de m’en nourrir spirituellement