Il veut arrêter l’immigration de masse, unir et non opposer…. Chiche, Monsieur Wauquiez !

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Laurent Wauquiez ne prendra pas la barre du navire LR. Trop de tempêtes passées, de planches vermoulues, de marins pas fiables et de mauvais souvenirs. Ce vieux navire, que Wauquiez connaît par cœur pour en avoir tenu la barre à deux reprises, a, tous les jours qui passent, davantage l'allure d'une barque en péril que d'un « fameux trois-mats ». Wauquiez a cru bon de retirer un tonneau d'eau et autant de biscuits à ceux qui croyaient encore à l'avenir du parti de Sarkozy... Il s'est donc fait une idée : il ne sauvera pas le bâtiment rongé par un champignon vénéneux, la trahison. LR a désormais le visage des promesses non tenues et des retournements honteux : celui de Nicolas Sarkozy venu manger dans la main du Président Macron par confort personnel, celui de Valérie Pécresse qui a appelé à voter Macron, à peine les scores du premier tour des présidentielles connus, celui d'Éric Woerth, parti lui aussi chez Macron, comme Damien Abad (avec le succès qu'on connaît) et tant d'autres. Pour les électeurs de droite, c'est peu dire que la confiance est émoussée. Lorsqu'ils ont eu le choix entre le RN et et la NUPES, lors des législatives, la plupart n'ont pas hésité. Ils ont voté RN et recommenceront à la prochaine occasion, Wauquiez le sait.

Il faut ainsi lire avec attention le texte longuement mûri, publié le 17 juillet sur Facebook par le président de la région Rhône-Alpes. On lit derrière l'ambition personnelle de Wauquiez l'influence d'un Zemmour. On le savait, cette aventure aura changé profondément la donne. Wauquiez a compris que ces thématiques centrales ont désormais face à elle un électorat. Zemmour n'est-il pas monté jusqu'à 17 % d'intentions de vote lors des présidentielles ?

Côté constats, Wauquiez fait avec une certaine force le portrait d'un macronisme à bout de souffle : « Le président de la République ne parvient plus à dissimuler l'absence de cap sous les artifices de communication », écrit-il. Il rejoint encore un Zemmour ou une Le Pen lorsqu'il vitupère la « dévalorisation du travail », « l'appauvrissement des classes moyennes sous le poids des impôts », « la folie de notre règlementation administrative », « l'effritement de notre identité nationale face à un communautarisme toujours plus conquérant », « le délitement de nos services publics », les « dettes folles » et « le décrochage de notre économie ». Il est lucide sur la ruine de la droite qui, « depuis trop longtemps, n'a eu ni clarté dans les convictions, ni courage dans l'action ». Et Wauquiez de lister les fiascos et les abandons : « incapacité à reprendre en main l'insécurité ou l'immigration », « pusillanimité dans la lutte contre l'assistanat », « errance dans les choix européens ». Wauquiez est lucide sur les maux du pays. Comme beaucoup d'hommes politiques de droite ou de gauche. Il a le courage de le dire. Aura-t-il le courage de faire ? « Il s'agit moins de sauver un parti que de sauver la France », assure-t-il. Il veut pour cela tout remettre à plat. Et travailler avec des personnalités aux parcours différents. Il évoque « tous ceux qui voudront aller chercher ce sursaut, d'où qu'ils viennent ». Il veut « un pays fier » et même « l'arrêt de l'immigration de masse » ! Wauquiez revendique une vision et l'amour de la France. Que demande le peuple ?

Mais voilà, si le constat des maux est bon, la solution politique au sens partisan du mot est toute... macronienne : ni, ni ! Wauquiez tente d'échapper au macronisme « autoproclamé cercle de la raison » et à ces méchants « extrêmes », incapables de gouverner selon lui. Les Français ont peu de choix : c'est l'amateurisme ou le chaos, l'impuissance ou l'irresponsabilité, assure Wauquiez. « Si rien n'est fait », les Français choisiront entre les extrêmes, prévient Wauquiez. Le même Wauquiez se vante d'ailleurs, au passage, d'avoir écrasé le RN et le macronisme dans sa région d'Auvergne-Rhône-Alpes. Et stigmatise « un extrémisme qui croit que gérer un pays, c'est flatter les colères ». Décidément ! Et puis on lit : « Le sujet n'est ni Emmanuel Macron, ni Marine Le Pen, le sujet c'est l'après. Pour le construire, il faudra unir et non opposer. » Allons, chiche, Monsieur Wauquiez ! Car unir pour redresser la France, c'est tendre la main à Le Pen, à Zemmour, à Dupont-Aignan, à tous ceux qui ont la France au cœur et qui ont eu raison si longtemps avant vous et vos amis. Chiche ?

Photo by Jacques Witt/SIPA/Shutterstock (8/2/2022)

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

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