Il voulait que les cloches s’arrêtent la nuit. Le village le désavoue
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Le citadin fraîchement arrivé dans la commune de Boisséjour se préparait à vivre comme un coq en pâte. Rattachée au bourg de Ceyrat, dans le Puy-de-Dôme, la localité allait lui offrir calme et volupté après de dures journées passées à battre le fer dans la ville toute proche.
Dès la première nuit passée dans sa « chaumière trendy » (Libération dixit), le nouveau villageois aux « longues mèches grises et soyeuses » (garanties par Libération) déchante. Les cloches de l'église située à proximité de son havre de paix ponctuent la nuit de ding et de dong. L'insomnie permet au plaignant d'établir un comptage précis : 200 fois entre 22 heures et 7 heures. Angélus du matin et du soir inclus, 560 coups par jour. Foi d'athée.
Les nerfs à vif et les yeux rougis par le manque de sommeil, le nouveau villageois clame son indignation : « Tout le monde me dit que j’aurais pu vérifier ça avant de m’installer. Mais on est au XXIe siècle ! » L'horloge de l'église ne veut rien savoir. L'heure, c'est l'heure. Un point c'est tout. D'ailleurs il est la demie, et dong, je sonne.
Espérant obtenir gain de cause, le quadra victime du cadran sort son manuel de sacristain du mondialisme : « Un appel à la religion catholique, plusieurs fois par heure, et l’angélus trois fois par jour ne sont pas de nature à respecter la diversité des citoyens du bourg. » Le tocsin du « vivre ensemble » résonne sur la place du village. Sur RTL, Julien Courbet est alerté. Le consommateur de laïcité est au bout du rouleau. Il a été trompé sur la marchandise. Jean-Pierre Pernaut doit être dans le coup.
Pour mettre un terme aux polémiques qui enflamment le bar-tabac local, madame le maire de Ceyrat décide d'organiser une votation citoyenne. Au grand dam de l'occupant de la chaumière trendy, le résultat est sans appel : 91 foyers contre l'arrêt des sonneries nocturnes, 31 pour. Frais de triple vitrage à prévoir.
Paradoxe des temps, le curé du cru s'était montré plutôt favorable à l'extinction des cloches durant la nuit. L'argument rejoignait celui du voisin mécontent : « Il faut être cohérent avec la vie actuelle. » Selon Libération, certains lui répondirent que « l'église a l'habitude de se mettre à genoux ». Il en fut sonné.