Il y a 500 ans, la défaite de Pavie : la fin du rêve italien de la France

françois Ier

Il y a 500 ans jour pour jour, le 24 février 1525, la France connut l’une de ses plus tragiques défaites militaires lors de la bataille de Pavie, un affrontement qui marqua un tournant décisif dans les guerres d'Italie et entraîna des conséquences majeures sur l’histoire de l’Europe. Cet événement fut le résultat d’une longue lutte entre les grandes puissances européennes pour le contrôle de la péninsule italienne et aboutit à la capture malheureuse du roi François Ier.

Le rêve italien

Depuis 1494, la péninsule italienne est le théâtre de rivalités entre la France et le Saint Empire romain germanique. Charles VIII puis son successeur Louis XII décident d’envahir l’Italie pour revendiquer la couronne de Naples. Cependant, la France doit finalement abandonner ses prétentions en 1513 après de nombreuses défaites contre une coalition italienne. Néanmoins, en 1515, François Ier relance la politique italienne de la France en revendiquant le duché de Milan à cause d'une de ses arrière-grands-mères, la duchesse d'Orléans, née Valentina Visconti, fille du duc de Milan. Sa victoire éclatante à la bataille de Marignan, les 13 et 14 septembre 1515, lui permet alors d’imposer sa domination sur une grande partie du nord de l’Italie.

Toutefois, un nouvel acteur change l’équilibre des forces en 1516 lorsque le jeune Charles de Habsbourg devient roi d’Espagne puis élu empereur du Saint Empire romain germanique en 1519. Cette situation place alors la France dans une position stratégique délicate. En effet, elle est désormais prise en étau entre les possessions de Charles Quint en Espagne, aux Pays-Bas, en Allemagne et en Italie. Afin de consolider son autorité et de contrer cette menace, François Ier lance une nouvelle campagne en 1524 pour assurer sa présence en Lombardie. Son objectif est alors clair : prendre Pavie dont le siège commence le 26 octobre 1524.

« Tout est perdu fors l’honneur et la vie »

Prenant la tête de ses propres armées, François Ier mobilise 18.000 hommes et une puissante artillerie pour affaiblir les défenses de Pavie et créer une brèche dans ses murailles. Cependant, la garnison impériale résiste avec acharnement, ralentissant considérablement l’offensive française. Pendant ce temps, Charles Quint organise une contre-attaque et envoie une armée de secours dirigée par Charles de Lannoy, vice-roi de Naples, Fernando de Ávalos, marquis de Pescara, et Charles de Bourbon, un véritable traître puisque ancien connétable de France passé au service de l’Empire.

Le 2 février 1525, cette armée de 29.000 hommes surprend et encercle le campement français, piégeant François Ier derrière des fossés et des palissades construites à la hâte. Selon Paolo Cau, spécialiste de l'Histoire militaire, dans la nuit du 23 au 24 février, profitant de l'obscurité et du brouillard, les troupes impériales décident de lancer une attaque surprise contre les positions françaises. Simultanément, la garnison de Pavie fait une sortie pour prendre les Français à revers.

Face à cette offensive coordonnée, les Français tentent de résister, mais en vain. François Ier mène alors une charge désespérée avec sa cavalerie afin de repousser une partie des troupes impériales. Mais la puissance de feu des arquebusiers espagnols, bien positionnés, décime la chevalerie française. La confusion s’installe dans les rangs français : les mercenaires suisses battent en retraite, tandis que plusieurs grands capitaines français, dont Jacques de La Palice, La Trémoille et Bonnivet, trouvent la mort au combat. La bataille tourne rapidement au carnage et François Ier, blessé, est capturé par Charles de Lannoy. Le roi-chevalier, peu après sa défaite, envoie une lettre à sa mère Louise de Savoie lui disant que « tout est perdu fors l’honneur et la vie ».

Le prix de la défaite de Pavie

La défaite de Pavie est alors un désastre colossal, pour la France. Outre les lourdes pertes humaines et la mort de nombreux chefs militaires d’exception, la capture du roi plonge le pays dans une crise politique. C’est la première fois, depuis la capture de Jean II le Bon à la bataille de Poitiers en 1356, qu’un roi de France est fait prisonnier sur le champ de bataille. François Ier est alors emmené en Espagne, où il est contraint de signer un traité à Madrid en janvier 1526. Par cet accord, il renonce à toutes ses ambitions en Italie, cède tous les territoires de la Bourgogne à Charles Quint et doit payer une très lourde rançon.

Dans un premier temps, François Ier envisage d’abdiquer en faveur de son fils aîné afin d’éviter cette humiliation à la France. Le parlement de Paris répond alors à sa demande en le félicitant de son désintéressement personnel pour le bien du royaume, mais lui annonce également que cette décision ne lui appartient pas au nom des lois fondamentales du royaume et du principe d’indisponibilité de la couronne. Selon ce dernier, le roi ne peut ni désigner son successeur, ni changer l'ordre de succession, ni renoncer à ses droits au trône ou encore abdiquer.

Ne voyant alors aucune autre solution, le royal captif finit alors par ratifier les termes du traité, mais aussi livrer ses deux jeunes fils aînés, le dauphin François de France, âgé de sept ans, et le futur Henri II, âgé de six ans, en otages à la cour d’Espagne en échange de sa liberté. Ces enfants ne reviendront en France qu’en 1530 en l’échange d’une nouvelle rançon.

Une fois libéré, François Ier prépare sa revanche et refuse d’honorer ses promesses, prétextant qu’il fut malhonnêtement contraint à les accepter. Cet acte de défiance entraîne alors la formation de la ligue de Cognac, une alliance entre la France, le pape Clément VII, Venise et Florence, visant à contrer l’hégémonie de Charles Quint en Italie. Cependant, malgré plusieurs autres tentatives militaires, la France ne parviendra plus jamais à établir une présence durable dans le Milanais ou en Lombardie. Les guerres d’Italie vont ainsi se poursuivre jusqu’en 1559, mais Pavie marque avec certitude la fin du rêve italien de la France.

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Eric de Mascureau
Chroniqueur à BV, licence d'histoire-patrimoine, master d'histoire de l'art

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