Il y a 62 ans s’ouvrait le concile Vatican II

Capture écran INA
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Le concile Vatican II s'est ouvert le 11 octobre 1962. Mais il semble qu'il ne soit pas totalement achevé, à en juger par les actions du pape François durant son pontificat.

Le concile Vatican II, sous l’autorité des papes Jean XXIII puis Paul VI, a marqué un tournant décisif dans l’histoire moderne de l’Église catholique. Ce concile œcuménique avait pour ambition de moderniser l’Église afin de l’adapter aux nouvelles réalités du monde contemporain. Bien que considéré comme l'un des événements religieux les plus marquants du XXe siècle, il semble pourtant que ce concile ne soit pas encore totalement achevé, à en juger par les actions du pape François durant son pontificat.

Objectifs et réformes principales

Le concile Vatican II, convoqué en 1959 par Jean XXIII, fut une surprise pour beaucoup. Ce pape âgé, auquel on ne prêtait pas l’intention de bousculer l’Église, relança pourtant un projet de réforme inachevé, celui du concile Vatican I, interrompu en 1870. Ainsi, le 11 octobre 1962, le concile Vatican II s’ouvrit à Rome, réunissant plus de 2.500 évêques de toutes les parties du monde afin de réfléchir à des thèmes essentiels à l’avenir de l’Église tels que la liturgie, la place des laïcs et les relations de l’Église avec le monde moderne. Une des réformes majeures fut la révision de la liturgie, avec la constitution Sacrosanctum concilium qui permit l’usage des langues vernaculaires pendant la messe, rendant les célébrations plus accessibles. Cette décision contribua, néanmoins, au long déclin de l’usage du latin, à la fois dans la sphère religieuse et la sphère culturelle. Vatican II prôna également une plus grande participation des laïcs dans la vie de l’Église, notamment à travers la création de conseils paroissiaux.

L'Église et le monde

Le concile a également abordé les relations de l'Église avec le monde moderne, notamment à travers la constitution Gaudium et spes. Ce texte prônait une approche plus ouverte aux enjeux sociaux, économiques et politiques du monde contemporain, affirmant que l'Église devait s'engager activement dans les questions de justice sociale et de paix. Vatican II a aussi renforcé l'idée de liberté religieuse avec la déclaration Dignitatis humanae, soutenant que chaque individu devait avoir le droit de choisir sa religion sans contrainte. Un autre aspect crucial fut l'œcuménisme, avec la déclaration Unitatis redintegratio, qui encourage le dialogue et la réconciliation avec les autres confessions chrétiennes. De plus, la déclaration Nostra aetate a redéfini les relations avec les autres religions, en particulier le judaïsme, en rejetant toute forme d'antisémitisme et en soulignant les racines communes entre le christianisme et le judaïsme. Cela reprenait ainsi les propos du pape XI : « En tant que catholiques, nous sommes spirituellement des sémites ».

Un pontificat aux airs de concile

Le concile Vatican II, qui s’est conclu le 8 décembre 1965, se voulait une ouverture au monde moderne, et il semble que le pontificat de François poursuive cette dynamique. Néanmoins, certaines décisions du pape ont suscité des réactions partagées de la part de certains catholiques. Par exemple, le motu proprio de 2023, visant à limiter l’usage de la messe en latin, a déclenché l’indignation des milieux catholiques traditionalistes, distincts, rappelons-le, des intégristes comme les lefebvristes, en rupture avec Rome depuis 1988. Le souverain pontife a également accentué l'ouverture de l’Église au monde contemporain en abordant des sujets tels que l'inclusion des personnes divorcées et homosexuelles. Il souhaite aussi renforcer le rôle des laïcs, thème central du synode en cours à Rome, qui examine notamment la place des femmes dans l'Église, bien que le pape ait exclu la question du diaconat féminin.

Ainsi, le pontificat du pape François s’apparente à un très long concile Vatican III orchestré à travers des synodes et parfois en tension avec la tradition. Pourtant, ces réformes semblent éviter d’aborder deux défis cruciaux pour l’avenir de l’Église : la perte du sens du sacré dans la liturgie et la crise des vocations, qui restent des enjeux majeurs pour les catholiques de demain.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 12/10/2024 à 16:37.
Eric de Mascureau
Eric de Mascureau
Chroniqueur à BV, licence d'histoire-patrimoine, master d'histoire de l'art

Vos commentaires

30 commentaires

  1. Vatican I , puis Vatican II et le résultat: des églises qui se vident et, par voie de conséquence, celles ou se pratique le rite ancien, pleines à craquer le dimanche à la grand’messe .

  2. Le gros problème de Vatican II a été d’excommunier, littéralement, les traditionnalistes qui prêchent toujours en latin. En fait au lieu de rassembler les églises, il a crée un schisme. Une blessure qui n’est pas prête à se refermer. De plus avec son obsession immigrationiste, l’actuel locataire du Vatican est loin de se muer en soignant.

  3. Il est un sujet majeur qui permet de savoir si une personne est catholique ou non : c’est l’IVG . L’IVG s’en prend frontalement au dogme selon lequel un être est humain complètement et définitivement corps et âme dès l’instant de sa conception . En France, il faut être courageux pour soutenir ce qui est devenu véritablement un cas d’exclusion sociale. Lorsqu’il s’est agi de constitutionnaliser l’IVG,aucun élu n’a osé s’opposer frontalement à l’IVG . Les opposants se justifiaient au contraire hypocritement en avançant que l’IVG est déjà dans la loi et que personne ne songe à l’abolir…Les catho préfèrent s’indigner de la gestation pour autrui qui , elle au moins donne la vie , ou du mariage homosexuel qui ne concerne que la loi républicaine. Il subsiste un courageux tout de même pour ne pas manquer une occasion de dénoncer l’IVG comme un « homicide » et de qualifier de « tueurs à gages »les médecins avorteurs : c’est François, le pape infaillible , en accord total avec ses prédécesseurs,fût-ce à la face gênée des évêques,comme on vient de le voir de manière aussi éclatante que misérable en Belgique . Là est l’essentiel : ce sujet clivant est la vraie ligne de démarcation entre catholiques et non-catholiques .

  4. 1/ Le « déclin de l’usage du latin » est une erreur. Il fallait le maintenir au moins pour se repérer quand on est à l’étranger, et pour le Pater 2/ L’implication des laïcs et le recours au diaconat étaient de très bonnes idées mais elles sont très insuffisamment appliquées 3/Enfin « affirmer que l’Église devait s’engager activement dans lesquestions de justice sociale et de paix » a donné lieu à de très graves abus de la parole cléricale (Bergoglio en est le champion) lorsque l’Église intervient dans la vie politicienne et notamment sur
    l’immigration. Le haut clergé a-t-il lu les résultats du sondage ( (9 juin 2024 -La Croix et Le Pèlerin) qui indique que les catholiques votent beaucoup plus que la moyenne nationale et à 55% contre la gauche
    et les écolos (19%) ou Macron ( 15%) mais pour le RN à 37% ; pour les LR 10% ; et 6% pour Reconquête). En général les pasteurs doivent suivre leurs ouailles, surtout lorsqu’elles fuient l’orage ou le loup

  5. Article intéressant qui rappelle le tsunami liturgique, doctrinal (bien qu’il s’en défendait) et même évangélique (l’Eglise n’est plus l’unique planche de salut) qu’a entraîné ce concile. Vous auriez pu toutefois de vous abstenir de cataloguer les « lefebvristes » (comme s’il existait une doctrine de Mgr Lefebvre) comme intégristes (Libération n’aurait pas fait mieux) . Caricatural et blessant. Et décevant de BV

  6. Vatican II a été une calamité, même si ses initiateurs ne pensaient pas à mal. Mon directeur des études (école catholique) a défroqué après m’avoir expliqué qu’il ne disait plus la messe tous les jours. Mais cette corrélation entre l’abandon du latin et la fuite des fidèles de l’église est quand même typique.

  7. Le concile vaticanII a été pour l’église catholique ce qu’a été la révolution pour la France, une catastrophe. Vive la messe en latin , le rite saint Pie V,et vive le Roi.

  8. Les églises se sont vidées lorsque les langues vernaculaires ont fait leur apparition dans les offices ? Pourquoi ? Les gens se sont alors tout simplement rendus compte que tout cela n’était qu’un tissu d’inepties pour enfants de 5 ans.

    • Le christianisme existe depuis 2000 ans et compte 2 milliards de croyants. Bien sûr loin d’être aussi intelligents et cultivés que les enfants de 5 ans…Mais peut être plus que les ados lorsqu »il sont en crise d’athéisme et n’ont pas encore lu les évangiles ? Ai-je tapé juste ? Quant au vide des églises cela peut signifier 2 choses : soit que le clergé n’est pas assez ‘ christiste’ (expliquer l’évangile et comment l’appliquer pour devenir meilleur et se rapprocher de Dieu) ; soit que la nation toute entière est devenue christiste : universalisme, laïcité, liberté spirituelle, respect de la femme, amour du prochain. Vous comprendrez un jour. Quant à Dieu, depuis toujours et partout, tous les hommes en savent l’existence. Lire Aristote, Platon, Thomas d’Aquin, Spinoza…Cordialement et avec avec rigueur et bienveillance !

    • « Les gens se sont alors tout simplement rendus compte que tout cela n’était qu’un tissu d’inepties pour enfants de 5 ans. »

      Merci de me citer un passage qui soit un tissu d’inepties pour enfants de 5 ans.
      Sauf si, bien sur, vous êtes athée (c’est votre droit) et que vous rigolez lorsque vous entendez « je crois en Dieu tout puissant », « Gloire à Dieu au plus haut des cieux », « j’élève mon coeur et je le tourne vers le seigneur » ou bien « Christ prends pitié de nous » ou encore « ainsi soit il »

  9. Le « printemps de l’Eglise » qui était attendu est en fait un hiver qui semble ne jamais devoir finir …

  10. ce concile, en bref : accueillir toutes les religions sauf les catholiques ! Ce que n’ont pas compris ces gens, c’est que le latin est le ciment de l’église, et que toutes les déclarations sont en latin! C’est ce qu’a tres bien compris l’islam: tout en arabe! Or pour vider les églises, il n’y a rien de mieux que ce « chacun pour soi ». Il y a quelques années j’allais souvent en Belgique (flamande), J’ai été une fois à la messe le dimanche : je n’y comprenais rien, et assis-debout pendant 1 heure c’est gavant ! Et quand je suis dans un pays non francophone, je ne cherche même pas à y aller….. pourquoi faire? c’est si compliqué que cela de comprendre  » credo pater noster, ou sanctus????? que le sermon soit en « Langue locale » pourquoi pas, mais le reste de la liturgie?? Et comme maintenant l’évêque de Rome n’a qu’un rêve : virer les cathos des églises, j’obéis! Mais je pense que ces clowns devraient réfléchir à leur défense quand au jugement dernier , Dieu leur dira: Je t’accuse d’avoir détruit l’église, alors que tu devais la renforcer !….. et il n’y aura pas de media pour te faire les couvertures des magazines, et s’esbaudir sur ton anti-catholisisme!

    • En effet, la messe en latin permettait de la suivre dans le monde entier, ce qui n’est plus le cas, hélas.

    • « le latin est le ciment de l’église ». =

      J’ignorais que les apôtres, dont Pierre, étaient romains et parlaient couramment latin (Matthieu, XVI, 17-19 : « Moi, je te dis : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne tiendront pas contre elle. »), dans la mesure où Pierre, Siméon Bar-Yonah selon le témoignage des Évangiles, aussi appelé Kephas ou Simon-Pierre, est un Juif de Galilée .

      Je sais que Jean parlait en grec.
      Tout comme j’ignorais que les romains, qui ont tué Jésus après le vote des juifs approuvant ce meurtre, étaient à l’origine du catholicisme.
      Pendant les trois premiers siècles de l’Église chrétienne, il n’y a pas eu de pape unique et de nombreux prêtres ont été nommés papes ailleurs qu’à Rome (par exemple à Alexandrie et à Antioche). Ce n’est qu’après 150 après J.-C. que Rome a eu un seul pape.
      ( le pape Léon premier, en 452, revendique la vocation de sa ville à devenir le centre de la chrétienté.)

  11. Faisons court.
    Vatican II a marqué l’accélération de la décadence catholique, et annoncé, en quelque sorte, le pontificat du pape François.

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