Il y a ces églises que l’on détruit, et celles qui sont réembellies

Samedi 2 septembre, à Saint-Mathurin, dans un petit village du littoral vendéen, les cloches ont résonné à pleine volée. Pour le plus grand bonheur des habitants et du maire Albert Bouard (sans étiquette), qui déclare tout naturellement à BV : « Les gens nous ont dit que sans les cloches, il leur manquait quelque chose. Les cloches font partie de nos traditions et de nos mœurs, alors ceux qui ne sont pas contents, qu’ils passent leur chemin ! » Après plusieurs mois de réfection du clocher, les échafaudages viennent d'être démontés ce jeudi, laissant apparaître un chef-d'œuvre...
« Vouloir, c'est pouvoir ! »
Si, à La Baconnière, le maire David Besneux a fait voter la « déconstruction » de son église jugée en trop piteux état, ici, c’est le contraire. Tout comme à Bouillé-Loretz, déjà évoquée dans ces colonnes, où l'église bientôt entièrement rénovée après un incendie devrait rouvrir cet hiver. Il y a des églises que l'on détruit mais, par chance, d'autres que l'on réembellit.
À Saint-Mathurin, l’édifice religieux a toujours été entretenu chaque fois que cela était nécessaire. Comme une évidence pour ce maire plein de bon sens : « Cela dépend du choix des élus, chacun fait ce qu’il veut. Mais pour nous, cela fait partie des monuments qu’on doit tenir en état. » Alors, tout comme son prédécesseur qui avait fait rénover la nef, et tandis que la toiture a été refaite il y a 25 ans, Albert Bouard a choisi de faire remettre en état le clocher et le transept. « On ne va pas laisser notre église se dégrader. Vouloir, c’est pouvoir ! » s'exclame-t-il.
Le seul clocher de France en cuivre à bâton rompu
L’église Saint-Mathurin date de 1905, mais par souci d’économie, elle avait été construite sans clocher. Celui-ci n’a été édifié que vingt ans plus tard grâce à la générosité des paroissiens. Inauguré en 1927, il avait été construit en béton et s’était dégradé avec le temps au point de devenir dangereux. Trois options possibles s’offraient à la municipalité : le refaire à l’identique, le refaire en ardoise, « mais c’est un peu banal », nous confie le maire, ou, et c’est bien cette dernière qui fait la fierté d’Albert Bouard, le refaire en cuivre. Et c’est ainsi qu’ici, à Saint-Mathurin, se trouve le seul clocher de France réalisé en cuivre à bâton rompu ! Le maire s’enthousiasme : « Nous avons demandé à l’architecte de réaliser quelque chose qui reste dans le temps, qui soit encore là dans 150 ans ou deux cents ans. Quoi de plus beau que le cuivre qui est patiné ? Et en plus, le vert, c’est la couleur de l’espérance ! »
Et l'élu vendéen de résumer avec sagesse : « Dans une société où on vit aujourd’hui à l’instant t, nous avons voulu inscrire le projet dans le temps. Moi, je préfère le mystère au néant. » L’occasion, pour ce dernier, de nous faire remarquer malicieusement que lorsque l’on s’approche du village, c’est bien toujours le clocher que l’on voit en premier !
Réinstallation du coq
Alors samedi, pour fêter les 150 ans de la commune, les Mathurinois ont entouré leur église et c’est le plus jeune artisan qui a œuvré sur le chantier qui a eu l’honneur de remonter le coq d’origine, en cuivre lui aussi, sur le nouveau clocher. « Et comme le veut la tradition, rappelle le maire, un prêtre est venu bénir le coq, cet emblème de la France ».

©JF Brossier/Agglo des Sables d'Olonne
Et toujours dans cette volonté d'ancrer la jeunesse dans une hérédité, des enfants du village ont lu le poème Mon clocher rédigé par un habitant il y a 60 ans. « Quand on regarde ce clocher, il nous procure un sentiment de plénitude et de tranquillité », conclut l’édile que l’on aimerait féliciter pour ce souci de transmission et de continuité de si belles traditions. Lui, modestement, préfère remercier l'agglomération des Sables d’Olonne, le département de la Vendée, la région des Pays de la Loire, et l’État qui ont permis d’aider à financer les 940.000 euros de travaux de rénovation (dont 190.000 à la charge du village). Comme un signe d'espérance en ces temps troublés, réjouissons-nous qu'il reste encore, en France, des élus pour sauver nos églises et nos statues.

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26 commentaires
Voilà un maire qui sait remettre l’église au milieu du village !
A Nantes, la mairie a restauré la basilique Saint Donatien. Superbe ! Elle a également restauré l’intérieur alors qu’elle n’y était pas tenue !
Peut-être qu’ils ne l’ont pas encore compris, tous les Français devraient remercier chaleureusement l’initiative de cette commune vendéenne. Merci, Monsieur le Maire.
Merci à ce conseil municipal qui réussit à voter un budget aussi conséquent : des encouragements et des félicitations, aident souvent à la motivation et à la réalisation des objectifs de chacun…. Que saint Mathurin soit longtemps encore honoré et bonne fête à ceux qui font mémoire aujourd’hui de la nativité de Marie , mère de Jésus .
Bravo ! au maire, aux habitants, à l’architecte, à BV pour cette idée d’article, et bravo d’avoir choisi le cuivre : excellente idée (surtout à bâtons rompus, ça lui donne une finition naturelle, plus chaleureuse. – – – – – – Ah, ça va me faire la journée :)
Bravo et merci.
Actuellement, à Condom dans le Gers, la cathédrale Saint-Pierre est en cours de rénovation, les échafaudages la surplombent.
L’Eglise c’est l’histoire d’un village au delà des croyances. C’est notre identité que nous devons conserver.
Les bonnes nouvelles sont si rare tel cette municipalité qui entretiens son église patrimoine précieux comme d’autre cultures qui s’ingénient à remplacer la notre par la leur venue d’ailleurs dont l’humanisme ne fait pas d’étincelle obligeant leur population à quitter leur pays pour venir chez nous au minimum vivre mais tellement critique qui démontre un caractère de paradoxe grave. enfin voilà un maire qui devrait donner à réflexion à certains qui voient sur le lieu de leur église un terrain bon pour y recevoir un centre commercial ou autre nouveau temple du profit.
Comme je voudrais croire que tout n’est pas foutu dans ce pays ! Merci, vous avez ensoleillé ma journée, du moins jusqu’à ce que je sorte et que je ne me trouve confrontée à la réalité ! Un instant je me suis souvenue du jour où dans ma petite enfance le curé de mon village, entouré de ses paroissiens et pas seulement, tous en habit du dimanche , avait béni une cloche. C’était il y a si longtemps !
Foi, Charité, Espérance : nos trois vertus cardinales ! L’Espérance est sans doute la plus paradoxale (cf. Péguy). Relire Jérémie : même au coeur d’une situation sans aucun espoir à vue humaine, il a des paroles d’espérance incroyables … qui se vérifieront bien plus tard ! (lire Adrien Candiard : Veilleur où en est la nuit). Cordialement.
votre article fait chaud au coeur, pour une fois on ne parle pas de saccage ou de destruction d’église, bravo aux vendéens !
Deo Gratias
Poème de Lamartine ;
» L’Airain retentissant dans sa haute demeure, sous le marteau sacré tour à tour chante ou pleure, pour célébrer l’hymen, la naissance et la mort. «
Merci !
Félicitation à cette municipalité, à cette population qui a globalement soutenu ce très beau projet. Que les cloches sonnent encore et pur longtemps dans notre France Chrétienne. Lamartine
MagnifIque et tellement vrai encore dans certains villages ou petites villes de provinces où les gens vivent au rhytme des sonneries de cloches . Si si , cela existe et je l’ai vécu, il y a peu encore . A signaler la belle église de ST Porchaire en Charente Maritime, en cours de rénovation et d’entretien . L »édile de la ville n’y est pas pour rien non plus! Ville où vécu Pierre Loti , qui par son action sauva de la ruine un autre bel édifice très visité aujourd’hui ; le chateau de la Roche Courbon
Il faut en effet remercier le maire de cette commune et avec lui tous les maires qui ont encore le courage et la volonté d’entretenir nos églises et autres lieux de culte . Il est vrai que sans son clocher un village est tout nu . Merci à eux .