Il y a des ratés dans le 80 km/h…

limitation vitesse 80

Édouard Philippe restera certainement le Premier ministre du ralentissement routier imposé à la force du poignet. Mais il y a des ratés dans le 80 km/h.

Petite histoire totalement imaginaire : Devant la machine à café de Matignon, un haut fonctionnaire se confie à un collègue. Son patron lui a demandé de concocter un truc génial et populaire pour mettre en valeur le Premier ministre. Tout en sucrant son café, le second lui refile une idée.
En France, les catastrophes commencent souvent par un : « L’idée, c’est ça ». Quand vous entendez cela, sachez que le causeur, fier de son idée, n’en voit pas du tout la kyrielle des effets pervers. « L’idée, c’est de diminuer la vitesse limite de 10 km/h, comme ça, moins de morts sur les routes, moins de déficit de la Sécu, moins de surcharge des urgences, moins d’entretien de toutes ces routes à la charge de l’État. Cet entretien coûte, selon la formule célèbre du maître, « un pognon de dingue ». « Mais c’est bien sûr ! », fait l’autre qui avale son caoua et file concocter une note pour son patron. Et Édouard Philippe d’approuver cette mesure qui va enfin lui permettre de laisser son nom dans l’Histoire de France.
Et c’est peut-être ainsi que naquirent les 80 km/h.

« L’idée, c’est ça » : j’ai souvent entendu cette phrase annonciatrice de sombres nuées, de réformes inutiles et coûteuses, de bouleversements sans raisons, d’aberrantes destructions d’un existant bien rôdé. Comme initiative populaire, on fut servi ! Restait à démontrer que ce fut, à tout le moins, utile. Et là, la vérité pointe son nez, sortant du puits, que dis-je, de l’océan de la propagande officielle.

Challenges, organe de presse que l’on ne peut soupçonner d’anti-macronisme primaire, se fait l’écho d’étranges rumeurs : « Les 80 km/h coûteraient 2,3 milliards d’euros aux Français. Le Comité d'évaluation des 80 km/h parle de 39 vies épargnées au lieu des 148 officielles entre juillet 2018 et fin juin 2019. Il évalue à 2,3 milliards d'euros le coût de cette mesure impopulaire, du fait des heures de travail perdues. » Et de citer le Comité indépendant d’évaluation des 80 km/h, qui a demandé à un économiste spécialiste des transports, le Professeur Rémy Prud’Homme, d’évaluer le coût économique de la mesure. D’ores et déjà, le Comité conteste le décompte macabre fait par la Délégation à la Sécurité routière. Et surtout, le Comité estime que le coût économique de cette mesure est bien supérieur aux estimations officielles. Bataille de chiffres.
Il semble évident que les coûts seront faciles à sous-estimer. Quid par exemple de l’usure moindre des véhicules, donc de la perte de chiffre d’affaires des réparateurs et constructeurs ? Quid du temps supplémentaire non travaillé passé sur les routes ?

En définitive, d’autres réformes étaient plus urgentes et plus pertinentes.
Méfiez-vous des politiques lorsqu’ils commencent par « L’idée, c’est… » Aux abris !

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