Il y a quatre ans, le colonel Arnaud Beltrame nous édifiait par son exemple

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Le 24 mars 2018, à Carcassonne, le lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame mourait de ses blessures après avoir, la veille, risqué sa vie pour sauver celle de l'otage d’un terroriste islamiste.

En octobre 2020, la plaque commémorative du « Jardin Arnaud-Beltrame » à Paris le présentait comme « victime de son héroïsme ». Une confusion de sens dans une société malade de victimisation à outrance, car il ne s’est pas offert en sacrifice pour mourir. Il avait l’intention et l’espoir de poursuivre sa vie ici-bas. C’est ce qui distingue foncièrement ce don volontaire de soi du suicide de terroristes trop lâches pour affronter seuls l’au-delà.

Cet engagement ultime se nomme le sens du devoir. Ce geste d’extrême courage se nomme l’héroïsme, dont il ne peut être considéré comme victime. Sujet libre et volontaire, il a consenti à l’objet de son acte dont il a assumé les conséquences possibles, une initiative subsumée par une exigence radicale de mission remplie, animée par une foi chrétienne qui incite au dépassement ultime de soi. En cela, il a vaincu le fanatique ivre de haine.

Car s’il n’y a « pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jean, 15, 9-17), que penser de celui qui donne sa vie pour autrui sans le connaître, au risque de perdre la sienne et les siens ? C’est la manifestation d’un engagement qui peut paraître, à notre époque, insensé et excessif dans une société matérialiste qui a évacué l’idée de la mort et érigé en valeurs premières la sécurité et le confort.

Cet acte courageux, volontaire et exemplaire, nous interroge sur le sens que nous donnons au mot « élite ». Il interroge aussi sur le sens dont notre société a besoin pour redonner à la France sa grandeur déchue et à son peuple sa dignité perdue. Reflet de notre société déboussolée et démoralisée, nous désignons généralement par élite une minorité de personnes qui occupent une place éminente dans l’ordre du pouvoir, un statut social évalué comme une performance. L’origine du mot indique pourtant l’élection sur la base de valeurs communément admises. Considérant le comportement souvent défaillant, voire malfaisant, des élites désignées de notre temps, il est temps de redéfinir la nature des valeurs supérieures que nous leur reconnaissons. Ne soyons pas les zélotes des fausses élites qui ne le méritent pas.

Parmi ces valeurs, le courage et le don désintéressé de soi d’Arnaud Beltrame nous rappellent que nous sommes tous appelés à l’héroïsme du quotidien, discret et souvent anonyme, pour défendre l’essentiel. L’armée n’est pas et ne doit pas être la seule institution à susciter ce type de comportement. Nous devons nous préparer sur tous les plans, physique et moral, à faire de même dans les situations extrêmes auxquelles nous exposent l’abrutissement et l’ensauvagement croissants de nos sociétés politiquement incontrôlées, socialement déréglées, spirituellement dévitalisées. Les occasions sont fréquentes, diverses et risquent de se multiplier.

Comme l’a rapporté le père Jean-Baptiste Golfier, qui a accompagné jusqu’à son dernier souffle Arnaud Beltrame après l’avoir préparé au mariage chrétien prévu deux mois après sa mort : « Il n'aura jamais d'enfants charnels. Mais son héroïsme saisissant va susciter, je le crois, de nombreux imitateurs, prêts au don d'eux-mêmes pour la France et sa joie chrétienne. » Ces paroles sont d’une brûlante actualité. Elles sont la marque d'une élite authentique.

Jean-Michel Lavoizard
Jean-Michel Lavoizard
Ancien officier des forces spéciales. dirige une compagnie d’intelligence stratégique active en Afrique depuis 2006

Vos commentaires

12 commentaires

  1. Le colonel Beltrame est une des nombreuses victimes de l’islamisme. Mais cela, les élites compromises ne l’admetteront jamais. Couards qu’ils sont.

  2. La France a des héros, mais combien de zéros dans ce gouvernement et chez nos « élites » !

  3. M. LAVOIZARD, je pense faire partie de ces héros quotidiens, qui malheureusement, face à la lacheté d’une hiérarchie et du « pas de vague », je me suis retrouvé « placardisé » les cinq dernières années de ma carrière, et ce n’est que quatorze ans après que par mon opiniatreté j’ai fait condamner l’état pour « harcèlement moral répétitif ». Que mes semblables, ne compte plus sur moi pour leur venir en aide ! Ah, j’oubliais, je ne faisais pas partie de la grande communauté des « fréres » !

    • C’est l’une des tares de la France : le conformisme et la lâcheté des hiérarchies noyautées par les sectes qui ont mis le pays en coupe réglée. L’essentiel est de sauvegarder son avancement et de figurer sur la prochaine liste de distribution des hochets de la République. Les hommes et femmes d’honneur peuvent crever…

  4. L’héroïsme de cet homme n’est pas contestable. Agissant en uniforme, il était redevable de son statut de militaire. On ne demande pas aux militaires de se sacrifier, mais de combattre les armes à la main.
    Beltrame est mort héroïquement en se sacrifiant pour cette république qui nous assassine. En France, on honore, on décore les victimes du terrorisme et on pourchasse les identitaires. En France, on décore les policiers qui se font tuer sans sortir leur arme.

  5. Il n’y même plus la plus élémentaire politesse au quotidien comment pourrait il y avoir de l’héroïsme ?

  6. Un exemple pour notre jeunesse ! Le sacrifice de ce héros devrait être développé dans toutes nos écoles …. A moins que les pleutres qui nous gouvernent n’aient trop peur que ce vrai héros leur fasse de l’ombre ?

    • Certes ils ont honte que voudriez-vous qu’ils ressentent, enfermés dans leur compromis devenus certitudes. Leur abandon de nos valeurs, du respect des autres et du pays. Arnaud Beltrame est un Héros Français un homme de courage dont nous devons être fier, et à qui nous devons reconnaissance et honneur.

  7. Mort pour rien , il a pris des risques inconsidérés, il n avait pas dû vivre en banlieue au contact des racailles sinon il aurait su que ce n est pas un uniforme qui les intimide bien au contraire ça les motivent

    • Il est vrai que si on y avait eu le courage de faire le ménage en treillis avec des fusils d’assaut dans ces banlieues à racailles…

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