Il y a un an, Alban Gervaise était mortellement poignardé au nom d’Allah
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C’était le 10 mai, il y a un an. Ce soir-là, Alban Gervaise se rend à l’école pour aller chercher ses deux enfants de 3 et 7 ans au lycée privé Sévigné, dans le XIIIe arrondissement de Marseille. À l’arrière de la voiture se trouve sa dernière fille, âgée de seize mois. Un jour comme les autres, en somme, mais qui se soldera par un événement qui brisera la vie d’une famille entière. À peine sorti de sa voiture, le médecin militaire de 41 ans est en effet attaqué par un forcené qui le lacère de coups de couteau aux cris de « Allah akbar ». Avertis par des passants, la police et les marins-pompiers de Marseille interviennent, mais il est déjà trop tard. Alban Gervaise succombera à ses blessures dix jours plus tard.
Un an plus tard, qui se souvient encore de ce dramatique assassinat ? Un père de famille qui meurt, « blessé à la gorge », selon la formule consacrée - égorgé, le terme est un peu trop connoté, n’est-ce pas ? -, au nom d’Allah… il n’y a pas de quoi émouvoir les foules ! Autant, pour Samuel Paty, on avait encore de la compassion à revendre. Deux ans plus tard, les esprits se seraient habitués et l’affaire a été classée au rang de simple fait divers. Et comme dans tous les faits divers de ce type, l’expertise psychiatrique du suspect, Mohammed L., âgé de 23 ans, a conclu à une « abolition totale du discernement ».
Comme il y a un an, la discrétion médiatique est de mise. À l’exception de quelques rares médias (CNews, BFM TV), la mort du médecin militaire semble ne pas intéresser. Au fond, a-t-elle vraiment intéressé ? Problème de calendrier, tout d’abord, comme l'avait souligné, à l'époque, ici même, Marc Baudriller : ce n'était pas le moment d’agiter les peurs, un mois seulement avant les élections législatives... Deuxième souci : le profil du tueur. Trop sensible, encore une fois ! La liste des victimes des « fous d’Allah » ne cesse de s’allonger année après année, mais qu’importe. Surtout ne pas stigmatiser, surtout ne pas généraliser, surtout ne pas dénoncer. Vient enfin le profil du disparu : catholique, militaire, époux et père de famille, Alban Gervaise n’était sans doute pas la bonne victime.
À cette lâcheté coupable de ceux qui auraient dû se saisir de l’affaire s’ajoute le déshonneur de ceux qui l’ont relayée de manière biaisée. Ainsi de l’expert-psychiatre qui s’est penché sur le cas de Mohammed L. Celui-ci a fait état d’une « bagarre qui éclate » et qualifié Alban Gervaise de « victime présumée ». Autant de termes qui ont blessé profondément l’épouse du militaire, qui a réagi début mars auprès du Figaro : « Je ne peux pas tolérer qu'on parle de bagarre. Ce n'est pas une bagarre, c'est un meurtre d'une grande violence. Et le statut de victime de mon mari n'est pas à prouver. » Outre cette douloureuse expertise psychiatrique, la femme d’Alban Gervaise dénonce une fausse rumeur selon laquelle elle aurait expressément demandé de ne pas médiatiser l’assassinat de son mari. Dans un communiqué publié sur sa page Facebook, le 5 septembre dernier, la veuve avait formellement démenti : « Il est régulièrement précisé que je refuse la médiatisation de l’affaire, cela est faux. Je demande simplement que soit protégée l’image de mon époux afin de protéger nos trois enfants déjà fortement ébranlés par ce drame. Les faits doivent quant à eux être relatés avec honnêteté », expliquait-elle.
Un serviteur de la France a été tué à coups de couteau, dans la rue, et sa patrie n’en a cure. Accoutumée à la barbarie, elle fait à peine état d’un drame pourtant symbolique, offensant au passage une veuve et trois orphelins. Qu’Alban Gervaise repose en paix, et puisse justice être faite sur son cas.
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