Ils auront (vraiment) tout détruit, y compris la démographie

@Camylla Battani/Unsplash
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Celui qui appelait les Français à penser printemps les a plongés dans l’hiver démographique.

Les naissances ont une nouvelle fois reculé en 2024, 2,2 % de moins qu'en 2023 et 21,5 % de moins qu'en 2010, année du dernier pic de naissances, annonce l’INSEE. Un nombre de naissances qui n'a jamais été aussi bas depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il faut noter aussi que l'âge moyen de la maternité s'élève à 31,1 ans (contre 29,5 ans en 2004), les générations se renouvellent moins vite.

Si « la démographie, c’est le destin », selon la formule attribuée à Auguste Comte, reprise par Éric Zemmour et Jordan Bardella, la France est dans un sacré pétrin.

Mais chut, il est interdit d’en parler. Ce sujet est  aussi diabolisé que tabou. Une puerophobie et une maternophobie, qui va de paire, d’atmosphère règnent sur nos têtes.

Yaël Braun-Pivet, qui a pourtant elle-même cinq enfants, a reproché au Premier ministre de ne pas avoir parlé d’euthanasie, mais nullement de démographie. Il n’est question dans notre pays vieillissant que de retraite et de mort. Peut-être, au fait, la deuxième est-elle la seule solution envisagée pour la première ?

François Bayrou, à peine nommé Premier ministre, disait avoir devant lui l’Himalaya à grimper, mais en matière de retraites, ce serait plutôt la pyramide, non pas de Khéops, mais de Ponzi. Sans enfant pour assurer les cotisations futures, ce n’est pas jusqu’à 65 ans qu’il va falloir travailler, mais jusqu’à 95 ans, en déambulateur.

Qui appelle aujourd’hui, à avoir des enfants en Occident ? Elon Musk, qui a montré l’exemple, du reste, Orban et Meloni. Qui, en France, aux dernières élections, a parlé de démographie et propose une politique alignée sur l’Italie et la Hongrie ? Reconquête et le RN.

Pourquoi la gauche n’aime-t-elle pas les enfants ?

N’est-ce pas pourtant Victor Hugo, qui a écrit « Préservez-moi, Seigneur, préservez ceux que j’aime, frères, parents, amis et ennemis dans le mal triomphants, de jamais voir, Seigneur, l’été sans fleurs vermeilles, la cage sans oiseaux, la ruche sans abeilles et la maison sans enfants. » Mais à l’époque, la gauche française ne détestait pas sa civilisation et ne redoutait donc pas les poupons, ce maillon de transmission. Pour être colonisé, il faut être colonisable, disait Senghor. Pour être remplacé aussi : qui va à la chasse perd sa place. Un féminisme pervers et schizophrène a convaincu la femme qu’elle devait tuer la mère, oubliant que dans 85 % des cas, c’était la même personne.

Il n’est pas une petite fille en maternelle qui ne souhaite être maman un jour. Il suffit de leur poser la question, elles lèvent le doigt très haut en chœur. Vingt ans plus tard, terminé.

Que s’est-il passé dans l’intervalle ? Elles ont été conditionnées. Dans un discours contradictoire, on les enjoints à ne pas se sacrifier pour la société (qui a besoin d’enfants), et à se sacrifier (si d’aventure elles avaient envie d’avoir des enfants) pour la planète déjà trop polluée. Dans les deux cas, le résultat est le même : il ne faut pas procréer.

Sur le média Konbini, on a pu voir voir, face caméra, une jeune femme prénommée Artoise qui affirmait s’être fait stériliser (ligaturer les trompes) à 23 ans. Elle explique qu’elle n’a eu aucun problème, qu’elle a été remboursée par la Sécu. À une époque où tout est réversible, le mariage, les études, le métier, on peut changer de tout, tout le temps même de sexe, on rend des filles de 23 ans qui ne savent rien de la maternité définitivement stériles, avec la bénédiction de la Sécu, c’est d’une violence extrême.

Et la gauche laïque ne voit même pas qu’elle se tire une balle dans le pied : car si ses propres enfants ont entendu son message malthusien cinq sur cinq, ceux qui sont attachés « religieusement » à la vie, continuent d’enfanter. Et justement, tiens, dimanche, c’est la Marche pour la vie.

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Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

5 commentaires

  1. Honnêtement, qui a envie de faire des enfants dans la France actuelle, dont l’état ne va pas en s’améliorant bien au contraire. Le lot quotidien d’extrêmes violences, la faillite de la justice, la difficulté à se loger, les déserts médicaux, le déclin de l’Éducation nationale, etc… Je ne suis pas d’accord avec la stérilisation définitive d’Artoise, mais je trouve égoïste et insensé de faire naître des enfants dans un monde inhumain.

  2. Question préliminaire: vais-je être censuré illico ? Voici deux générations, il n’y avait pas de contraception, les femmes subissaient la maternité, à une époque où l’hygiène et la vaccination faisaient reculer la mortinatalité. À partir de 1965, la pilule permit aux femmes de maîtriser la maternité. Au fil des années, il se révéla, d’une part, que les perturbateurs endocriniens, par les eaux usées, déréglaient faune et flore aquatique, d’autre part, que la fertilité humaine en était altérée. Dans les années 1970, Thomas W. Hilgers, alors étudiant en médecine à la faculté de médecine Creighton, aujourd’hui gynécologue-obstétricien à Omaha (Nebraska, USA), a commencé des recherches pour répondre à l’appel du Pape Paul VI, formulé dans l’encyclique Humanae Vitae (1968); après avoir rencontré le couple Billings en Australie, il décide que la base de ses travaux futurs sur la reproduction humaine sera la méthode Billings. Telle est l’origine de la NaProTechnologie, abréviation de « Natural Procreative Technology », ou « Procréation Naturelle Médicalement Assistée ». Celle-ci est la méthode de référence en Pologne. Voici son site français: Fertilitycare. En quoi consiste-t’elle ? En une coopération entre quatre personnes, l’époux, l’épouse, une infirmière spécialisée (dénommée « instructrice ») et un médecin ayant suivi une année de formation aux USA. Après l’examen des organes génitaux, tant du mari, que de la femme, s’ensuit, pendant plusieurs mois, la collation du cycle féminin: variations de température, examen de la glaire cervicale, ainsi que des analyses biologiques, permettant d’évaluer et d’ajuster de façon fine les hormones [estrogènes: estradiol, estrone, estriol; progestérone; hormone folliculostimulante (FSH); hormone lutéinisante (LH)]. Accessoirement, cette connaissance englobe l’entière santé de la mère (cancers). En outre, la femme n’étant pas abandonnée à elle-même, mais faisant partie d’un commando, 24 h sur 24, tout risque de dépression est éliminé. Paradoxalement, en France, la NaProTechnologie est la bioéthique des catacombes: 60 instructrices dont les coordonnées figurent au site internet, mais 10 médecins à l’identité mieux protégée qu’un espion infiltré, pour ne pas être interdits de PMA, voire radiés par la Sécurité sociale. Bref, 70 % de réussite, contre 16 % pour la FIV (en 2010, 139.344 tentatives, 22.401 naissances).

    • C’est bien technique et mécanique, tout ça ! Faire un enfant c’est d’abord un acte d’amour (faire l’amour), et non se transformer en sujet de laboratoire. C’est vrai que certains couples veulent à tout prix un enfant, mais je trouve ça égoïste dans le monde déshumanisé qu’est devenu le nôtre. J’ai d’ailleurs fait un peu plus haut un commentaire à ce sujet.

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