Ces apôtres de l’école publique passés par… le privé !
4 minutes de lecture
« Je vais vous raconter notre frustration de parents. Nous avons vu des paquets d’heures pas sérieusement remplacées. On en a eu marre. On a fait le choix de trouver une solution [et de se tourner vers le privé]. » Moins de 24 heures après sa nomination rue de Grenelle, Amélie Oudéa-Castéra est déjà au cœur d’une controverse Une partie de la presse s’indigne que le nouveau ministre de l’Éducation nationale ait choisi de scolariser ses trois garçons à Stanislas, prestigieux établissement privé catholique de Paris. La même polémique avait déjà visé Pap Ndiaye qui, bien qu’adulé par une partie de la gauche, avait placé ses enfants à l’École alsacienne, une école privée laïque.
À chaque nomination de ministre, une partie de la gauche ne peut s’empêcher de taper sur l’école libre dans l’espoir de la voir un jour disparaitre… Si cette polémique apparaît stérile, elle n’est pas sans rappeler l’hypocrisie de bon nombre de nos gouvernants qui, année après année, détruisent l’école publique à coups de politiques de mixité sociale ou d’abaissement du niveau sans y avoir jamais (ou presque) mis les pieds.
Un exécutif scolarisé dans le privé
Le nouveau gouvernement de Gabriel Attal, comme de nombreux autres qui l'ont précédé, en est la preuve. Sur les quinze membres nommés ce 11 janvier, les ministres à avoir effectué leur scolarité au sein de l’enseignement public se comptent sur... les doigts de la main ! Prisca Thévenot, nouvelle porte-parole de l’exécutif, est l’une des rares à avoir été scolarisée à l’école publique en zone d’éducation prioritaire (ZEP). Après le baccalauréat, celle qui se décrit comme « un pur produit de l’école républicaine » a tout de même intégré les prestigieuses classes préparatoires du lycée privé catholique Saint-Louis-de-Gonzague (Franklin) à Paris. Amélie Oudéa-Castéra peut, elle aussi, se targuer, comme elle l’a déjà fait devant les journalistes, d’avoir été scolarisée dans le public, tout comme Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture.
En revanche, les autres membres du gouvernement (du moins ceux sur lesquels nous disposons d'informations liées à leur scolarité) sont tous passés par l’enseignement privé. À commencer par Gabriel Attal, scolarisé au sein de la prestigieuse et élitiste École alsacienne à Paris. Bruno Le Maire a, pour sa part, étudié à Franklin, Gérald Darmanin au lycée privé catholique des Francs-Bourgeois, Éric Dupond-Moretti au lycée Notre-Dame de Valenciennes, Aurore Bergé à Saint-Jean-Hulst (Versailles), Marie Lebec dans différents établissements privés des Yvelines, et Sébastien Lecornu a suivi son cursus secondaire au sein du lycée Saint-Adjutor de Vernon. Restent Rachida Dati, d’abord scolarisée dans l’enseignement catholique chez les religieuses du Saint-Sacrement avant d’intégrer un lycée public, Christophe Béchu, qui a fréquenté l’école élémentaire Sainte-Agnès à Angers et le collège et lycée David d'Angers, établissement public. Des parcours qui ne sont pas sans rappeler celui d’Emmanuel Macron lui-même. Le président de la République a en effet poursuivi la majeure partie de sa scolarité à la Providence, un lycée privé jésuite à Amiens.
Hypocrisie du gouvernement
Ces parcours scolaires n’auraient rien de scandaleux si ces ministres ne passaient pas leur temps à vanter les mérites d’une école publique « mixte », « égalitaire » et moteur de « diversité » qu’ils n’ont eux-mêmes pas fréquentée. Virginie Fontcalel, professeur de lettres et chroniqueuse pour BV, rappelle ainsi que « notre gouvernement refuse d'augmenter le quota régissant le nombre d'élèves pouvant s'inscrire dans un établissement privé sous contrat et vante à longueur de discours les vertus inégalables de l'école publique » mais s'est bien gardé d'y mettre les pieds.
Emmanuel Macron, qui a seulement effectué sa terminale au sein du prestigieux lycée public Henri-IV jusque-là peu réputé pour la mixité sociale, avait ainsi nommé Pap Ndiaye à la tête de l’Éducation nationale, un ministre chantre de la diversité, à l’origine notamment d’un « plan mixité » au sein des établissements publics. Pap Ndiaye vantait donc les mérites d’une école où règne la mixité sociale et scolaire, sans pour autant vouloir y scolariser ses enfants. De même, face à la pénurie de professeurs, les membres de l’exécutif tolèrent depuis plusieurs années le recrutement d’enseignants parfois non formés ou non compétents - on se souvient des opérations de job dating (entretiens d'embauche express, NDLR) au sein de l’académie de Versailles -, non contents d’avoir quant à eux pu bénéficier dans leur majorité d’un enseignement d’excellence.
Les propos d’Amélie Oudéa-Castéra, s’ils font bondir les syndicats, ont le mérite d’être honnêtes. La majorité des membres de l’exécutif ont profité d’une scolarité au sein de l’enseignement privé et souhaitent aujourd'hui encore préserver leurs enfants des dérives - voire du naufrage - de l’école publique. Maintenant que le constat est fait, il est temps que le gouvernement se mette réellement au travail pour relever l’enseignement public.
Pour ne rien rater
Les plus lus du jour
LES PLUS LUS DU JOUR
Un vert manteau de mosquées
36 commentaires
Il y a beaucoup à dire sur l’enseignement public, mais le problème c’est d’abord le statut des enseignants, leur recrutement, leur niveau donc leur compétence. Qui fera le ménage du mammouth comme un certain ministre l’avez dit ??
J’ai toujours ( sauf les deux premières années pour cause de précocité) fréquenté l’école publique : 1956 à 1969 . Par contre, j’ai mis mes enfants dans le privé confessionnel, au vu de deux premières années pourries par des élèves harceleurs – bien français, mais lobotomisés/pervertis par la télé sans contrôle et les « familles recomposées » bancales..
Dans les années 1990 un ministre brillant avait permis à des enseignants retraités de venir palier le manque de profs. Les très rares volontaires ont vite fait marche arrière quand ils ont vu l’évolution…
A cette époque, les étudiants en licence de physique étaient encouragés à passer le CAPES. On prenait à 3/20 à l’écrit. On ne remontera pas la pente en un quinquennat.
Madame Castera a retiré son fils du public parce qu’ils ne voulaient pas lui faire « sauter » une classe. Elle a des pouvoirs certains car son mari est PDG de SANOFI… et elle est de la famille des DUHAMEL..etc…etc… fouillez un peu et vous comprendrez!
Le socialo Jérôme Guedj de l’Essonne a déclaré que son fils était en terminale dans le public. Avant d’avouer que son lardon était dans le privé! Ah cette pudeur.
Je veux parler bien sûr de la dégradation de l’enseignement public !
Résultats peu brillants .
J’ai passé ma jeunesse dans une ville de 70.000 habitants dans laquelle coexistaient un lycée de garçons et deux collèges privés catholiques de garçons. Les collèges privés étaient réputés de niveau inférieur à celui du lycée. Pour rejoindre celui-ci en provenance de l’un de ces collèges, il fallait se soumettre à un contrôle des connaissances. La ministre a raison de penser et de dire ce qu’elle a déclaré. Le pb n’est pas dans ses déclarations. Il est dans les raisons pour lesquelles l’enseignement s’est dégradé. On ne peut pas le résoudre si l’on ne commence pas par le poser.
Amélie Oudéa -Castéra a bien été scolarisée dans un établissement public : le prestigieux lycée Victor Duruy situé dans le 7ème arrondissement de paris boulevard des Invalides ; on propose aux élèves de ce lycée un large choix de langues vivantes que l’on ne trouve guère dans nos petites villes de province .
L’enseignement étant également un métier « en tension », pourquoi ne pas piocher dans le vivier des « chances pour la France » pour y recruter des enseignants, aussi bien dans les établissements publics que privés ? Car il y a aussi des manques de professeurs dans l’enseignement sous contrat, dont je précise qu’il n’est absolument pas « libre » étant donné qu’il a obligation de suivre les programmes scolaires du public depuis la loi Debré de 1959 !
Encore un coup monté par macron et son serviteur attal car ils savaient très bien que Mme Castera avait ses enfants dans un école privée AVANT d’être nommée à son poste. Parler d’autres choses que des problèmes sérieux et semer une fois de plus la discorde. Diviser pour mieux régner. Le coup monté est…génial…machiavélique… Et idem pour Dati.
Exellentes recherches , sur nos gens désignés , à quand la même étude approfondie sur les locataires de Notre ELYSEE racine et origine des Noms et prénoms ,arbre généalogique ,études , examens de moralité, etc ???? NOUS leurs Employeurs aimerions être tenus INFORMES ?sur les gens que nous employons. ceci valable aussi pour nos Ministres ,Députés ,Sénateurs hauts Cadres dont ceux de Bercy ? Mais nos journaleux soudoyés sont trop occupés par 2 cm de neige ou par des jeux (tel césar) leur muselière est trop juteuse en réduc d’impôts .
« À chaque nomination de ministre, une partie de la gauche ne peut s’empêcher de taper sur l’école libre dans l’espoir de la voir un jour disparaitre ». Une bonne partie, celle des Francs-Maçons.
Moi, ce qui me hérisse, c’est ce désir de vouloir montrer sa vie privée en exemple de ses soi-disant convictions. Tant mieux si ces édiles ont eu un parcours familial et scolaire témoins de favoritisme social, si ça les place en haut du panier, et pour gouverner c’est plutôt nécessaire, en tout cas ça devrait… Mais non, il faut qu’ils se vautrent dans des affirmations incessantes qui touchent à la repentance, alors qu’il suffit de dire: « ma vie privée n’a pas à avoir influence sur les actions que je dois mener pour répondre à ma mission, et vous ferez bien de n’y faire allusion ». Même certaines ministres et secrétaire d’Etat de Gauche ont tenu ces propos, et ont eu la paix!