Ils sont entrés par ici, ils ressortiront par là : quand les politiques en ballotage jouent les derviches tourneurs

borne

Analysant à chaud les résultats des législatives, Le Point écrivait, dimanche soir, qu’Emmanuel Macron, après s’être gauchisé, n’aurait d’autre solution que de se droitiser dans cette semaine d’avant-second tour. Et de le qualifier de « derviche tourneur ».

L’image est jolie, surtout venant de gens qui, eux aussi, ont joué allègrement les derviches tourneurs avant la présidentielle : tant que Valérie Pécresse était en selle, ils n’avaient pas de mots assez durs pour le Président sortant ; une fois leur pouliche éliminée, Macron devenait notre avenir radieux.

En ce lundi caniculaire, c’est pourtant la gueule de bois au sommet. L’alliance de la carpe, du lapin et du chat huant – la NUPES – est au coude-à-coude avec Ensemble, la majorité présidentielle des gens qui se haïssent. 21.440 voix les séparent. La NUPES résultant d’un sévère coup de râteau, on se demande où elle pourrait bien récupérer des voix… Eh bien, peut-être chez son adversaire !

On découvre en effet que le derviche tourneur a fait des émules. Ainsi Stanislas Guerini, notre nouveau ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, en ballotage défavorable, qui a appelé, ce lundi midi, à voter dans le Nord pour la candidate de la NUPES contre Marine Le Pen. Au moins aura-t-on probablement la joie de voir ce grand démocrate dégager du gouvernement. Comme quelques autres, sans doute.

Sur les quinze ministres qui se sont présentés, quatre sont donc en ballotage défavorable. La première d’entre eux, Madame Borne, arrivée en tête dans le Calvados, a elle aussi été très claire : « Notre position, c'est aucune voix pour le RN. » Ces gens-là ne sont pas républicains, qu’elle dit. Le parti se veut officiellement un peu plus nuancé, annonçant qu’en cas de duel NUPES/RN, les consignes de vote seront données au cas par cas. Mais pas pour le RN…

Madame Borne a de grandes chances d’être élue, pas sa protégée Amélie de Montchalin, le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, ni sans doute Clément Beaune, le ministre délégué chargé de l’Europe. Et si Brigitte Bourguignon, ministre de la Santé et de la Prévention, est arrivée en tête dans le Pas-de-Calais, comme son collègue Franck Riester, le ministre délégué chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité, tous deux vont livrer un duel serré avec des candidats RN. Mais au nom des « valeurs », gageons que la NUPES les soutiendra.

Et puis, il y a les anciens ministres qui auraient bien voulu s’offrir un fauteuil de secours à l’Assemblée et vont devoir aller cultiver leur jardin. C’est le cas de Jean-Michel Blanquer, éliminé dans le Loiret. 189 voix le séparent du candidat NUPES, et l’ancien ministre de l’Éducation annonce (ce lundi, sur BFM TV) faire un recours en raison du comportement de Bruno Nottin durant la campagne. Et de citer : « Faire des posts Facebook qui sont sponsorisés vers les électeurs, c'est interdit, par exemple faire venir des gens pour me parodier et éditer des tracts qui imitent mes tracts en disant des choses inexactes, toute une série de choses qui violent sciemment les règles de l'élection. Tout leur semble permis. » Pas faux.

Exit, également, Emmanuelle Wargon, dernier ministre chargé du Logement dans le premier quinquennat. Son collègue Laurent Pietraszewski, ex-secrétaire d’État chargé des Retraites, s’est quant à lui qualifié pour le second tour, mais loin derrière le candidat de la NUPES. Idem pour l’ex-ministre des Sports Roxana Maracineanu, très symboliquement devancée par la candidate NUPES Rachel Keke, porte-parole de la grève des femmes de chambre de l’hôtel Ibis Batignolles. Même sort pour Nadia Hai, ex-ministre délégué à la Ville, et pour Bérangère Abba, ex-secrétaire d’État chargée de la Biodiversité.

Enfin, dans les membres de feu le gouvernement Castex désormais sur siège éjectable, on citera Élisabeth Moreno, ex-ministre délégué à l’Égalité femmes-hommes.

Pas sûr qu’on les regrette…

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 15/06/2022 à 15:29.
Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

41 commentaires

  1. Faut pas pousser le bouchon trop loin , »Reconquête »…appeler à voter RN après avoir été floué au 1er tour serait très mal vécu par les partisans de Zemmour et pas très propre!

  2. Et Brigitte Kuster, LR, ancienne Maire du 17° à Paris, et notée comme une des meilleurs députés parisiens ?
    29 % contre 41 à une candidate Larem !

  3. Pour les macronistes c’est très clair : on ne choisit pas entre la peste et le choléra, mais… on préfère quand même le choléra ! ;-)

  4. Quand j’entends « pas une voix pour le RN ce ne sont pas des républicains » je me sens insulté et méprisé. Ayant le choix entre Nupes et Macron, je pensais à soutenir Macron mais finalement je vais voter blanc. Un homme méprisé est capable de tout.
    Ne plus voir la chevelure de Mme WARGON ni (j’espère) la tête d’adolescent de Clément BEAUNE sera quand même une (petite) satisfaction.

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