Immigration choisie : Éric Brunet se trompe. Voici pourquoi…
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Les lecteurs de Valeurs actuelles avaient déjà noté l'évolution très libérale d'Éric Brunet dont les chroniques sont surmontées de la devise "Liberté chérie". Oubliant, au passage, un autre vers de "La Marseillaise" : "Amour sacré de la Patrie". Dans le dernier numéro, Éric Brunet titre que "l'avenir, c'est l'immigration choisie" et sous-titre que "faire des migrants un atout économique, c'est possible". Nous démontrerons qu'il se trompe ; plusieurs fois.
D'abord par l'emploi du mot fourre-tout de "migrant", car il faut distinguer les situations juridiques de "candidat à l'immigration", réfugié, clandestin, candidat à la régularisation, naturalisé, "regroupés familiaux", bénéficiaire de visas et permis de séjour d'études, de travail…
Mais, surtout, Éric Brunet se trompe gravement en laissant croire que l'immigration serait un fait acté, inéluctable, pour lequel la seule marge de manœuvre ne serait plus que le contrôle plus ou moins rationnel, selon les seuls critères économiques…
Or, le principe majeur est le "droit des peuples à disposer d'eux-mêmes" introduit en 1945 dans la Charte des Nations unies. Plusieurs résolutions de l’Assemblée générale des Nations unies ont réitéré ce droit : résolution 1514 (15/12/1960, octroi de l’indépendance aux peuples colonisés et résolution 1541); résolution 2621 (12/10/1970) ; résolution 2625 (24/10/1970), Pacte de 1966 fondant la juridicité du droit des peuples. Ce droit des peuples est un droit de l'homme collectif, rappelé partout : article 4 du Pacte des Nations unies pour les droits civils et politiques : "Dans le cas où un danger [...] menace l'existence de la nation, [celle ci] peut prendre des mesures [de sauvegarde]" ; article 1er de ce Pacte : "Les peuples assurent librement leur développement social et culturel" ; et la Convention africaine des droits de l'homme et des peuples affirme même (art. 22) "le droit au respect de l'identité des peuples".
C'est à la nation française seule de décider de son immigration : zéro, négative ou positive. Or, elle n'a jamais été consultée sur cette grave question. Pire : ses dirigeants, trahissant la volonté souveraine des Français (référendum de 2005 sur la Constitution européenne), ont confié notre fragile destin sociologique de nation cohérente à Bruxelles (traité de Lisbonne 2008), notamment sur la question "migratoire".
Alors, que pèse la théorie de Brunet ? Rien. Notamment lorsqu'il s'en prend à la phrase de Laurent Wauquiez : "Il y a trop d'immigration en France […] nos capacités d'intégration sont saturées", ce qui, selon Brunet, suffit à "réveiller les vieux affrontement" droite-gauche". Or, ce clivage n'existe plus et, sur le thème de l'immigration, il y a un consensus, y compris chez les Français issus de l'immigration, pour fermer la porte car : 12 % de chômeurs, 15 % de travailleurs et retraités pauvres, la jungle de Calais, la menace islamiste, les banlieues et l'école hors contrôle, les budgets sociaux exsangues…
La planète est confrontée à une expansion démographique sans précédent historique (de 1 milliard à 7 milliards et demi en un siècle) : l'humanité doit savoir que ce n'est plus possible et que l'Europe n'a pas vocation à absorber le boom nataliste des pays pauvres. Les démographies doivent être stabilisées.
Le vieillissement ? Il est la donnée désormais incontournable de cette stabilisation. On doit l'accepter et s'y adapter.
Les "exemples" du Canada et de l'Australie ? Que Brunet compare les densités ! Canada : 4 habitants au km² ; Australie : 3 ; France : 117 ; Allemagne : 232. Et les pays de départ ? Côte d'Ivoire : 63 ; Congo : 13 ; Soudan du Sud : 18 ; Maroc : 74 ; Algérie : 16. Quant aux USA, malgré leurs espaces, ils voient se constituer des communautés musulmanes refusant l'intégration, voire agressives (même numéro de Valeurs actuelles). L'expansion continue de l'humanité est finie. Il est temps de le comprendre et d'en tirer les conséquences. Migrationnismes libéral et gauchiste, même combat ?
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