Immigration : et voici qu’un cardinal parle de « racines migratoires » !

Capture d'écran archidiocèse Brazzaville
Capture d'écran archidiocèse Brazzaville

Le dimanche 29 septembre prochain, l’Église catholique célébrera sa Journée mondiale du migrant et du réfugié (JMMR), à ne pas confondre avec celle organisée par l’Organisation des Nations unies, tous les 20 juin. Une journée qui ne date pas d’hier, puisque ce sera la cent-dixième. C’est, en effet, le pape Benoît XV qui l’institua en 1915. Il s’agissait, à l’époque, de soutenir les œuvres pastorales visant à aider et accompagner les migrants italiens. Car l’émigration (et, donc, par voie de conséquence, l'immigration) était considérée par l’Église catholique comme un mal. En 1888, dans sa lettre apostolique Quam aerumnosa (Ô qu’elle est misérable), le pape Léon XIII fustigeait alors la migration, tant à cause des souffrances qu’elle inflige au migrant que du risque que ce migrant perde la foi. Le souverain pontife avait bien évidemment à l’esprit ces migrants catholiques, notamment italiens, arrivant dans des pays protestants, athées ou marqués par les idées modernistes, notamment outre-Atlantique. Décidément, les temps changent. La preuve…

 

Comme si la migration était une sorte de patrie…

 

Aujourd'hui, cette JMMR est devenue l’occasion de promouvoir le phénomène migratoire sous couvert d’Évangile. Le droit à l’immigration avant le droit à vivre dans la patrie de ses ancêtres. Vous me direz que le 29 septembre, ce n’est pas demain. Non, mais c’est hier. Car, comme le veut la coutume, le pape, à quelques mois de cette journée, délivre un message pour y annoncer le thème de cette journée à venir. Et ça tombe bien, le pape a publié ce message le 24 mai dernier : quelques jours avant les élections européennes, alors que la question migratoire est au cœur même de cette campagne. Son missi dominici en matière migratoire, le cardinal canadien d’origine tchèque Michael Czerny, dans les pas de celui qui l'a créé cardinal en 2019, a exhorté, nous rapporte Le Figaro, les électeurs européens à « se souvenir de leurs racines migratoires ». Si vous voyez ce que je veux dire... « Racines migratoires » : curieuse expression, à la limite de l’oxymore. On est un migrant, ou descendant de migrants, ayant des racines africaines, italiennes, portugaises (que sais-je, encore), mais on n’a pas des « racines migratoires ». Comme si la migration était une sorte de patrie. On attendrait d’un prince de l’Église (c’est comme ça qu’on dit encore), originaire de la Vieille Europe et ayant migré avec sa famille au Canada pour fuir le communisme, qu’il invite les Européens à se souvenir de leurs racines chrétiennes. Mais non. Trop daté, sans doute. Tous migrants ou fils de migrants et, donc, tous citoyens d’un monde qui n’a pas besoin de frontières. Le pape n’écrit pas autre chose, dans sa lettre du 24 mai, comparant la situation des migrants d’aujourd’hui à celle du peuple hébreu fuyant l’Égypte pour la Terre promise. À la seule différence que le peuple hébreu, si l’on en croit la Bible, ne se sentait pas chez lui chez Pharaon.

Mais le cardinal Czerny, sans doute emporté par son enthousiasme immigrationniste, va encore plus loin dans sa déclaration : « Il est facile de dire "La migration est une crise mondiale". C’est faux et stupide, mais cela fait peur. » Sous-entendu, ces fameuses peurs sur lesquelles surfent les populistes. Il n’y a pas d’insécurité mais un sentiment d’insécurité ; il n’y a pas de crise mondiale de la migration mais le sentiment qu’il y a une crise mondiale. Circulez, il n'y a rien à voir. On se demande alors pourquoi ils en font autant.

Benoît XVI n’est pas encore à l’Index, mais il ne serait peut-être pas stupide, justement, pour reprendre l'adjectif du cardinal Czerny, de revenir sur les prises de position du prédécesseur de François sur ce sujet migratoire, conformes d’ailleurs à la doctrine sociale de l’Église : certes, toute personne à un « droit à immigrer » en vue « de meilleures conditions de vie », mais « les États ont le droit de réglementer les flux migratoires et de défendre leurs frontières en garantissant toujours le respect dû à la dignité de chaque personne humaine ». Et Benoît XVI ajoutait : « Les immigrés ont le devoir de s'intégrer dans le pays d'accueil, en respectant ses lois et l'identité nationale. » C’est clair. Comme toujours, avec Benoît XVI. Le cardinal Sarah, lui non plus, n'est pas encore à l'Index. Alors, on écoutera ou réécoutera avec profit ses déclarations sur l'immigration, notamment celles faites à BV, comme celle-ci : « C’est une fausse idée de promouvoir l’immigration... »

Vos commentaires

70 commentaires

  1. Merci, mon Colonel, de cet article si éclairant. Perso, je me moque depuis Vatican II de ce qui sort de la bouche de ces Cardinaux et de certains Papes, vendu à l’idéologie moderniste. Michel de Saint Pierre avait tellement raison : relisez « Les fumées de Satan », tout est dit !

  2. Un triple BRAVO à Benoit XVI comme toujours, mais ce précheur discrédite l’Eglise (est ce volontaire ??)

  3. Quand j’ai vu sa tête en découvrant l’article je me suis demandé si ce n’était pas Moscovici ou un frère…
    Je me demande quelle est l’influence des Loges dans l’Eglise.

  4. Rien de nouveau, ce cardinal ne fait que reprendre les propos du pape progressiste argentin. Visiblement, l’Église est très douée pour transformer des dogmes et des mesures prises par l’Église : autrefois, on redoutait l’immigration car on craignait que les chrétiens perdent leur foi en migrant vers des pays protestants ou athées ; aujourd’hui, on fait venir en masse des non chrétiens pour poursuivre l’effacement du catholicisme. Et les catholiques français ne bronchent pas : si le pape le dit, c’est bien. Voilà comment notre religion va disparaître, diluée dans l’islam avec la complicité du Vatican.

  5. Oui à à peu près tout ce qui est écrit ici. Non l’Eglise n’est pas en perte de vitesse. Et des positions comme celle de ce sous pape ou de François sont peut être écoutées par respect mais nullement suivies à la lettre. Contrairement à d’autres doctrines le Chrétien n’est pas pris dans l’étau d’une croyance obligatoire et définitive. Il doit passer ses comportements, opinions etc. au crible de sa son intelligence. Chaque Pape apporte sa pierre à un déjà ancien édifice et il est sûr que celles de JP II ou Benoit XVI étaient différentes. Patience…

  6. Le catholicisme a toujours porté en lui les germes de la destruction de la civilisation qui l’abritait. Sa première victime fut sans doute l’Empire romain, qui se développa grace à une exaltation des valeurs guerrières implacables du légionnaire et des patriciens qui l’encadraient, et s’éteignit avec l’accueil des barbares-migrants quand les évangiles enseignèrent enfin l’amour du prochain au plus grand nombre. Dix-sept siècles plus tard, la hiérarchie catholique contribue à saborder notre civilisation une seconde fois. Ce cardinal me fait penser à ces hippies des années 60 qui mettaient Jesus à toutes les sauces et prêchaient l’amour universel. Habillé de façon plus classique, mais le message reste le même : Peace and love, brothers …

  7. Article parfait comme bien souvent avec Georges MICHEL . Bien sûr que nous sommes prêts à accueillir ceux qui cherchent une vie meilleure dès lors qu’ils respectent celui qui les accueille et s’intègre totalement dans le respect des lois et usages de son hôte.
    Quelques immigrés rentrent dans ce cadre mais tant d’autre font un tel mal , ces petits crétins qui gangrènent la vie ne méritent rien d’autre que la porte ou la prison.

  8. Heureusement , nous les chrétiens n’écoutons ni le pape ni ses princes de l’Eglise.

    • Hélas… Un ami « catho-catho » pro Vatican m’a répondu un jour : « le pape est sacré ». Dramatique. Et lorsqu’on ose parler du culte tridentin ou du cardinal Sarah, on se fait insulter par ces mêmes « bons cathos ».

  9. J’ose espérer qu’il en prendra une cinquantaine à sa seule charge, frais de santé y compris sinon qu’il ferme son claque et qu’il démissionne de son rôle de cardinal. Encore un individu qui ne sait plus ou est la raison.

    • C’est exactement ce qu’il m’est venu à l’esprit! l’Eglise ferait mieux de faire acte de repentance pour tous les crimes commis : inquisition, croisades, chasses aux « sorcières » position de P.XII pendant la seconde guerre mondiale, et j’en passe…Ils peuvent prendre une « multitude » d’émigrés, le Vatican est suffisamment grand et riche.

  10. Je ne contribue plus au denier de cette eglise qui semble compter sur les progressiste pour se requinquer. Triste constat.

  11. Ces ecclésiastiques qui donnent des leçons au monde entier , bien enfermés , en sécurité dans leurs palais et et bien propres sur eux dans leurs chasubles .. Qui n’ont jamais pris et ne prendront jamais le métro, ne rentreront jamais dans leurs banlieues à minuit et ne craindront jamais pour l’avenir de leurs enfants , sont totalement inaudibles et leurs péroraisons sont sans importance .

  12. Encore un qui contribue à faire fuir les églises. Un cardinal nommé par le Pape celui-ci ?.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois