Immigration illégale : l’ancien directeur de la PAF tire la sonnette d’alarme 

© Marsyas Wikipedia CC BY-SA 2.5
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Fernand Gontier pourrait être un homme d'un autre siècle. Un nom et un prénom à jouer dans un film des années 70, une moustache et des lunettes dignes des grands flics d'autrefois, et une carrière exemplaire derrière lui. Il a dirigé la police aux frontières, la PAF, ancienne police de l'air et des frontières, entre 2017 et 2022, c'est-à-dire pendant le premier des deux interminables quinquennats d'Emmanuel Macron. À ce titre, il a publié, en janvier 2024, La Face cachée de l'immigration, aux Éditions Baudelaire, un entretien avec une certaine Miss Konfidentielle, journaliste police-justice.

Oui, Fernand Gontier, avec son efficacité discrète et son palmarès impressionnant, pourrait être l'homme d'un autre siècle, mais c'est dans le nôtre qu'il a atterri, à la tête d'une police aux frontières désarmée, avec une mission impossible : contrôler des frontières que tout le monde veut laisser grandes ouvertes, arrêter des migrants illégaux que personne ne veut arrêter et encore moins expulser ; bref, jouer les utilités pour donner des gages au peuple, tandis que les gouvernements successifs laissent méthodiquement l'invasion migratoire suivre son cours.

Et toujours le Conseil d'État...

L'agence Frontex va se doter de 10.000 effectifs supplémentaires, d'ici à 2027, pour protéger les frontières de l'espace Schengen. Fernand Gontier rappelle, ce lundi, dans les colonnes du Figaro, que la France pourrait demander à en utiliser une partie, car certaines de ses frontières sont aussi celles de l'espace Schengen. L’État semble ne pas le vouloir, « pour ne pas apparaître comme un État déficient », suppute le commissaire, qui est trop gentil. Comme pour faire contrepoids à cet optimisme, il rappelle au cours du même entretien que les moyens de détection de personnes aux frontières, utilisés dans les aéroports, ne sont jamais mis en œuvre aux frontières intérieures, qui sont pourtant le moyen d'accès de 90 % des migrants illégaux qui arrivent en France. Le Figaro enfonce le clou en rappelant qu'en février 2024, le Conseil d'État a émis un arrêt empêchant l'expulsion immédiate des migrants pris sur le fait.

La leçon d'Athéna

Parce qu'il est habitué à mener ses déductions jusqu'à leur terme, le grand flic ajoute, en guise de conclusion : « L’immigration illégale, subie et massive, devient ingérable, dangereuse et déstabilisante pour les démocraties et nos modes de vie. Les frontières permettent ainsi de protéger l’intérêt général face à des intérêts individuels étrangers. » C'est clair, net et précis, et on se demande bien pourquoi la classe politique n'est pas de cet avis. La frontière, la borne, est ce qui, par contraste, rassemble la communauté qui se tient du côté national. Cette dialectique du dedans et du dehors est typiquement européenne, non au sens de l’UE mais au sens de la civilisation occidentale. Parmi mille autres figures, le regard d'Athéna pensive, sculptée sur un bas-relief du Parthénon, nous renvoie à plusieurs millénaires de clarté identitaire : Dans un discours célèbre consacré à cette œuvre, le philosophe Martin Heidegger rappelait que la borne rassemble ce qui est présent, bien avant d'exclure l'étranger. On appellerait ça, en termes vulgaires et pour le cas qui nous intéresse, la cohésion nationale.

Il n'y a aucun bémol à mettre à cet entretien limpide. Tout au plus peut-on éventuellement se demander pourquoi le commissaire, comme certains grands chefs militaires ou certains hauts fonctionnaires, attend d'avoir tous ses trimestres de cotisation pour donner de la voix. Ce n'est pas notre affaire. Rendons-lui au moins hommage pour ce courage, un peu tardif certes, mais rare et donc admirable. Et espérons que cette situation d'apocalypse ne dure pas trop.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

30 commentaires

  1. Être fonctionnaire c’est devoir se taire. A peine un tout petit peu moins quand on approche de la retraite…Ce n’est pas valable qu’en Chine ou en Russie.

  2. Il faut obliger chaque membre du Conseil d »Etat, du Conseil Constitutionnel, et de la Cour Européenne des Droits de L’homme, d’héberger chez eux, dans leur demeure, cinq ou six migrants. Ca les calmera sans doute un peu.

  3. L’immigration et la libre circulation des migrants en France et dans l’espace shengen sont faits pour faciliter la compréhension de la géographie et l’histoire pour le petit qui nous gouverne actuellement.

  4. Il faut supprimer le conseil D’État qui pour moi ne sert a rien et est au dessus des tribunaux et commander pars des personnes qui ont ruiné la France

    • Oui, le Conseil d’Etat est pétri de vices rédhibitoires, mais en l’occurrence lorsqu’il décide que les clandestins ne peuvent pas être expulsés dès qu’ils ont franchi une frontière extérieure de l’UE, il ne fait qu’appliquer la législation de Bruxelles, et les décisions de la Cour de justice de l’UE-CJUE et de la Cour européenne des droits de l’homme-CEDH.
      Pour reprendre le contrôle de nos frontières françaises intérieures et extérieures, il n’y a qu’une seule solution : sortir de l’union européenne et également de la pro-immigration CEDH qui est un organe du Conseil de l’Europe lequel n’a strictement rien à voir avec l’UE.

      • Je confirme. Le traité d’Amsterdam (1997) a créé “un espace de liberté, de sécurité et de justice” à l’intérieur de l’Union européenne. Le contrôle de l’immigration, les visas, le droit d’asile et la coopération judiciaire en matière civile, qui relevaient jusqu’alors de la seule coopération intergouvernementale, ont été “communautarisés » et relèvent donc uniquement de la Commission de Bruxelles. Ce qui rend risibles (jaune) les rodomontades de notre personnel politique jurant qu’ils vont arrêter l’immigration. Impossible en dehors du frexit.

      • Comment se fait-il alors que la Suède ait pu prendre des mesures et que son solde migratoire cette année soit négatif ?

  5. Pourquoi monsieur Leggeri de frontex à démissionner et parti chez le RN parce que ont lui interdisait de surveiller les frontières et de laisser passer les migrants.

  6. Dés 1972, lors de la création du FN, JMLP dénonçait avec éclats les dangers mortels de l’immigration et il fut insulté pour ça !

  7. Et donc ? Constats à la Prevert , liste des méfaits et autres trahisons longue comme un jour sans pain , bien sûr qu’il faille évoquer ces horreurs pour les milliers de lecteurs de BV mais ensuite ? Pour être honnête je ne lis presque plus les articles BV sauf ceux de Mr Florac avec son style sans détour et sans circonvolution

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