Immigration : « Le Conseil constitutionnel va vraisemblablement censurer la loi »

photo-output (15)

Jean-Yves Le Gallou, IEP de Paris, ENA, ancien député européen du FN après être passé par l’UDF et le PR, est essayiste, président du think tank Polémia et cofondateur de l'Institut Iliade, un autre cercle de réflexion qui se consacre à la défense de l’identité française. Aujourd’hui favorable à l’inscription de la préférence nationale et civilisationnelle dans la Constitution, il avait formalisé cette idée de préférence nationale dans un ouvrage paru en 1985. Il considère que le Conseil constitutionnel risque de censurer la loi, pourtant voulue par une large majorité de la population française.

Marc Baudriller. Reconnaissez-vous la paternité du concept de priorité nationale qui fait polémique dans la loi Immigration votée ce 19 décembre ?

Jean Yves Le Gallou. Les idées circulent de manière virale, il y a rarement une paternité unique dans ces matières. Mais, effectivement, j’ai publié en 1985 chez Albin Michel un livre qui s’intitule La Préférence nationale : réponse à l’immigration. Ce livre est la matrice du concept de « préférence nationale ». On retrouve ensuite cette idée dans le programme du Front national de 1986 et dans d’autres qui ont suivi. On le retrouve aussi dans le débat public de manière plus générale.

M. B. Un sondage publié aujourd'hui par CNews donne 71 % de Français favorables à la « préférence nationale ». Y voyez-vous le résultat de votre combat et de celui du Front national auquel vous avez participé ?

J.-Y. L. G. Dans toute affaire, il y a une avant-garde. Le Front national, en particulier à l’époque de Jean-Marie Le Pen, était l’avant-garde de ce combat. Le FN a pu paraître laissé de côté pendant un certain temps avec le Rassemblement national, mais il revient au premier plan parce que l’actualité est terrible. Cela arrive tard, à un moment où nous avons une immigration massive, avec 500.000 entrées par an et 40 % des naissances qui sont d’origine extra-européenne. Mais mieux vaut tard que jamais !

Ce que nous voyons surtout aujourd’hui, en matière d’immigration, c’est l’émergence du réel. Il y a une prise de conscience et une prise de parole sur les aspects particulièrement catastrophiques de l’immigration en termes d’éducation, de budget, de délinquance. En contrepartie de cette prise de conscience, il y a la volonté exprimée de maîtriser cette immigration, de l’arrêter ou de la réduire. Face à cet objectif de réduction de l’immigration, la préférence nationale est une mesure déterminante.

M. B. Cette idée vous semble-t-elle installée durablement dans l’opinion et peut-elle être développée ?

J.-Y. L. G. Dans la loi Immigration, la préférence nationale a été introduite en effet de manière un peu limitée, dans le logement avec les APL, mais c’est une toute petite partie de ce qui pourrait être fait. Il a un champ d’extension considérable. Au fond, cette loi Immigration met le pied dans la porte. En matière de préférence nationale, on pourrait également viser les allocations familiales dans leur quasi-totalité, l’accès au logement, l’accès à l’emploi... Aujourd’hui, on a reconnu la légitimité du principe mais on n'a fait que 2 ou 3 % du chemin. Il y a de la marge !

M. B. C’est donc, pour vous, le début d’un processus ?

J.-Y. L. G. Si on veut que la France survive et que la civilisation européenne et chrétienne reste présente en France de manière majoritaire, il faudra en effet accélérer ce processus.

M. B. Êtes-vous confiant sur la concrétisation, dans l’avenir, de la préférence nationale dans notre pays ?

J.-Y. L. G. Le Conseil constitutionnel va vraisemblablement censurer la loi sur l’immigration sur cet aspect de la préférence nationale : il signera ainsi à terme son arrêt de mort. Si un certain nombre de dispositions de la loi sont invalidées en ne laissant que les aspects laxistes, comme la régularisation des clandestins, le Conseil constitutionnel se heurtera à l’immense majorité du peuple français. Il faudra alors que le peuple se débarrasse de cette institution dont le général de Gaulle ne voulait pas dans la forme qu’elle a prise aujourd’hui.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

52 commentaires

  1. Je ne comprends pas pourquoi on ne demande pas au Conseil Constitutionnel de valider un texte de loi AVANT le vote au Sénat et à l’Assemblée. Quelle est l’efficacité de laisser bosser les Parlementaires et leurs équipes pendant des mois pour aboutir à une loi qui pourra être rejetée ? C’est un peu comme si, au lieu de déposer un permis de construire, on vous disait ″bâtissez d’abord la maison et on vous dira s’il faut la raser″ …

  2. Bien entendu que le conseil constitutionnel va vider de sa substance cette loi,il faut faire un référendum point barre,mais ils ne s’y risqueront pas de peur de donner raison aux français

  3. Le dernier mot reviendra au peuple à la seule condition qu’il se mobilise pour sa survie face a la democrature macronienne mais surtout face a l’Europe. D’autres peuples lui montrent le chemin a lui de saisir l’opportunité où c’est lui qui moura.

  4. Le conseil constitutionnel, composé des copains, est tout sauf neutre, et surtout aux ordres En faire un recours est risible, ou bien prendre les électeurs pour ce qu’ils sont (des c….)

  5. Il reste toujours un dernier recours aux Français … descendre dans la rue. Ça rigolera peut-être moins au conseil constitutionnel et sous les ors de la République …

  6. quand on voit les pantins qui sont au Conseil Constitutionnel, plusieurs ont été jugés pour des faits très graves, on sait ce qu’il va ressortir et que tout va être retoqué ! c’est une destitution qu’il faut , une dissolution de l’Assemblée Nationale !

  7. La conclusion de votre interwiew veut tout dire. Ce conseil constitutionnel n’a plus sa raison d’être car les français ne sont pas dupes il en va du copinage politique et les requins ne se mangent pas entre eux.

  8. Une pantalonnade démocratique , ou une majorité vote un texte en sachant qu’il va être censuré par le juge constitutionnel , une première en démocratie ; et pendant ce temps à Bruxelles , un accord européen qui aura valeur juridique supérieure à ce qui restera de notre loi nationale .

  9. Le Conseil Constitutionnel est une troupe de chevaux qu’une poignée de picotin aura tôt fait de faire rentrer à l’écurie. Définition de F. Mitterrand dans le Coup d’Etat permanent 1964.
    Rappelons que Roland Dumas avait validé les comptes présidentiels, manifestement insincères de Chirac.
    E

  10. N’étant pas juriste, j’ai longtemps cru que le Conseil Constitutionnel était un outil qui permettait à un gouvernement AVANT le vote d’une loi d’indiquer à celui-ci comment rédiger celle-ci de manière à respecter la constitution. Bref, pour le béotien que je suis, le Conseil Constitutionnel est donc un conseil.
    Le fait que celui-ci, qui est composé de hauts magistrats non élus, puisse retoquer, voire démolir du sol au plafond une loi qui a été votée par un parlement légitime car élu, me parait constituer un danger de dérive autoritaire voire carrément dictatoriale.
    En l’espèce Macron n’a jamais voulu de ce texte car par idéologie personnelle, il reste fondamentalement un socialiste. Par conséquent, avec un ou deux coups de téléphone au président du CC, Narcisse va obtenir un détricotage en règle de la loi, puis il viendra expliquer aux Français, qu’il n’est pour rien dans cette entreprise de démolition. Il ira même jusqu’à ajouter que le CC grand défenseur de la constitution n’a fait que jouer son rôle de protecteur des institutions, et patati et patata…

    • C’est fort bien résumé. Ce qui est encore plus pernicieux, c’est qu’une fois que la loi aura été vidée de sa substantifique moelle et que le texte exprimera exactement le contraire de ce qu’il était censé être, on nous dira que la volonté des Français en matière d’immigration a enfin été accomplie grâce au gouvernement et aux députés de la majorité. Le sujet ayant été traité et bien traité, l’affaire est classée, il est donc devenu inutile d’aborder le sujet de l’immigration pour les 30 années à venir. Le faire sera considéré désormais comme un délire de l’extrême droite raciste et xénophobe. C’est ce qu’on appelle une manœuvre de garçon de bain de M. Macron et de LREM.

  11. Ce qui parait choquant, c’est que les députés élus par le peuple votent une loi, exprimant ainsi la volonté du peuple et que par derrière, une institution non élue par le peuple, invalide cette loi, ou que des juges « interprètent » cette loi, la vidant de toute substance. Que peut faire et que doit faire le peuple, pour voir sa volonté réalisée sur le terrain ? La révolution ? Mettre les juges à la porte des tribunaux manu militari ? Quel est le sens du mot démocratie dans une telle société ? Si c’est la volonté de quelques individus nommés et non élus qui l’emporte sur la volonté de plusieurs dizaines de millions d’électeurs qui se sont exprimés, ce que je peux admettre, qu’on arrête d’appeler cela démocratie et qu’on arrête les élections inutiles. Cela s’appelle une dictature et une dictature n’a pas besoin de l’assentiment du peuple pour assurer son pouvoir. Pour cela, la force lui suffit.

  12. Si le conseil constitutionnel censure la loi immigration, c’est la porte ouverte à la guerre entre les deux chambres et le gouvernement.
    Ça risque de très très mal finir.

  13. Je rêvais d’ un CC se déclarant incompétent compte tenu du contexte en voulant éviter un soulèvement populaire qui ne manquera pas de se produire lors des prochaines élections européennes si les élites persistent dans leur entêtement .Car il semble qu’un raz de marée des droites soit le seul moyen de remettre ce système dans le droit chemin en votant une fois les élections terminées la fin de mandat de tous ces satrapes autoproclamés.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Revivez le Grand oral des candidats de droite

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois