Immigration : un beau numéro de jongleur offert par RFI

JONGLEUR

« Les migrants africains sont moins nombreux que les migrants européens » : c’est le titre d’un article publié par RFI. C’est donc du sérieux et on est prié de prendre ça pour argent comptant offert par le service public, c’est-à-dire par nous. Et il faut avouer que ce titre jeté comme une bouée à la mer en plein débat sur la loi Immigration amène drôlement et au bon moment de l’eau au moulin de tous ceux qui nous disent qu’il n’y a pas de crise migratoire, qu’il n’y a pas lieu de légiférer, et tout ça. « L’occasion de casser quelques idées reçues… », comme l’écrit RFI.

Histoire de « casser quelques idées reçues… »

Donc, les migrants africains sont moins nombreux que les migrants européens. Explications. C’est ce que nous apprend une certaine Flore Gubert, directrice de recherche à l’Institut de recherche pour le développement et directrice adjoint de l’Institut Convergences Migrations. Pour mémoire - mais cela vaut le coup de s’y arrêter quelques instants pour bien comprendre l’esprit -, cet institut, en novembre 2021 à l’occasion de la campagne présidentielle, avait offert un formidable numéro de jonglerie de chiffres à LCI afin de contrecarrer les propos de Valérie Pécresse qui faisait le lien entre immigration et délinquance.

Pour résumer : certes, les étrangers sont surreprésentés dans les condamnations pénales, mais il faut bien voir que « les immigrés (dont les étrangers) et leurs descendants sont surtout présents dans les types de délinquances qui sont typiquement celles des milieux populaires [ces fameuses « classes dangereuses », comme on disait au XIXe siècle, NDLR], mais qui sont également les formes de délinquances les plus visibles, les plus simples et donc les plus réprimées par la police et la justice ». La question est donc « sociale » et non sociétale. Toujours histoire de « casser quelques idées reçues »...

Une migration peut en cacher une autre...

Donc, pour revenir à notre sujet, on apprend que sur les 280 millions de migrants internationaux à travers le monde, 40 millions sont africains. « Même si le nombre de migrants africains, 40 millions aujourd’hui, a augmenté de 30 % depuis 2010, les migrants européens sont plus nombreux en valeur absolue et par rapport à leur poids démographique. » Rien, dans l’article de RFI, pour souligner que cette augmentation de 30 % en moins de 15 ans est considérable, surtout si à l’avenir cette augmentation devait suivre cette courbe exponentielle.

Mais là où l’on ne peut qu’admirer la dextérité à jouer avec les chiffres, c’est lorsque Flore Gubert explique que « l’Afrique, c’est 16 % de la population mondiale mais c’est 14 % des migrants ». Et d’ajouter que « si on prend l’Europe, c’est 10 % de la population mondiale mais c’est presque 24 % de la migration internationale ». Un train peut en cacher un autre, une migration peut en occulter une autre. Vu comme ça, on ne peut qu'en redemander.

Les Africains de l'Ouest, certes. Mais le Maghreb ?

Mais là où l’on atteint les sommets du grand art, c’est lorsque cet article nous dit que « les Africains migrent avant tout vers le reste de l’Afrique ». C’est probablement vrai, il n'y a pas de raison d'en douter. Flore Gubert nous donne d'ailleurs les chiffres. Des chiffres qui, de prime abord, devraient nous rassurer et permettre de « casser nos idées reçues ». « Si vous prenez 100 Africains qui quittent leur pays en provenance d’Afrique de l’Ouest, il y en a 70 qui vont rester en Afrique », nous dit Flore Gubert, qui ajoute : « Et sur ces 70, la grande majorité va privilégier un pays de la sous-région. Il y en a 15 qui vont se diriger vers l’Europe et six vers l’Amérique du Nord. » En clair, 15 % seulement des migrants africains de l'Ouest émigrent vers l’Europe. C’est rien, non ? On ne nous dit pas combien sont ces Africains de l'Ouest sur les 40 millions cités plus haut, mais si l'on prend ce pourcentage de 15 % et qu'on l'applique à l'Afrique tout entière, ça ferait tout de même au minimum 6 millions de migrants. Ce qui est déjà pas mal.

Au minimum 6 millions, car parmi les autres régions d’Afrique, il y a le Maghreb et l'on peut supposer que le nombre de Maghrébins rejoignant l'Europe, et notamment la France, est plus important que celui partant pour les Amériques. Nous semble-t-il...

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

33 commentaires

  1. Je suis pour zéro émigration et pour le retour d’urgence aux migrants qui ont violé nos frontières. Nettoyage des cités de la racaille et lourdes sanctions pour ceux qui protègent et cautionnent les migrants.

  2. A l’énorme différence près que les immigrés européens, de même culture, s’intègrent et travaillent. Ceux d’Afrique ont un taux de chômage 2 fois plus élevé et ont donc beaucoup plus recours aux généreuses aides sociales.
    Sachez aussi qu’un nombre important d’étrangers en provenance du Maghreb (rapport d’Agnès Verdier-Molinier), arrive en France au moment de leur retraite pour…profiter du minimum vieillesse, généreusement distribué par la France, alors qu’ils n’y ont jamais cotisé !
    Et vous vous demandez encore pourquoi la France est le pays le plus taxé au monde, alors qu’il est aussi l’un des plus endettés ?
    Continuez à trimer les français. C’est ce que j’appelle le syndrome CENDRILLON : les étrangers prennent possession de sa demeure et ils sont obligés de travailler dur pour les entretenir.

  3. La perfidie de tous ces gens de gauche, qui nous expliquent -la bouche en cœur- que c’est pour leur bien qu’ils migrent alors qu’ils leurs serviront d’esclaves sans chaînes.

  4. Il y a eu environ 15 millions de migrants débarqués en France en 40 ans. C’est ka seule choses qui compte. Soit 25% de la population française. Qu’ils soient devenus Français ou pas c’est la même chose. Seuls les papiers ont changé

  5. Admettons que tout cela soit vrai. Il convient néanmoins de préciser que la migration européenne est globalement une migration d’élite, et la migration africaine, une migration de rebus.

  6. Les statistiques sont comme les strings : elles dévoilent ce que l’on accepte de montrer et cachent l’essentiel.
    D’ailleurs selon Churchill il existe 3 sortes de mensonges : les petits mensonges, les gros mensonges et le s statistiques.

  7. De toutes évidence, regardons les migrants débarquant à Lampedusa au Sud de l’Italie pas la peine de faire des déclarations alambiqués. Ça ressemble plutôt a un esclavagisme moderne.

    • Je ne comprends pas pourquoi il est toujours question « d’immigration ». Quand on atteint des niveaux pareils, des chiffres pareils, et ce sont quasiment tous les pays dits « occidentaux » qui sont concernés de la même manière que nous, il me semble que l’on est en droit de parler de « déplacements de populations ». D’où vers où ? Pour quelle raison ? Pour quel objectif ? Est-ce que ce ne sont pas les vraies questions à se poser ?

    • C’est la même chose aux Canaries et probablement dans d’autres îles ou territoires. L’omerta médiatique est quasi totale. Il faut vraiment aller chercher l’info pays par pays pour voir ce qui se passe. Ils n’ont pas encore vraiment entamé l’uniformisation linguistique, parce que que si les populations ne se comprennent pas, ça les arrangent.

  8. « immigration » ou « traite humaine » ? vu la quantité sans cesse croissante des immigrés, la question peut se poser.

    • Je ne me pose plus la question : oui, pour moi, c’est de la « traite humaine » et nous revenons aux trafics d’esclaves.

      • Une raison supplémentaire pour donner raison à certaines populations qui nous traitent d’esclavagistes. Ben voyons!

  9. Pour la gauche, l’invasion migratoire est un mythe d’extrême droite mais le langage change doucement, la gauche a commencé à dire qu’ils sont là et nous devons nous adapter.

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