Immortel et insubmersible, le mont Saint-Michel traverse l’Histoire de France
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À partir du 10 septembre prochain, le Centre des monuments nationaux et l’Établissement public du Mont-Saint-Michel vont organiser une série d’événements culturels pour célébrer le millénaire du Mont-Saint-Michel, ce joyaux architecturel de notre patrimoine historique. Et il est vrai que le Mont, au-delà de sa longévité exceptionnelle, est une référence reconnue : à la fois sur la liste des monuments nationaux et du patrimoine mondial de l’UNESCO, dans la liste des dix sites les plus fréquentés du pays, le petit îlot et sa vénérable abbaye symbolisent largement l’Histoire de France et l’ensemble de ses vicissitudes. Depuis les débuts de la dynastie des Plantagenêts aux attentats terroristes contemporains en passant par la guerre de Cent Ans, la Révolution française et les deux guerres mondiales, le Mont et son abbaye ont survécu à tous les malheurs de la France.
Si la construction de l’abbaye commence dans un style roman en 1023, elle n’est achevée qu’en 1080. Seule une partie survit actuellement, dont quatre travées de la nef et deux transepts. Dès cette époque, les abbés bénédictins sont élus par les moines et relèvent du duc de Normandie et de l’évêque d’Avranches, même s’ils n’auront de cesse d’affermir leur autonomie. Ces abbés développeront l’influence et les activités du Mont, tant sur le plan économique que spirituel, et poursuivront les constructions. Des crises politiques traverseront l’histoire du lieu, comme en 1149 lorsque l’élection de l’abbé Geoffroy se fera sans consultation d’Henri II Plantagenêt comme c’était de coutume, ce qui provoquera une intervention armée de celui-ci. À l’inverse, en 1158, Henri II, roi d'Angleterre, et Louis VII, roi de France, se rendent au Mont et se réconcilient durablement après une longue brouille, sous les bons offices de l’abbé Robert de Torigny. Ce dernier sera d’ailleurs l’artisan d’une des plus grandes périodes de prospérité du Mont, tant pour l’essor des pèlerinages, des constructions ou l’entretien de la bibliothèque. En 1170, ce même abbé servira à nouveau de médiateur, cette fois-ci entre Henri II et le pape Alexandre III, suite à l’assassinat de Thomas Becket, archevêque de Canterbury, par Henri II.
Le Mont connaîtra de nombreux changements, notamment architecturaux comme en 1228, avec la construction de la Merveilleuse, une vaste fortification entre 1425 et 1441, ou encore l’établissement d’un atelier monétaire en 1420. Il subira moultes épreuves : des incendies en 1350, 1374, 1433, 1434... (le dernier en 1834), la désaffection des pèlerins aux XVe et XVIIe siècles, mais surtout les assauts d’ennemis, tel, en 1204, celui de Guy de Thouars, vassal de Philippe Auguste, plusieurs assauts anglais repoussés entre 1423 et 1434 ou différentes tentatives d’infiltration des protestants en 1577, 1589, 1591, 1592 et 1594. Il verra aussi passer la plupart des grands souverains de France : Saint Louis en 1256, Philippe IV le Bel en 1311, Charles VI en 1394, Louis XI en 1462, 1472 et 1473, François Ier en 1518 et 1532. Louis XI contribuera aussi fortement à la renommée du Mont avec la création de l’ordre de Saint-Michel. Mais le XVIe siècle sonnera le glas de la période faste, avec la désignation de l’abbé par le roi et non plus par les moines à partir de 1523 (donnant lieu à un grand abandon de l’abbaye) et la dernière visite d’un souverain, Charles IX, en 1561.
Au XVIIe siècle, le Mont voit l’arrivée des moines de la congrégation de Saint-Maur (une douzaine), l’écrasement de la révolte des Nu-pieds (révolte paysanne antifiscale) en 1638-1639 et le passage des premiers prisonniers sous Louis XIV, comme François de Chavigny ou le pamphlétaire Dubourg qui y mourra. Déjà, la vieille abbaye se voit attribuer d’autres usages et son déclin continuer, tant pour les finances que pour la fréquentation.
En 1788, à la veille de la Révolution, le dernier abbé commendataire est nommé par Louis XVI - tout un symbole. Avec la dérive totalitaire de la Révolution, le Mont accueille des centaines de prêtres réfractaires prisonniers - suprême ironie. C’est en 1811, sous le Premier Empire, qu’il devient prison d’État, recevant jusqu’à 800 prisonniers. En 1817, sous la Restauration, une réglementation est établie. Ce sont alors essentiellement des « droit commun » ainsi que quelques opposants politiques (républicains et bonapartistes) qui y sont détenus. Après 1830 s’y ajoutent les royalistes légitimistes.
Sous le Second Empire, sur décision de Napoléon III, l’abbaye retrouve sa vocation originelle : dés 1860, les moines sont autorisés à revenir et, en 1863, le statut de prison est supprimé. L’année précédente, l’empereur classe le Mont comme monument historique. Le lieu va retrouver sa vocation première de lieu de pèlerinage, mais aussi devenir un haut lieu de tourisme dés les années 1870 sous la République des ducs. Le 3 juillet 1877, sous l’épiscopat de Monseigneur Abel Anastase Germain, est célébré le couronnement de la statue de saint Michel en présence d’un cardinal, de huit évêques, d’un millier de prêtres et d’une foule immense. C’est dans la deuxième moitié du XXe siècle que le petit îlot devient un lieu touristique à la réputation mondiale après avoir traversé sans encombres le chaos des deux guerres mondiales. Ainsi, cette modeste commune de 27 habitants (recensement de 2020) aura traversé les aléas d’une longue Histoire de France pour devenir l’un des dix monuments les plus visités du pays, avec environ deux millions et demi de visiteurs par an.
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12 commentaires
Bel article, mais pourquoi donc écrire l’Histoire au futur ? Il y avait le présent de narration dont on comprenait la logique; mais il y a désormais un obligatoire futur historique qui est le témoignage accablant de « quelque chose de pourri dans le royaume de Danemark ». Et, pas que….
Encore un chef d’oeuvre, magnifiquement restauré par Violet le Duc, à l’incitation de Prosper Mérimée, conservateur des monuments historiques.
On pourrait faire remonter l’histoire du Mont au moine Aubert et au pèlerinage que Charlemagne y fit, l’un des tout premiers, et dans des conditions autrement difficiles.
Bel article instructif.
C’est un joyau de notre culture comme la diversité de nos paysages. Espérons que nous verrons pas d’éoliennes tout comme dans certaines régions car la beauté des paysages c’est un bien précieux qui nous permet d’avoir un sentiment d’appartenance et de bonheur d’une Nation que l’homme puisse le chérir et l’Aimer
Il est difficile de rester indifférent devant une telle merveille.
De loin le Mont Saint-Michel attire vers lui, de près il impressionne, dedans il vous prend comme s’il voulait vous retenir.
Quoi qu’il en soit, c’est mon expérience.
Il n’y a encore pas un abruti qui remette en cause la valeur symbolique de ce chef d’oeuvre ? Ne désespérons pas, ça va venir. S.V.P Sandrine Rousseau, aidez-nous à détruire ce symbole. Ca ne doit les être trop difficile pour vous.
Si nécessaire demandez à Mélenchon de vous aider.
Nos anciens « Brassaient moins d’air » que nos politiques actuels , mais faisaient du concret en construisant ces merveilles qui ont traversé des siècles !! Et selon Mr MACRON nous n’avons pas d’histoire !!
Saint-Michel, patron des « Gaules » et des parachutistes se retrouva donc, au départ sous l’égide des « valeurs de la République »…gardien de prison ! A part ça… finalement… « Napoléon le petit »…pas si petit que ça !
Ils ont brulé Notre Dame de Paris mais le mont là ils ne pourront pas le détruire….
Le Mont , cet îlot si original en raison de son site , de son architecture , de son histoire , ce lieu unique , nous séduit toujours par sa beauté magique ; il a tout vu , tout connu et franchit les siècles allègrement ; son grand succès touristique ne doit pas faire oublier sa vocation religieuse , c ‘est tout d ‘ abord un lieu saint ; son millénaire doit être fêté comme il se doit .
Faut bien le protéger , nous savons tous que certains s’acharnent à détruire tout ce qui fait la France .