« Impeachment » de Trump : où en est-on ?
On est parti de "l’ingérence russe", pour passer à la "trahison", et maintenant conclure sur "l’entrave à la justice". Tout a commencé au début de l’année, lorsque deux pièces maîtresses ont disparu de l’échiquier du président : d’abord, le départ du général Mike Flynn, conseiller à la Sécurité nationale, et "trop proche de l’ambassadeur russe" ; ensuite la récusation, pour les mêmes raisons, du ministre de la Justice (Jeff Sessions, le plus ancien allié de Trump) sur toute enquête relative à "l’affaire russe".
Trump s’est alors trouvé avec un ministère de la Justice qu’il ne contrôlait pas, peuplé de hauts fonctionnaires démocrates, qui ont laissé les coudées franches à James Comey - prima donna du FBI et archétype du marécage que veut drainer Trump - pour entretenir pendant trois mois un nuage de suspicions sur le président, relayées en continu par la presse.
Comey avait confirmé in camera aux parlementaires que Trump n’était pas personnellement sous enquête, tout comme il l’avait confirmé à Trump à trois reprises.
Pourtant, chaque fois, en séances parlementaires publiques, Comey laissait le doute s’amplifier. Trump lui avait demandé deux choses en privé : lâcher du lest sur Flynn ("un chic type qui n’avait fait que son travail") et informer le public que le président ne faisait personnellement pas l’objet d’une enquête. Ce que Comey n’a pas fait. Trump a donc viré Comey le 9 mai… Grâce à un argumentaire bâti par Rod Rosenstein, vice-ministre récemment nommé, et ancien procureur. Un homme de l’establishment...
Les démocrates comme les néocons ont fait semblant de croire qu’il y avait là une entrave à la justice. Or, en tant que chef du pouvoir exécutif, le président a constitutionnellement le droit de licencier le chef du FBI, le ministre ou le vice-ministre, sauf si sa décision est le fruit d’une corruption visant à entraver une inculpation déjà matérialisée en Cour (selon Alan Dershowitz, constitutionnaliste et professeur à Harvard - très proche des Clinton).
Le Sénat a convoqué Comey le 8 juin, lequel a admis avoir pris des notes après chaque rencontre tenue avec Trump, notes qu’il a fait circuler dans la presse pour inciter le vice-ministre Rosenstein à nommer un procureur ad hoc afin d’enquêter sur dix mois d’enquêtes pourtant sans suites. Avec des risques considérables de métastases pénales.
Newt Gingrich et les alliés de Trump voient, en effet, plusieurs problèmes : ces enquêtes sont des usines à parjure, car il est très facile de se faire piéger pour un oubli ou une inexactitude, à la discrétion du procureur (« On peut y faire condamner un sandwich au jambon ! », selon l’adage des juristes américains). Ensuite, le procureur Mueller, ancien patron du FBI de Bush, est un ami intime de Comey, qui devient témoin dans une possible affaire criminelle : conflit d’intérêts ? Enfin, Mueller vient de recruter une équipe qui a financé la campagne Hillary, l’un ayant travaillé pour la fondation Clinton, l’autre ayant pour spécialité la « réécriture » du concept d’entrave à la justice.
Les républicains se révoltent-ils en masse ? Niet… "Sont-ils complices du traquenard ?", se demandait dimanche la juge Jeanine Pirro, les accusant par ailleurs de saboter le programme législatif de Trump. Plusieurs voix soulignent, toutefois, l’invalidité de l’enquête Mueller et conseillent à Trump de limoger son ami Sessions. Il lui faut un « vrai » ministre qui remettra de l’ordre. Obama ne s’était pas gêné…
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