Incendies : le chef des députés LR Olivier Marleix demande la réintégration des pompiers suspendus

feu de forêt

Privée de majorité absolue, la Macronie est contrainte d'écouter ses oppositions et de mettre son arrogance en sourdine. Certes, son chef a persisté, cette semaine, à nous jouer sa partition alternant saillies vulgaires et métaphores mythologisantes, oubliant sans doute que Vulcain était le dieu boiteux. Et dans la forge, la vraie, pas celle des pelouses de l'Élysée mais dans le travail concret de l'Assemblée et du gouvernement, ça boîte fort. Par exemple sur la suspension des soignants non vaccinés, comme l'a montré le député RN Bénédicte Auzanot.

Or, il existe d'autres catégories d'agents dont la suspension est tout aussi contestable : les pompiers. Surtout en période d'incendies estivaux et alors que la France a annoncé avoir fait appel à l'Italie et à la Grèce. C'est ce cheval de bataille qu'a enfourché Olivier Marleix, le nouveau patron des députés LR, mardi 13 juillet, sur Sud Radio. Pour Olivier Marleix, « aujourd'hui, on interdit aux pompiers par exemple d'exercer, tout cela n'est pas sérieux. […] Un pompier non vacciné, aujourd'hui, on a besoin de lui sur le terrain ».

Certes, la doxa macronienne en matière de personnels suspendus continue d'être diffusée dans la presse : comme pour les soignants, le très faible pourcentage de non-vaccinés ne permettrait pas de combler les besoins. C'est ainsi que franceinfo ouvre son fact-checking du sujet : « Très peu de pompiers non vaccinés ». Le « très peu », c'est, d'après les chiffres officiels cités par la radio publique, 140 pompiers professionnels et 5.000 pompiers volontaires. Mais franceinfo précise que ce chiffre pourrait être sous-estimé. Et j'ai toujours du mal à saisir la logique de l'argument : on manque de tellement de personnels que ceux-là ne suffiraient pas, donc c'est non. Argument gouvernemental ressassé à l'envi et repris par un syndicaliste CGT-SDIS, Sébastien Delavoux : « Les besoins sont sans commune mesure avec le nombre d'agents suspendus. » Une CGT, qui, toujours d'après franceinfo, « n'appelle d'ailleurs pas forcément à la réintégration des pompiers suspendus qui "pourrait créer des tensions vu qu'un certain nombre d'agents se sont fait vaccinés [sic] à cause de la contrainte de la suspension" ». Là aussi, j'ai du mal à suivre la logique.

Olivier Marleix a raison d'enfoncer le clou dans le cercueil des arrogances sanitaires de Macron 1. Il pourrait d'ailleurs - lui ou un autre représentant LR ou RN - ajouter le cas des professionnels libéraux de santé suspendus de façon tout aussi absurde : kinés, orthophonistes, médecins libéraux, etc. Certes, ils sont, là aussi, une petite minorité : 1.350 en novembre dernier, selon L'Obs. Même s'ils sont minoritaires, leur situation et le traitement brutal qui leur a été réservé ont suscité un soutien au-delà des milieux non vaccinés. Un phénomène qui a pesé dans le revers électoral subi par la Macronie : le retour de bâton de la volonté présidentielle d'« emmerder les non-vaccinés » de janvier dernier. Emmanuel Macron devrait se méfier de son arrogance, surtout quand il monte en vulgarité. Et davantage encore quand il n'a pas de majorité absolue et qu'il cherche le soutien d'une cinquantaine de députés.

Et sur les non-vaccinés comme sur l'Ubergate. Deux sujets sur lesquels le nouveau patron du groupe LR semble décidé à lui demander des comptes.

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Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

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