Incitation au PV, réattribution des places… Mais que fait la SNCF ?

@David Monniaux/Wikimedia Commons
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La SNCF n’en finit plus de faire parler d’elle. En ce début d’année scolaire, la Société nationale des chemins de fer français engage réforme sur réforme, au détriment du confort et de l’intérêt de ses clients.

Depuis début septembre, de nouvelles règles sont en vigueur dans les TGV et les Intercités. L’une d’elles concerne les bagages. Les usagers emportant trop de bagages pourront désormais se voir infliger une amende « de 50 € minimum par bagage non conforme ou excédentaire (maximum 150 €) ». Si la limite de « deux bagages étiquetés aux dimensions maximales de 70 x 90 x 50 cm et un bagage à main étiqueté aux dimensions maximales de 40 x 30 x 15 cm » avait été mise en place en février dernier, jusqu’à présent, les voyageurs ne respectant pas la règle ne risquaient rien, puisque la société de chemins de fer avait promis « une période de tolérance ». Depuis le 16 septembre, elle est terminée. Une nouvelle ère s’est donc ouverte : celle du profit.

Contrôleurs commissionnés

La compagnie publique qui entend, maintenant, faire appliquer sa mesure à la lettre va, de fait, enregistrer des revenus supplémentaires. Cela va passer par la vente de places pour les vélos au tarif de 10 euros, par le service « Mes bagages », de livraison à domicile, dès 32 euros, mais aussi, et surtout, par des amendes. Les agents de contrôle de la SNCF sont, en effet, incités à dresser moults procès-verbaux. Pour s’assurer de leur efficacité, la compagnie ferroviaire a même décidé de leur accorder une prime de 10 % du montant encaissé auprès des contrevenants. À chaque contravention, les agents toucheront 5 euros en moyenne, selon le cas. La SNCF sait parler à ses employés, un peu moins à ses clients.

Dans un train, même bondé, rares sont ceux qui se plaignent qu’untel ou untel ait trop de valises. En revanche, ils sont nombreux à critiquer la compagnie publique et ses restrictions, comme la fin de l’accès au quai pour les accompagnants ou ses économies faites sur le dos de l’usager : disparition des chariots, suppression des poubelles, places de plus en plus étroites… Thibault, passager régulier de la ligne Marseille - Lyon, confie à BV : « Petit à petit, les trains perdent en confort. Les sièges sont plus étroits, les rangs plus serrés, les racks pour les bagages de moins en moins logeables… La seule chose qui a évolué dans le bon sens, c’est qu’un effort a été fait sur la propreté. Pour le reste, plus le temps passe et moins le train est un mode de transport agréable. »

Voyageurs sacrifiés

Autre nouveauté en vigueur depuis le 6 septembre 2024 et pouvant crisper les usagers : « La non-revendication d’une place réservée, dans les 15 minutes suivant le départ du train de la gare indiquée sur le titre de transport, pourra entraîner la perte de la réservation de la place réservée et, plus généralement, de toute place assise », comme indiqué dans les conditions générales de vente de la SNCF. Autrement dit, les voyageurs qui peinent à trouver leur place dans le train pourraient être contraints de rester debout tout le trajet s’ils n’arrivent pas à s’orienter correctement à temps. Quant à ceux qui voudraient se rendre en voiture-bar dès leur montée dans un TGV, ils devront prendre le risque de ne plus pouvoir quitter le wagon de restauration de tout le voyage. La question est : pourquoi ? Quel intérêt peut avoir la mise en place d’une telle règle ? La SNCF s’offre-t-elle ainsi la possibilité de revendre la place et, donc, de faire plus de bénéfices ? N’est-ce pas la porte ouverte aux conflits entre voyageurs ?

Malgré plusieurs tentatives, BV n’a pas pu obtenir de réponse de la part de la société de chemins de fer. Ce qui semble cependant assez certain est que ces nouvelles mesures ne vont en rien faciliter la vie des usagers du train. La SNCF a bien fait d’abandonner son slogan « À nous de vous faire préférer le train ». Cela dit, celui adopté en 2021, « SNCF. Pour nous tous », pourrait lui aussi être dépassé, tant la compagnie semble agir plus dans son intérêt que pour ses clients.

Vos commentaires

Un commentaire

  1. A cette horreur s’ajoute la réservation obligatoire dans les TER, sous le prétexte « Pour que vous voyagiez assis », ce magnifique élément de langage qui tourne les contrôleurs en menteurs politiciens, puisque tout est fait pour effectuer des statistiques de réservations en vue de supprimer des services. Et il faut donner les dates de naissance! Recevant récemment deux amies étrangères, j’ai refusé de leur demander leur âge, pas question de déférer à cette grossièreté; j’ai donc mis des dates « bidon ». La tranche d’âge générale devrait leur suffire, et qu’est-ce que ça peut f**tre à la SNCF que nous ayons trente et un ou trente deux ans pour voyager? Tout, absolument tout est devenu stupide dans ces nouvelles règles.

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