Incitation au PV, réattribution des places… Mais que fait la SNCF ?
3 minutes de lecture
La SNCF n’en finit plus de faire parler d’elle. En ce début d’année scolaire, la Société nationale des chemins de fer français engage réforme sur réforme, au détriment du confort et de l’intérêt de ses clients.
Depuis début septembre, de nouvelles règles sont en vigueur dans les TGV et les Intercités. L’une d’elles concerne les bagages. Les usagers emportant trop de bagages pourront désormais se voir infliger une amende « de 50 € minimum par bagage non conforme ou excédentaire (maximum 150 €) ». Si la limite de « deux bagages étiquetés aux dimensions maximales de 70 x 90 x 50 cm et un bagage à main étiqueté aux dimensions maximales de 40 x 30 x 15 cm » avait été mise en place en février dernier, jusqu’à présent, les voyageurs ne respectant pas la règle ne risquaient rien, puisque la société de chemins de fer avait promis « une période de tolérance ». Depuis le 16 septembre, elle est terminée. Une nouvelle ère s’est donc ouverte : celle du profit.
Contrôleurs commissionnés
La compagnie publique qui entend, maintenant, faire appliquer sa mesure à la lettre va, de fait, enregistrer des revenus supplémentaires. Cela va passer par la vente de places pour les vélos au tarif de 10 euros, par le service « Mes bagages », de livraison à domicile, dès 32 euros, mais aussi, et surtout, par des amendes. Les agents de contrôle de la SNCF sont, en effet, incités à dresser moults procès-verbaux. Pour s’assurer de leur efficacité, la compagnie ferroviaire a même décidé de leur accorder une prime de 10 % du montant encaissé auprès des contrevenants. À chaque contravention, les agents toucheront 5 euros en moyenne, selon le cas. La SNCF sait parler à ses employés, un peu moins à ses clients.
Dans un train, même bondé, rares sont ceux qui se plaignent qu’untel ou untel ait trop de valises. En revanche, ils sont nombreux à critiquer la compagnie publique et ses restrictions, comme la fin de l’accès au quai pour les accompagnants ou ses économies faites sur le dos de l’usager : disparition des chariots, suppression des poubelles, places de plus en plus étroites… Thibault, passager régulier de la ligne Marseille - Lyon, confie à BV : « Petit à petit, les trains perdent en confort. Les sièges sont plus étroits, les rangs plus serrés, les racks pour les bagages de moins en moins logeables… La seule chose qui a évolué dans le bon sens, c’est qu’un effort a été fait sur la propreté. Pour le reste, plus le temps passe et moins le train est un mode de transport agréable. »
Voyageurs sacrifiés
Autre nouveauté en vigueur depuis le 6 septembre 2024 et pouvant crisper les usagers : « La non-revendication d’une place réservée, dans les 15 minutes suivant le départ du train de la gare indiquée sur le titre de transport, pourra entraîner la perte de la réservation de la place réservée et, plus généralement, de toute place assise », comme indiqué dans les conditions générales de vente de la SNCF. Autrement dit, les voyageurs qui peinent à trouver leur place dans le train pourraient être contraints de rester debout tout le trajet s’ils n’arrivent pas à s’orienter correctement à temps. Quant à ceux qui voudraient se rendre en voiture-bar dès leur montée dans un TGV, ils devront prendre le risque de ne plus pouvoir quitter le wagon de restauration de tout le voyage. La question est : pourquoi ? Quel intérêt peut avoir la mise en place d’une telle règle ? La SNCF s’offre-t-elle ainsi la possibilité de revendre la place et, donc, de faire plus de bénéfices ? N’est-ce pas la porte ouverte aux conflits entre voyageurs ?
Malgré plusieurs tentatives, BV n’a pas pu obtenir de réponse de la part de la société de chemins de fer. Ce qui semble cependant assez certain est que ces nouvelles mesures ne vont en rien faciliter la vie des usagers du train. La SNCF a bien fait d’abandonner son slogan « À nous de vous faire préférer le train ». Cela dit, celui adopté en 2021, « SNCF. Pour nous tous », pourrait lui aussi être dépassé, tant la compagnie semble agir plus dans son intérêt que pour ses clients.
Pour ne rien rater
Les plus lus du jour
LES PLUS LUS DU JOUR
Un vert manteau de mosquées
33 commentaires
Arrêtons la mauvaise fois: le quart d’heure est le temps estimé raisonnable pour que le contrôleur trouve une place libre à quelqu’un qui n’a pas de réservation (ils sont rares). Combien d’entre nous s’installent à une place qui n’est pas la leur (parce qu’elle est plus confortable, plus pratique, proche d’un parent ou d’un ami) ? Et il faudrait en plus conserver la place d’origine bloquée ? Quant aux voyageurs qui (soi-disant !) vont direct en voiture bar… ils vont vraiment boire un café au bar dès la montée, debout et avec tous leurs bagages ? Pas moyen de poser une avant veste sur leur place pour montrer qu’ils en ont bien pris possession et de le signaler à leur voisin ? Enfin, la mesure vise à ne laisser personne debout. Donc aucun risque que le voyageur qui n’a pas revendiqué sa place dans les 15 minutes reste lui-même debout au profit d’un autre.
Je souhaiterais qu’on parle de clients et non d’usagers même si l’Etat est proptiétaire. Vendre un billet de train est une activité commerciale. L’acheteur du billet est donc un client !
Par deux fois a mon retour de Perpignan le conducteur du train était absent à la prise de service ce qui a engendré un retard important .
On avait déjà déploré que prendre le train devenait presque aussi contraignant que de prendre l »avion.Avec cette histoire de quart d’heure ,on découvre à présent que ça devient carrément pénalisant.
Sièges plus confortables dans un TGv que dans un avion moyen courrier ou les sièges rappellent ceux du Métro. Dans un avion les bagages sont limités,qui conteste? On dirait que le train doit tout à des gens qui en définitive le prennent qu’occasionnellement. Quand aux amendes elles ne concernent que ceux qui ne sont pas en règle.
Détrompez-vous, sur la ligne Paris-Montargis, la SNCF a supprimé les guichets de gare, seuls restent des distributeurs de billets, souvent en panne ! Donc pas le choix si l’on veut prendre le train, pas de billet et un PV à la clef si le contrôleur passe et doute de votre bonne foi ! Cela a été relayé dans la presse locale, sans aucun effet, nous sommes bien devenus des cochons de payants par tous les moyens !!!!
Vous pouvez aussi acheter votre billet en ligne, y compris pour Montargis. Et aller au-devant du contrôleur plutôt qu’attendre qu’il vienne à vous.
La demande de date de naissance n’est pas innocente. Voulant rejoindre Paris depuis la province et faire l’aller-retour dans la journée, j’ai eu la surprise de me voir proposer sur internet des trajets de départ en TER qu’à partir du milieu de la matinée. J’ai alors compris que, désormais, retraitée depuis plusieurs années, les trains « intéressants » m’étaient interdits. Je suppose que cette mésaventure est arrivée à d’autres que moi.