Indécent de se servir d’un fait divers pour justifier des réformes pénales ?

justice

La semaine dernière, la famille de la dame âgée de 73 ans, agressée à Bordeaux par un homme qui tentait de lui enlever sa petite-fille, âgée de 7 ans, s’est dit « indignée par la récupération politique qui est faite de ce fait divers ». Dans le communiqué transmis à l’AFP, cette famille déclare qu’il est « parfaitement indécent de se servir de ce fait divers pour évoquer une origine ethnique ou de justifier des réformes pénales ou migratoires ». Ce n’est pas la première fois qu’on assiste à ce type de réaction. Comme elle émane de la famille de victimes, la compassion bien naturelle, une certaine décence, justement, empêchent de réagir à ce genre de déclaration ou, tout du moins, contraignent à une certaine retenue. Et pourtant, il y aurait beaucoup à dire.

Passons sur ces arguments avancés à chaque fois et désormais éculés : ce ne serait pas le moment (en fait, ce n'est jamais le moment !), il faut respecter la douleur des familles, il y a un temps pour tout, dont celui du deuil, etc. Arguments qui permettent de passer rapidement à autre chose en attendant le prochain drame, la mémoire de l’opinion étant supposée être celle du poisson rouge, c’est-à-dire proportionnelle à la circonférence de son bocal.

Passons aussi - il ne faut pas sous-estimer le phénomène - sur le poids de l'idéologie « vivre-ensembliste », plus forte que le réel. Même si ce réel frappe à votre porte ou en pleine figure. Une idéologie qui trouve son apothéose dans le fameux slogan « Vous n'aurez pas ma haine ».

Mais on oublie une chose fondamentale, dans toutes ces affaires : la société est tout autant victime que les victimes elles-mêmes. Pire, dirons-nous : la société est la première victime ! Et la société, c’est qui ? C’est vous, c’est nous tous. Un crime ou un délit commis sur une personne est donc l’affaire de la société tout entière. La preuve en est : une victime – ou ses représentants – n’a pas obligation de se porter partie civile. Le ministère public, lors d’un procès pénal, représente les intérêts légitimes de la société, pas des victimes. Le jugement est rendu au nom du peuple français. Un crime ou un délit, ce n’est pas un contentieux privé entre un agresseur et une victime. Si c’était le cas, il n’y aurait plus de lois, plus de police, plus de justice. Ça doit avoir un nom, ça…

Il est donc tout à fait légitime que les membres de la société, vous comme moi, s’emparent de telles affaires, chacun à sa place. D’autant que demain, ce sera peut-être vous ou votre famille qui sera la victime. Et les politiques, qui ont pour mission de conduire les affaires de la Cité, ont, plus que n’importe qui, le droit et même le devoir de s’emparer de tels faits qualifiés, pour faire court, de « divers ». C’est même leur honneur. Appelons cela de la « récupération », si ça fait plaisir. Récupérer, c’est s’emparer, faire sien un problème, une situation, un drame. C’est essayer de comprendre les causes et proposer des solutions pour que le risque d’un recommencement soit limité au maximum. C’est le fondement même de la vie politique. S’il est indécent de se servir d’un fait divers pour justifier des réformes pénales, alors il y a toute une montagne de lois qui sont frappées du sceau de l’infamie.

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

27 commentaires

  1. Vous vous étonnez encore de cela ? Regardez simplement les « pancartes » qui ont été déposées à propos de l’attaque au couteau sur des bébés à Annecy, tout y est dit. Les fleurs, les nounours, les bougies, les marches blanches etc. nous font voir que ce pays devient le « pays des bisounours » ! Et vous verrez que dans peu de temps le plus petit village de nos campagnes tombera également dans cette « maladie » ! Les français en ce 28 juin ont bien autre chose en tête ! Je ne le dit pas je pense qu’ici tout le monde aura deviné, mais le problème c’est que « c’est seulement ici » ! La est le problème majeur de ce pays.

  2. On a dit (pendant un temps) que quand le type s’est aperçu qu’il avait raté sa tentative d’enlèvement, il a été embarqué dans une voiture ? Ne serait-ce pas une agression préméditée avec un complice ? Où en est l’enquête ?

  3. Minimiser la violence, la criminalité, c’est entretenir et favoriser une société violente, alors comment s’étonner de voir des fusillades dans les rues des grandes villes, de risquer d’être poignardé pour un regard voir refuser une cigarette. Les altercations entre la jeunesse et la police n’est pas étonnante.

  4.  » parfaitement indécent de se servir de ce fait divers pour évoquer une origine ethnique ou de justifier des réformes pénales ou migratoires « , à peu près la même phrase que pour la petite Lola , je suis curieuse de savoir qui a pu influencer cette famille : Renaissance ou LFI ??

  5. « parfaitement indécent de se servir de ce fait divers pour évoquer une origine ethnique ou de justifier des réformes pénales ou migratoires ». C’est du LFI dans le texte ou peut-être du EELV, on devine bien pour qui vote cette famille.

  6. Les chances pour la France arrivent par bateaux entiers..Réjouissons-nous car notre pays civilisé va disparaître..

  7. La récupération est pourtant prônée au quotidien par ces mêmes gaucho bobo écolo. En l’occurrence la « récupération » est indispensable pour éviter le « gaspillage » d’informations utiles à la prise de conscience de la situation de notre pays et de notre peuple.

  8. Les français préfèrent les marches blanches qui précèdent, à coup sûr, le prochain drame. Ce sont les nouvelles processions que le pays laïc, dans lequel ils vivent, leur autorisent.

  9. Minable la réaction d ela famille. J’aimerais savoir pour qui elle vote. Je lui suggère la prochaine fois d’ouvrir la porte et de loger l’agresseur chez la grand mère.

  10. Franchement, la réaction de cette famille, qui rejoint la cohorte des Pas d’amalgame, m’indigne. Il faudrait donc ne pas faire cas de cette violente agression, ne pas constater que celle-ci s’ajoute aux multiples agressions qui l’ont précédée ? Cela reviendrait à être indifférent face à la brutalité et même la barbarie qui s’installent dans notre pays. Ces faits pas si divers que ça nous concernent tous.

  11. Surtout pas d’amalgame, hein ! D’ailleurs, c’est au nom de ce principe de « pas d’amalgame », qu’une majorité d’immigrés ne veulent pas s’intégrer à ce qui fait « l’âme française ».

    • « … qu’une majorité d’immigrés ne veulent pas s’intégrer… » le stade du refus est désormais dépassé. Ils n’y songent même plus. Et, comment s’en étonner, puisqu’il ne leur faut pas être bien malins pour très vite découvrir que c’est le pays d’accueil qui s’adapte à leurs différences.

  12. « L’agresseur doit être traité avec bienveillance (…). Nous ne sommes pas fondamentalement différents de l’agresseur » … Ha bon ? ! … Un gars qui tente de tuer un enfant dans une poussette est « au même niveau d’humanisme » qu’un père qui se met en opposition à un criminel ? …
    Qu’attendre d’une civilisation qui inverse les « droits » des victimes avec les « devoirs à réclamer » des assassins ? …
    Qu’on vienne à tuer la chair de ma chair et je ne chercherai qu’une chose … car je sais que jamais je ne tendrai l’autre joue ! … Œil pour œil; dent pour dent ! … Il y a des situations où la « diplomatie et l’amphibie » tuent encore plus que le criminel …

    Jusqu’où est-il possible d’être si déconnecté pour écrire ce genre de débilité sur un lieu si symbolique de la décivilisation que subit la FRANCE depuis si longtemps ? …

    Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines?
    Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu’on enchaîne?
    Ohé, partisans, ouvriers et paysans, c’est l’alarme
    Ce soir l’ennemi connaîtra le prix du sang et les larmes

  13. S’il ne s’agissait que d’un fait divers isolé ce serait indécent en effet mais malheureusement il y a trop de faits divers , trop d’attaques au quotidien dont les français sont les victimes . l’indécence se trouve parmi les élus qui ne font rien pour mettre fin à ces agressions .

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