Indre-et-Loire : 40 gendarmes descendent chez un agriculteur, un « traumatisme »

C’est un véritable « traumatisme » qu’a vécu, ce lundi, un agriculteur d’Indre-et-Loire (37). Laurent Raineau, producteur maraîcher dans une petite commune du Centre-Val de Loire, raconte, non sans émotion, comment « trente à quarante gendarmes » ont été mobilisés pour un contrôle improvisé de l’entièreté de son exploitation. Contacté ce matin par BV, il confie que cet événement le pousse à vouloir démissionner de ses fonctions de maire, alors que reprennent les actions de protestation des syndicats d’agriculteurs.
Une intervention digne des plus grands criminels
L’incompréhension est totale : « Trente-trois ans que je fais des légumes, trente-trois ans que je n’ai jamais eu de souci », s’indigne l’agriculteur de 56 ans, d’une voix fatiguée après une nuit d’inquiétude.
La journée de la veille a été rude. Une descente de 30 à 40 gendarmes est venue jeter la sidération sur cette grosse exploitation de 150 salariés environ. « Il y en avait partout, ils ont encerclé la ferme, bloqué certaines routes pour faire des contrôles ici et là sur l’exploitation », raconte Laurent Raineau. La direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL), la direction départementale de la protection des populations (DDPP), l’Office français de la biodiversité (OFB) et les gendarmes de l’environnement étaient présents pour effectuer différents contrôles. Une descente provoquée par les dénonciations d’un voisin installé près de la ferme depuis 15 ans. « La totale », ironise amèrement l’agriculteur.
Tous les salariés et saisonniers agricoles qu’il emploie ont été contrôlés, ainsi que les logements mis à leur disposition. L’exploitant maraîcher, qui avait accueilli sur sa ferme des réfugiés ukrainiens en 2022, affirme employer des travailleurs étrangers, mais aucune irrégularité n’aurait été constatée à cet égard, ni du côté des contrôles de produits phytosanitaires. Un élément concernant un droit de construire, pour lequel il avait eu gain de cause deux ans plus tôt, a été retenu.
L’agriculteur attend, désormais, un retour du procureur qui n’était pas présent lors de ce contrôle hors de proportions. Le sénateur d’Indre-et-Loire du groupe Les Indépendants, Vincent Louault, qui a mis en lumière cette affaire, nous confiait que le préfet qu’il a contacté n’était lui-même pas au courant de cette opération massive.
« Bafoué par la République »
« De quel œil suis-je censé regarder les services de l’État, après ça ? » Découragé et se disant « humilié », Laurent Raineau envisage de démissionner de ses fonctions de maire. Il s’estime « bafoué par la République ».
Pour lui, la disproportion de cette inspection entre en contradiction flagrante avec les promesses gouvernementales du début d’année de lever le pied sur les contrôles trop lourds et trop inquisiteurs pour des agriculteurs. Des agriculteurs qui demandent à être épaulés et soutenus dans l’exercice de leur profession. C’est ce constat d'abandon qui pousse, aujourd’hui, certains d'entre eux à remonter sur leurs tracteurs pour manifester leur volonté d’être, cette fois, réellement pris en compte par le nouveau gouvernement.
Les représentants syndicaux, qui multiplient les actions dans plusieurs départements, des Pyrénées à la Meurthe-et-Moselle, sont de plus en plus nombreux à se déclarer prêts à reprendre la route de Paris, si ce moyen est le seul qui permette à leurs revendications d’être entendues par les politiques.
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73 commentaires
Inadmissible! C’est la raison pour laquelle je ne suis pas d’accord sur l’augmentation des effectifs que réclament les syndicats de police et les gendarmes sous prétexte d’insécurité. Car, au lieu de combattre les voyous, ils emm….. les honnêtes gens dans des contrôles radar, des contrôles de masques (sur le nez !!) et dans ce genre de contrôle stérile.
Ces 40 gendarmes devaient s’ennuyer. En effet en France il n’y a pas de terroristes, pas d’OQTF, pas de racailles. Notre grand président a dons décidé d’emmerder les agriculteurs. Un jour il a dit « qu’ils viennent me chercher «
Ils sont moins virulents pour s’en prendre a la racaille qui tue notre jeunesse avec la drogue, il ne faut pas s’en prendre aux gendarmes mais aux décideurs qui les ont envoyés.
Ces quarante gendarmes n’étaient -ils pas nécessaires ailleurs ?
150 salariés… un « agriculteur » ?
Effectivement. j’habite une région de maraichers, je n’en connait pas un qui ait 150 salariés…
Oui c’est fréquent pour un maraîcher en période de récolte. Par chez moi, un agriculteur embauche plus de 800 personnes pour u e récolte saisonnière…
Comme dirait l’une de mes vieilles connaissances : « on sait ou leur argent ne va pas »