Inégalités salariales : Élisabeth Borne ignore les mères

mère de famille

Cadeau ! Cet article vous est offert gracieusement avec mes compliments, puisque depuis 11 h 25, ce lundi 6 novembre, et jusqu’à la fin de l’année, je suis réputée, comme toutes mes sœurs en féminité, travailler gratuitement.

Cette assertion est lancée peu ou prou chaque année à la même époque par l’association féministe d’extrême gauche - un bref détour par son compte sur les réseaux sociaux ne laisse aucun doute sur ce point - Les Glorieuses. Elle est reprise immanquablement par tous les médias. Le gouvernement, toujours à la remorque de l’extrême gauche, en la personne d’Élisabeth Borne, sur son compte X, n’a rien eu de plus pressé que reprendre ce slogan choc : « Il est 11 h 25, en France, les femmes travaillent désormais gratuitement jusqu’à la fin de l’année. » Et le Premier ministre de poursuivre sur sa lancée : « Mixité des métiers, orientation professionnelle, accès aux postes à responsabilité, égalité salariale : nous devons agir sur tous les leviers. J’y veillerai. »

Voldemère

Inutile de relire la phrase, vous n'avez pas rêvé : parmi toutes les causes évoquées, aucune trace de la maternité. L’impasse totale, comme s'il ne s'agissait pas de l'explication majeure. Regardons, précisément, les derniers chiffres de l’INSEE, ils sont éloquents. Les inégalités de salaire sont mal nommées : ce ne sont pas des écarts entre homme et femmes, mais entre hommes et mères. Ou même, disons-le tout de go, entre femmes et mères.

Entre une femme sans enfant et un homme à temps de travail égal (mais à poste de travail potentiellement différent), il y a 7,3 % d’écart. Quand elle devient mère, l’écart se creuse à raison de presque 10 % par enfant : avec 3 enfants et plus, il s’élève à 30,9 %.

À poste et temps de travail égaux, la différence entre les femmes (sans distinction) et les hommes s’élève à 4,3 %. Dans cet écart, on retrouve nécessairement, pour certaines, le facteur maternité : même à poste égal, une interruption de carrière momentanée joue sur la progression de la rémunération.

Qu’en conclut-on ? Que sans la donnée parentalité, l’écart de salaire est dû à la nature du poste (et non au sexe de l’individu), donc à un choix personnel : aucun métier, de nos jours n’est interdit aux femmes. Mais, dès qu’intervient le critère maternel, en revanche, l’inégalité se creuse fortement. Bref, ce sont les mères plutôt que les femmes - ou les mères et, par voie de conséquence, les femmes - qu’il faudrait soutenir pour combler cette discrimination salariale. Pourtant, à aucun moment Élisabeth Borne n’évoque seulement cette question, comme si le mot « mère » était radioactif ou crypto-fasciste. Après Voldemort, dans Harry Potter, voici Voldemère : celle-dont-on ne-prononce-pas-le-nom.

Déjà, pour les retraites... 

Déjà, il y a quelques mois, la maternité avait été l'angle mort de la réforme des retraites. Cette réforme, passée aux forceps dans les cris et les grincements de dents, aurait dû être, pourtant, l’instant de la mère. L’occasion de sa mise en avant. Son heure de gloire. La retraite par répartition, sans la natalité, et donc la contribution maternelle, est une pyramide de Ponzi intergénérationnelle. C’était le moment de démontrer que la procréation - dont les femmes sont seules maîtresses - étant infiniment précieuse pour la société, elle devait être absolument encouragée par des allocations et des mesures familiales ad hoc, pendant la durée de vie féconde et, ensuite, dédommagée, voire récompensée, à l’âge de la retraite. La mère aurait dû être mise sur une stèle.

Pour lui rendre justice, et susciter des vocations. La démographie a été, au contraire, l’impensé et le tabou de cette « réformadoff » : on a reculé (la date de l’âge du départ) pour mieux sauter. À aucun moment le sujet de la natalité n’a été abordé par le gouvernement, sauf pour botter en touche. Un podcast de France Inter en date du 1er février 2023, intitulé « La natalité, l’autre débat derrière les retraites », éclaire, commentée par un de ses proches, l’opinion d’Emmanuel Macron sur le sujet : « L’idée d’une politique familiale assumée, ce n’est pas dans le logiciel du chef de l’État » : « Cela donne l’impression de réduire les femmes à un rôle de mère, c’est pas notre truc. »

Les mères sont donc - quel compliment ! - des « femmes réduites ». Là encore, on peut voir dans ces éléments de langage un copier-coller, en version mezzo voce, de la rhétorique d'extrême gauche. « Nos ventres ne sont pas la variable d’ajustement du financement des retraites ! », criait Sandrine Rousseau, dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. « Nos ventres ne sont pas la variable d’ajustement du financement des retraites ! », répétait en écho, sur Twitter, Manon Aubry. Pas question de plus aider les mères de quelque façon que ce soit.

Les féministes prétendent défendre les femmes en ignorant les mères, comme si celles-ci, dans la vraie vie, n’étaient pas le plus souvent indissolublement liées. Et ces trahisons sont loin d’être... glorieuses.

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

15 commentaires

  1. Discuter de l’égalité salariale à notre époque, c’est la même chose que le sexe des anges à Byzance. N’ayez crainte, le problème sera vite résolu par la république islamique française, qui renverra toutes les femmes dans le foyer de leur cher époux.

  2. Il y a quelques décennies, on pouvait argumenter que les filles faisaient moins d’études que les garçons, que certaines femmes prenaient des boulots alimentaires, sans trop d’études, après un divorce, le décès du coinjoint. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. C’est bien la maternité et l’éducation des enfants qui ralentit une carrière. Renoncer à avoir des enfants n’est pas la solution. Le professionnel est loin d’être la seule source de satisfactions… Dans mon monde idéal, la solution vient des hommes, des pères, des femmes sans enfants. Compensons les congés maternité, ne jugeons pas les parents qui adapent leurs horaires tant que le travail est fait et surtout que les pères soient plus impliqués. Qu’ils aillent aussi aux RV médicaux, qu’ils gardent les gamins malades, refusent les réunions passé 17h… Les scandinaves l’ont mieux compris.

  3. Excellent article ! Comme je l’ai déjà répété ici, le métier de mère de famille est le plus beau métier du monde (et je le répèterai toujours). Ma compagne s’est arrêté de travailler à la naissance de notre premier enfant et n’a pas repris ensuite (nous en avons eu 3) . Et si c’était à refaire, nous referions STRICTEMENT la même chose.

  4.  » C’était le moment de démontrer que la procréation – dont les femmes sont seules maîtresses  » À cette pertinente affirmation, il faut répondre que des choix « difficiles » sont fait par ce gouvernement. En effet il préfère dépenser à fonds perdus 35 milliards d’€ en faveur de l’immigration et investir dans la France de demain par le biais d’avantages alloués à la procréation. Pour lui le bon choix est fait : celui du remplacement de la population.

  5. Comment voulez-vous que (la) première ministre se préoccupe des mères dans un pays où l’enfant est proscrit parce qu’il est accusé de destruction de la planète ! Quand on privilégie l’avortement à la naissance ! cela fait (déjà) plusieurs années qu’elle est en poste et rien de concret n’a été fait, ce n’est donc pas demain, la veille (de l’avant veille) que cette dernière va sortir quelque chose de son chapeau d’illusionniste !!

    • S’il vous plait, il ne faut pas mélanger les sujets…les femmes sont des personnes (comme les hommes) qui doivent avoir le droit de rester libres de leur corps. Toutes ne souhaitent pas avorter et si ce choix devait à un moment se présenter à elles ce ne serait pas forcément de gaité de cœur… Les femmes peuvent aussi aspirer à avoir plusieurs enfants mais rien dans notre société ne les épaulent ni les soutiens. Manque de crèches/garderies (d’état ou d’entreprise), emplois du temps adaptés avec « crédits » de congé parentaux annuels (père ou mère), allocations familiales spécifiques en faveur des femmes/familles ou les 2 travaillent… En France on fait tout le contraire favorisant le plus d’enfants pour ceux qui ne travaillent pas… Il faudrait inverser le cursus…

  6. Les Français ceux de souche ne font pas suffisamment d’enfants mais sont ils encouragés d’en faire, selon madame Borne çà vaut pas le coup car nous avons d’autre entretenus par la CAF et le RSA qui les font pour nous. N’y aurait il pas un soupçons de grand remplacement.

  7. Depuis quelques années, il est de bon ton pour nos gouvernants de supprimer les rares avantages qu’avaient les familles dans notre système social, et qui dataient pour la majorité, du Conseil National de la Résistance. Quotient familial réduit, allocations suivant les revenus, cartes famille nombreuses disparues, etc., …
    Il faut dire que les situations familiales de nos ministres et présidents, ainsi que leurs orientations sexuelles, ne les poussent pas à considérer la famille comme une priorité. On comprend donc que la « maman » est un ennemi de classse pour ces gens là, au maximum un outil permettant d’acquérir un enfant pour son propre épanouissement personnel, mère porteuse… Sans doute un objet de jalousie qu’il faut punir d’avoir pu porter un ou plusieurs enfants naturellement, et donc d’avoir créé un lien si fort qu’il perdurera toute la vie…
    Alors, l’égalité des salaires? Un affichage médiatique, sans plus.
    Et pas question de récupérer des milliards sur le budget immigration, pour les réorienter vers la mère ou la famille…

  8. Une hônte pour les mères de famille. Comment voulez vous repeupler la France de vrais bébés Français. Madame Borne est en crise de la cinquantaine ou de la soixsantaine. Elle se rapelle qu*elle a eut un fils?
    Mieux vaut payer des soins gratuit en milliards à des étrangers, que protéger le coeur des vrais Français.
    Le moment de voir Le Pen et Bardella sur cette importante loi qui est fondamentale pour la vie de famille du peuple Français.

  9. Oui, mais puisqu’il paraît que dans le nouveau monde une mère n’est pas forcément une femme …

  10. Un président sans enfant , des ministres femmes plus froides que des glaçons avec un petit pois à la place du cerveau et des féministes qui sont la honte de la gente féminine , et vous espérez que ce beau monde va valorise ces femmes qui donnent la vie . Les enfants sont l’avenir d’un pays , il faudrait donc une vraie politique familiale pour relancer la natalité . Avec cette équipe c’est tout le contraire qui se passe , leur but , détruire ce qu’il reste de ce pays .

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