[Info BV] L’Arcom cherche à nouveau des poux dans la tête de CNews

CNews aurait été mise en demeure de classer en temps de parole politique les propos d'une dizaine d'habitués.
Capture d’écran (31)

Précision ce 22 novembre à 17h : la chaîne CNews n'a pas formellement reçu de mise en demeure de la part de l'Arcom, selon CNews. Et la mesure s'applique, au-delà de la seule CNews, aux radios et télévisions, notamment aux chaînes d'information LCI et BFMTV.

Cette nouvelle règle concerne cependant par nature davantage CNews car son offre éditoriale compte essentiellement des plateaux de débats. L'Arcom n'a pour l'instant pas pu être joint. Ces précisions donnent lieu à des modifications dans le texte qui suit.

Sans bruit, en coulisses, l’autorité de régulation des médias Arcom (ex-CSA) resserre l’étau autour de la chaîne d’information CNews. Aucune communication officielle n'a pour l’instant franchi les murs de la maison. Interrogé par BV, le gendarme des médias n’a pour l'instant pas répondu. De son côté, CNews fait profil bas : « On ne communique pas pour le moment. On essaie de régler le problème avec l’Arcom », glisse une porte-parole.

Selon nos informations, CNews est contrainte de classer en temps de parole politique (donc limité et équilibré entre les partis) les propos tenus à l'antenne d'une dizaine de personnalités habituées de ses plateaux. Cette nouvelle règle s'applique aussi à ses concurrentes LCI et BFMTV, mais les deux chaînes proposent moins de plateaux de débats et sont donc moins concernées a priori. La nouvelle règle s’appliquerait à compter du 14 novembre. La mesure pourrait aboutir à écarter certaines personnalités de l'antenne. Furieuses, elles commencent à s’exprimer.

« Un homme politique d'un genre nouveau »

Tour à tour, l’économiste, haut fonctionnaire et polémiste Jean Messiha et le politologue Guillaume Bigot, président du mouvement France souveraine, se sont défendus. Jean Messiha a ainsi publié sur X une vidéo, le 20 novembre à 18 heures, à sa sortie du siège de la police judiciaire de Paris où il était convoqué dans le cadre de l’affaire de la cagnotte au policier auteur du tir fatal sur le jeune Nahel. Entouré de ses deux avocats, il évoque incidemment les exigences de l’Arcom. « Je découvre […] qu’il y a deux jours, l’Arcom a décidé de me classer comme personnalité politique de droite !, tempête Messiha. Et de décompter mon temps de parole d’un courant de droite virtuelle, ce qui revient à faire de moi un homme politique d’un genre nouveau, sans parti politique, sans mandat électif et sans aucune candidature à aucune élection. »

Le président du cercle de réflexion Vivre français reste un politique, estime l’Arcom : son temps de parole doit être décompté de celui des élus divers droite. « La conséquence de tout cela, c’est que, classé à droite, je ne peux plus parler, estime Jean Messiha. C’est une censure, un musellement ou, en tout cas, une tentative : mes plateaux (sur CNews) sont annulés jusqu’à nouvel ordre. » Pour lui, c’est simple : « On cherche à me faire taire. »

Même son de cloche chez Guillaume Bigot, furieux lui aussi. Parmi la dizaine de noms problématiques sur la liste de l’Arcom, « certains ont accepté de donner un coup de main juridique à un véritable parti politique il y a plus de dix ans, admet Guillaume Bigot dans une communication diffusée sur X, mais cela suffit pour l’Arcom à faire d’eux des porte-drapeaux de ce parti politique ». Dans cette liste, « on compte également des élus municipaux sans étiquette, mais on doit veiller au temps de parole du "sans-étiquetisme", c’est original, c’est une percée conceptuelle, persiffle l’éditorialiste de CNews. Décidément, la Macronie ne déçoit jamais. » Et pourtant… son mouvement France souveraine « n’est pas du tout dans un processus électoral pour l’instant », précise Guillaume Bigot, qui a choisi de se soumettre. Élu en septembre 2021 à la présidence de France souveraine, il a donné sa démission pour rester éditorialiste et politologue à CNews.

Menaces

Une énième tracasserie mise en travers d’une chaîne qui monte, bat ses propres records d’audience et dérange le gouvernement. Dans une intervention sur France Inter, le 9 février dernier, le ministre de la culture Rima Abdul-Malak avait carrément menacé CNews et sa soeur C8, les deux chaînes gratuites du groupe Bolloré, de supprimer leur fréquence, C8 cumulant plusieurs amendes de 3 à 4 millions d’euros chacune : « C'est le rôle de l'Arcom, au moment de faire le bilan de ses obligations, de vérifier qu'elles ont bien été respectées pour pouvoir ensuite évaluer si la reconduction de cette fréquence est justifiée ou pas. » Une menace de fermeture de l'antenne pour réattribuer l'exploitation, le cas échéant, à un autre propriétaire. Dans Le Monde, mi-janvier, le ministre avait déjà invité l'Arcom à « regarder comment [C8 et CNews] ont respecté [leurs] obligations » au moment de l’analyse de leur bilan en 2025 pour la reconduction de leurs autorisations de diffusion. L’affaire des menaces ministérielles avait atteint les bancs de l’Assemblée. Le 14 février, le député de l’Ain et conseiller régional (LR) Auvergne-Rhône-Alpes Xavier Breton lançait au ministre en séance : « De très nombreuses personnes ont été choquées par les menaces que vous avez formulées à l’encontre des chaînes C8 et CNews. » CNews et C8 le savent : elles sont sur la sellette. Rien ne leur sera pardonné.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/09/2024 à 16:00.
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Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

122 commentaires

  1. C’est une honte!!! cette chaine est donc victime des » Bobos-Ecolos-Gauchistes »qui veulent maitriser les chaines d’infos. Pourtant celle-ci est très ouverte à toutes les informations, et ne reçois pas que des amis.

  2. En voulant museler la parole de Jean Messiha, de Bigot et d’autres, la Macronie veut empêcher tous les Français patriotes de prendre la parole. Cela démontre que nous vivons dans une véritable dictature qui grignote chaque jour un peu plus la liberté dans notre pays.

  3. En voulant museler la parole de Jean Messiha, de Bigot et d’autres, la Macronie veut empêcher de tous les Français patriotes de prendre la parole. Cela démontre que nous vivons dans une véritable dictature qui grignote chaque jour un peu plus la liberté dans notre pays.

  4. Si on n’appelle pas ces diktats illégaux de la macronie qui veut continuer à s’acheter les voix des gauchistes des prémices honteux d’une dictature, on les appelle comment ?
    Et si aucun parti politique n’assigne cette gravissime suspicion à la Haute Cour de Justice de la République … Et que cette macronie impuissante et irresponsable parvient à étouffer les voix de la Liberté, que faisons-nous ?
    On se laisse faire?

  5. il y avait encore il y a quelques temps le droit d’expression en France, tout çà c’est fini, c’est la parole du gouvernement qui rpime aucune contradiction n’est tolérée, l’Arcom dont le président est désigné par l’exécutif, les chaines et médias publics les responsables sont désignés par l’exécutif payés par nos impôts. Le gouvernement cherche à museler l’opposition par ses stratagèmes de parités, combien de fois Cnews a invité des gens de gauche, ils ne veulent pas venir, c’est leur problème, véran, Dupont, Rousseau etc, ne veulent pas y aller de fait il y a un décalage dans la prité pais pas du fait de Cnews, ce gouvernment qui fait faire à Véran la tournée des communes gérées par le RN et qui distribue des enveloppes d’euros aux associations, ces enveloppes sont destinées à la propagande de Renaissance avec l’argent de nos impôts.

  6. Nous y sommes la police politique est en Marche CNews qui nous apporte réflexion et analyse des évènements vont devoir se mettre en sourdine ça commence comme ça et cela finit comment dans notre pays d’expression libre ?

  7. Jean Messiha c’est simple : « On cherche à me faire taire. » Je connais bien ça sur le blog Orange , même si je n’ai pas l’aura de Monsieur Jean Messiha , loin s’en faut ! Pourtant , tant que l’on reste dans le cadre légal ou règlementaire , les opinions des uns valent bien celles des autres . Après , c’est de tolérance ou d’intolérance qu’il s’agit ………… faisons une Loi pour la « régir » ! Hi Hi Hi !

  8. Naïvement, je croyais que les temps de paroles n étaient décomptés que lors des périodes électorales ? J ai du confondre démocratie et dictature à peine voilée (de moins en moins.)

  9. On interdit à une grande partie des Français d’être représentés. En muselant la parole de Bigot et d’autres, on musèle la parole de nombreux Français. Honte à cette dictature qui avance en rampant comme une limace visqueuse.

  10. Et si l’on mettait l’ARCOM en demeure de faire compter le temps de parole des journalistes du secteur public et leurs invités en fonction de leurs opinions pro-migrantes, pro–palestiniennes, pro-macronienne,et Wokes ?

  11. Arcom « le bras à museler de Macron » !
    Chaque jour nous nous dirigeons sur le route du totalitaire , celle où le Français  » de souche » ou celui devenu Français par amour de la France n’aura plus aucun droit que celui de vivre caché et muet !!!

  12. Ils sont forts nos dirigeants. Ils se plaignent sans cesse que les réseaux sociaux prospèrent mais font tout pour qu’on s’y rende. Non, décidément ils n’ont rien compris à moins que cela s’inscrive vers une surveillance accrue des internautes. Les propositions de Thierry Breton semblent aller dans ce sens.

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