Insectes : le ver est dans la farine

L'UE veut nous faire manger de la farine d'insectes. Face à l'idéologie, le réel : le secteur est en faillite.
Capture écran Euronews
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Dans le monde imaginaire rêvé par l’Union européenne, l’humanité serait débarrassée de la production animale qui pollue et abîme les sols. Nouvelle invention en date : faire manger de la poudre d’insectes aux humains. Problème : les affaires de ce secteur emblématique de la French Tech qui a été arrosé à coups de dizaines de millions d'euros tournent au fiasco.

En février 2025, l’UE autorise la mise sur le marché d’une farine de vers broyés qui pourra entrer dans la composition de certains produits comme le pain, les pâtes. Cette folie qui pourrait prêter à sourire, si elle n’était pas véridique, est non seulement une impasse idéologique, mais en plus financière. Symbole de ce fiasco, l’entreprise Ynsect, qui est en grande difficulté. Elle est le premier producteur mondial de vers de farine. Son objectif : « Proposer une alternative plus durable, de haute qualité nutritionnelle et concilier l’impact à notre activité. » On peut, par exemple, lire sur son site que les scarabées forment un « ingrédient de grande qualité », « ils réconcilient notre bien-être avec celui de nos écosystèmes. Ils permettent de créer de savoureux produits qui soient sains et avec un impact positif », et ce n’est pas fini : « Ils regorgent de protéines, de vitamines et de minéraux de grande qualité, ce qui rend possible leur utilisation dans leur entièreté, jusqu’à leurs déjections. »

« Un gaspillage éhonté d’argent public »

En 2023 Ynsect a enregistré une perte nette de près de 80 millions d’euros. La société, fondée en 2011, a été placée officiellement en redressement judiciaire en mars. Même si un repreneur s’annonçait, son avenir ne tient qu’à un fil.

Elle est endettée de 130 millions d’euros auprès des banques et de ses fournisseurs et aurait besoin du double pour maintenir son activité. Pour l’eurodéputée RN Valérie Deloge, il s’agit ni plus ni moins « d’un gaspillage éhonté d’argent public ». Boulevard Voltaire a rencontré l’élue qui est spécialiste des sujets agricoles. Éleveur, elle s’est fait remarquer par le député Julien Odoul, qui la propulse en 2021 au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté dont il préside le groupe RN. Un atout pour le parti mariniste qui peut s’appuyer sur l’expérience de cette femme qui, après diverses activités dans l’élevage, s’occupe désormais d’un troupeau de 50 moutons. Élue à Bruxelles en 2024, elle suit de près le dossier de l’entreprise Ynsect. Face au financement public « colossal » de l’entreprise, la députée n’en démord pas : « Plus de 50 millions sont partis en fumée au nom de l’idéologie et de la décroissance. » En effet, l’État, via la Banque publique d’investissement (Bpifrance), a injecté 25 millions d’euros dans l’entreprise et détient 15 % de son capital. L’UE a injecté, quant à elle, 20 millions d’euros. La région Hauts-de-France avait aussi subventionné la société à hauteur de 770.000 €, en 2020. Une usine flambant neuve de 45.000 m2 a été construite pour produire des dizaines de milliers de tonnes de protéines d’insecte par an .

Ynsect, une entreprise soutenue par le Forum de Davos

Une entreprise qui se targue de recevoir le soutien enthousiaste du Forum de Davos ! Et pour cause. Elle est dans la droite ligne de cette « idéologie de la décroissance agricole » que dénonce Valérie Deloge. « Il y a une volonté de remplacer les protéines animales par des protéines végétales, mais aussi sous forme d’insectes. »

Cette entreprise en faillite est le symbole de cette green tech écolo-bobo, ces PME qui, selon l’État, « œuvrent pour la transition environnementale » et offrent ainsi des « solutions innovantes permettant de lutter contre le réchauffement climatique, réduire notre empreinte carbone et assurer la protection à long terme de l’environnement ».

Parce que la viande est « une pollution pour l’atmosphère et les sols », l’UE s’enfonce dans « une aberration » : « Ils veulent transformer l’agriculture, réduire l’élevage et abandonner la consommation de viande, c’est le but de leur idéologie de transition alimentaire », dénonce l’eurodéputée du RN. Une transition qu’« une élite veut imposer aux citoyens sans leur consentement. Résultat : le rejet est massif et le gaspillage financier aussi. » Pour, in fine, importer de la viande qui a été produite « sans aucune norme, qui est bourrée d’hormones alors que nous, en France, nous n’avons pas le droit d’élever librement nos animaux », s’indigne Valérie Deloge, qui s’étrangle lorsqu’elle entend Annie Genevard, le ministre de l’Agriculture dire, quant au traité du Mercosur, qu’elle ne souhaitait pas « sacrifier l’agriculture française sur l’autel d’un accord à tout prix ». « On demande toujours aux agriculteurs et aux éleveurs de se serrer la ceinture. C’est honteux, il n’y a plus de crans ! », s’insurge la députée, qui s’apprête, comme tous les week-ends, à retrouver ses bêtes. De la glaise qui colle aux bottes, pour s’échapper un instant de ce monde hors-sol que les technocrates veulent faire régner.

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Yves-Marie Sévillia
Journaliste chez Boulevard Voltaire

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