« Les Insoumis sont des collabos de l’islamisme« 

Un recours a été intenté contre votre élection par la candidate d’En marche que vous aviez battue…

Il vient d’être rejeté par le Conseil constitutionnel qui a jugé que sa requête était mal fondée dans tous les moyens de droit et de fait dont elle s’est prévalue. Il a suivi les conclusions du ministère de l’Intérieur qui considérait que ce recours était dépourvu de sérieux. Un recours abusif, malveillant, plein d’insinuations et de sous-entendus et, en définitive, insultant pour les électeurs de la 6e circonscription de l’Hérault.

Voilà six mois que vous siégez à l’Assemblée. Un premier bilan ?

Positif ! On peut se faire entendre même si l’on n’appartient à aucun groupe, comme c’est mon cas. Malgré les règlements, les habitudes qui font des députés non-inscrits des élus de second rang, nous pouvons intervenir régulièrement, sur toutes les questions. Il suffit de travailler, d’être présent.

Et de se battre…

Parfois même un peu seule comme lors des débats sur l’Aide médicale d’Etat – réservée aux personnes entrées illégalement en France – ou sur le droit d’asile européen. Deux sujets au cœur de nos préoccupations.

Vous prenez parfois la parole plusieurs fois par jour.

Je prends au sérieux mon activité de député. Je veux faire entendre ceux qui m’ont élue. Je veux faire entendre un autre son de cloche. Député est un travail à plein temps.

Quid de vos rapports avec les élus du Front national ?

Je ne suis pas membre du Front national. J’ai été élue avec le soutien de six partis (le FN, Debout la France, le Siel, le RPF, le CNIP, le MPF de Philippe de Villiers) : un cas unique en France. Et je tiens à mon indépendance. Je refuse de voter contre un texte au seul prétexte qu’il émane d’élus d’un autre bord politique. Je déteste ce petit jeu politicien dont les Français ne veulent plus. Je vote en mon âme et conscience, avec comme seule boussole l’intérêt de mon pays et de ceux qui m’ont fait confiance.

Mais êtes-vous entendue par les autres députés ?

Assimilée – à tort – au Front national, ma parole est immédiatement dévalorisée. J’ai encore en tête les insultes fusant des rangs de l’extrême-gauche. Les Insoumis sont une caricature. Malheur à nous s’ils arrivaient au pouvoir… Ils n’ont que le peuple à la bouche mais lui préfèrent systématiquement les ennemis de notre pays. Ils sont, comme le dit Michel Onfray, des « collabos » de l’islamisme… Quant aux élus de la République en marche, ils sont – à quelques exceptions près – d’une arrogance, d’une suffisance insupportables. Si c’est ça la société civile, je la leur laisse. Reste la droite. Je constate qu’il n’est plus si rare que certains députés LR m’applaudissent… peu nombreux encore, je ne désespère pas de leur prouver que, sur certains sujets, nous pouvons faire cause commune.

Être dans l’opposition ne fait-il pas de vous une député inutile ?

Absolument pas. Je défends, jour après jour, les dossiers importants de ma circonscription, que ce soit le TGV, la viticulture ou le maintien des bénéfices de la loi Pinel sur le logement à Béziers. Et puis, une fois encore, je fais entendre la voix de ceux qui sont les laissés-pour-compte de ce gouvernement : les habitants de la France oubliée et même méprisée par ce pouvoir tout comme les plus humbles, les plus faibles de nos concitoyens. Il m’arrive même de remporter des victoires. J’ai été la seule, je dis bien la seule députée à m’élever contre un article de loi qui prévoyait de frapper d’inéligibilité quiconque aurait été condamné pour un propos jugé discriminatoire, en clair pour avoir dit ce que tout le monde voit et que nos élites taisent. Le Conseil constitutionnel m’a donné raison.

Emmanuelle Ménard
Emmanuelle Ménard
Journaliste et essayiste - Députée de l'Hérault.

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