Insultes, misogynie et menaces : le rap contre le RN enthousiasme les médias

© Capture écran
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No pasaran. 9 minutes 43 secondes, une vingtaine de chanteurs et un titre en référence à la résistance espagnole au régime de Franco. Sous la direction de DJ Kore, vingt rappeurs de différentes générations se sont rassemblés pour écrire et interpréter un long morceau contre le Rassemblement national. Sorti peu avant minuit, ce 1er juillet, le morceau culmine à plus de 400.000 vues sur YouTube en moins de 24 heures. Mais, déjà, le clip suscite la polémique. En cause, des paroles d’une rare violence qui ne semblent pas choquer l’ensemble de la sphère médiatique et politique.

Injures et menaces

« Fuck le Rassemblement national. » « Jordan, t’es mort ! » « On vote pas Marine, on baise la mère à Bardella. » « Si les fachos passent, je vais sortir avec un big calibre. » « Ils méritent de caner. » « Marine et Marion les putes. Un coup de bâton sur ces chiennes en rut. » « Les fafs, ça fait dix ans, j’les fume dans toute la ville. » « Vive la Palestine de la Seine au Jourdain. » « Fuck Éric Zemmour »… Menaces, dénigrement, misogynie, insultes, propos à la limite de l'antisémitisme… durant près de dix minutes, les rappeurs auteurs de ce titre s’en prennent avec virulence au Rassemblement national et à ses alliés. Sur fond de retour des années 1930 et d’attaques contre Israël, les auteurs de cette prose abjecte assument « jouer avec limites ». Ainsi, quand ils clament « Jordan, t’es mort ! », il ne faudrait pas, selon eux, y voir une menace ou un appel au meurtre, mais une référence à un combat de MMA entre Cédric Doumbé et Jordan Zebo. Soit, mais la frontière avec l'illégalité est ténue.

Déjà l’imam Chalgoumi, mis en cause dans ce morceau, a annoncé par la voix de son avocat son intention de déposer plainte. « La situation politique n’autorise pas tout », déclare son conseil, maître Jonas Haddad. De son côté, Marine Le Pen espère que le « parquet va se saisir de cette abjection ». Jordan Bardella, enfin, dénonce un texte empreint d’« appels au meurtre, de la misogynie violente, de l’antisémitisme crasse et du complotisme ».

Absence de condamnations

Au-delà des paroles violentes et insultantes de ce morceau de rap, l’enthousiasme à peine masqué de certains médias à sa sortie semble encore plus problématique. En effet, Le Parisien, fier d’avoir interviewé certains des rappeurs à l’origine de cet hymne anti-RN, a laissé sur son site pendant plusieurs heures un article titré simplement : « Le rap coup de poing contre le RN : que dit vraiment le morceau ? ». Dans cette version originale du papier, les paroles ne sont nullement condamnées. Il est seulement question de « paroles crues », de « punchlines incisives » ou encore de « paroles virulentes et provocatrices ». Il faut attendre le début de la polémique pour qu’à la mi-journée, ce 2 juillet, la rédaction du Parisien rétropédale, modifie son article et précise : « Ce papier a été modifié en raison d'une formule inappropriée, qui semblait minorer la violence des paroles de cette chanson. » Trop tard, le mal était fait…

Sur BFM TV, même rengaine. Le rap contre le RN est régulièrement évoqué à l’antenne et ne semble pas indigner les journalistes et chroniqueurs présents sur le plateau. Pour l’une des journalistes de la matinale, il s’agit simplement « de rappeurs au combat qui ne retiennent pas leurs coups. Les mots sont durs, parfois violents. » Là encore, pas de condamnation. Quelques heures plus tard, une autre journaliste ajoute qu’il « faut juste décoder ». Autrement dit, ces paroles, aussi violentes soient-elles, sont seulement des références à la culture urbaine qui ne méritent pas une indignation collective. Rost, un chroniqueur, va jusqu'à parler de « cri d'amour pour la France ». C’est seulement en début d’après-midi qu’une condamnation à demi-mot de certaines paroles sera évoquée à l’antenne. Et que dire du Huffington Post, qui nous parle d’une « attaque sans filtre », de Libération, qui décrit « une variété d’angles assez enthousiasmante » ou du Nouvel Obs qui titre : « Le rap tient son nouvel hymne anti-RN ».

Même constat au sein de la classe politique. Ni Sandrine Rousseau ni Marine Tondelier, pourtant féministes autoproclamées, n’ont ainsi apporté leur soutien à Marine Le Pen et Marion Maréchal violemment mises en cause dans ce morceau. Parce que c'est le Rassemblement national, tout est permis...

Cet enthousiasme des médias et le silence de la classe politique sont d’autant plus étonnants que le profil de certains auteurs de ce morceau interroge. On peut, notamment, citer le rappeur Alkpote qui, dans des vidéos exhumées ces jours-ci sur les réseaux sociaux, déclarait, par exemple : « Je suis complètement homophobe » ou « Ce sont les juifs qui contrôlent l’Europe, ils contrôlent le rap […] Ils sont partout ». Il n’hésitait pas, d’ailleurs, à qualifier l’animateur Laurent Ruquier de « pute homosexuelle ». Deux autres, Fianso et Mac Tyer, chantaient, quant à eux, vouloir « baiser la France ».

Malgré une violente mise en cause, Marion Maréchal choisit l'ironie et conclut : « Merci à ce collectif de rappeurs ringards pour les milliers de voix que leur clip de haine apportera aux candidats de l’union nationale. »

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

112 commentaires

  1. Quand donc les électeurs LR vont-ils contraindre les Wauquiez, Bellamy, Lisnard et consorts à constituer avec le RN un vrai Front Populaire qui n’a rien à voir avec le Front Révolutionnaire de Mélenchon qui lui, n’a rien de populaire parce que gangréné par des désoeuvrés de tout poil, des artistes de pacotille sans talents dont le cerveau se situe dans la partie basse, des sportifs dont le cerveau se trouve au niveau de leurs pieds, des syndicalistes qui n’ont plus d’adhérents, des anciens LR qui ont perdu la mémoire et qui ont rejoint Macron, des immigrés qui ont le mal du pays qu’ils ont quitté, des islamistes qui veulent nous imposer leur conception de la religion et du rôle des femmes, des féministes de toute nature qui ne réalisent même pas qu’elles côtoient les islamistes qui veulent leur disparition ?
    Quand nos visionnaires de droite qui ont leurs yeux dans leurs poches vont-ils comprendre que la France est en train de mourir ?

    • Les électeurs LR n’ont pas à convaincre ces « morts-vivants » de la politique française. Ils sauront voter pour la Droite et un pays gouvernables plutôt que pour une France macrono-socialo-communiste.

  2. Ces rappeurs qui s’auto-proclament « résistants » donneraient-ils leur vie pour la France? Non, puisqu’ils haïssent la France. Il s’agit juste de faire du buzz pour essayer de se faire une place au soleil. Ces énergumènes décérébrés sont biberonnés à la violence, à la misogynie et aux thèses complotistes antisémites. À côté, le clip de Mila est plutôt gentillet…

  3. Tout cela est absolument parfait! ce rap a un parfum de Bandera, ou milice d’AZOV! Allons z’enfants de la patrie le jour de gloire est arrivé! Mais au fait…quels sont les dirigeants et médias français qui veulent des propalestine au pouvoir? j’ai pas tout compris c’est ça? Les nouvelles alliances de Macron et de Melanchon sentent le souffre!

  4. Exécutif Gouvernemental ,Darmanin ,Dupont-Moretti ,tous ces responsables de l’ordre Républicain aux abonnés absents .Marion Maréchal a résumé avec humour ce que provoquent « ces honteux clips de haine » ..

  5. Finalement les textes de ces « artistes » sont à la hauteur des facultés de compréhension de leurs auditeurs.

  6. BFM n’avait pas de mots assez dur pour « le tube de l’été » —- je partira pas —– de Mila, dénonçant les paroles racistes de cette petite femme blanche. Tandis que le rap des racailles racisées, là, no problemo !! Bref, rien de nouveau, surtout dans les médias. Quant aux féministes et politiques, aux abonnés absents. Là aussi, rien d’étonnant !

  7. « Cet enthousiasme des médias et le silence de la classe politique sont d’autant plus étonnants ». Rien d’étonnant si on veut constater la réalité. Ces basses manœuvres nauséabondes sont issues directement de LFI mélenchoniste avec la complicité active de ses nouveaux alliés macronistes accompagnés de leurs médias aux ordres. Rien que du banal dans la France macronienne.

  8. et après on critique Mila et son » je partira pas »? C’est sérieux?
    tiens, je vais me le repasser en boucle !

  9. pourquoi tant de haine et une telle violence ? pourquoi un président ne réagit-il pas à de telles outrances alors que ce serait son devoir? C’est à désespérer de ceux qui nous gouvernent.

  10. @INDIGOT : je partage votre commentaire et votre indignation à 100% .
    je ne suis pas sure que ces « courageux rappeurs, la nouvelle culture » aient le même courage, que les républicains espagnols,qui ont donné leur vie, au débarquement de Provence, pour Libérer la France en 39-45. j’ai envie de vomir

  11. Il suffisait cette semaine de prendre une photo des panneaux d’affichage de la campagne électorale pour illustrer le décalage : LFI intact et RN ou Reconquête dépecés, déchiquetés, tagués d’insultes.
    Une bonne image dit mieux qu’un long discours (même si l’article ci-dessus est parfaitement percutant. merci à son auteur)

  12. « Ce qui est exagéré est insignifiant » d’une part et d’autre part  » Qui ne dit rien consent » .Cela se retourne sur ceux qui laissent faire : Dupont-Moretti, Darmanin, Macron et tout le reste . La bêtise haineuse d’un côté et la lâcheté sans borne de l’autre . Effectivement ça va apporter des voix au RN dimanche et entamer le reflux des « élites « .

    • Mais où est donc ce fameux arc républicain ? Ce donc cela ses valeurs républicaines : laisser injurier l’adversaire (et non l’ennemi) sans rien dire.
      Qu’attend le Procureur de la République, qui représente le Peuple, de diligenter une enquête à l’encontre de ces soit disant artistes: injures publiques, menaces de mort, propos racistes et antisémites et j’ en passe et des meilleures ?
      Il va encore nous ressortir l’ excuse de la liberté d’expression !
      Si c’était été le fait d’articles de droite le Président et sa cour, les médias et toute la gauche de Hollande à Poutou auraient crier au scandale et à la dissolution du groupe et à sa mise en prison.
      Mais là c’est pour la bonne cause, m brave Dame, il FAUT faire barrage au RN au mépris de toute convenance.

  13. C’est Marion Maréchal qui a la meilleure réponse :
    Malgré une violente mise en cause, elle choisit l’ironie et conclut :
     » Merci à ce collectif de rappeurs ringards pour les milliers de voix que leur clip de haine apportera aux candidats de l’union nationale. « 

    • Le pire c’est la classe politique et les médias de gauche qui s’esbaudissent et entrent en pamoison en écoutant les éructations de ces bas du front ,ringards de plus, qui se disent rappeurs . Ces pauvres types qui ne savent même pas que les citoyens qui ont voté l’ Union nationale participent activement à l’assistanat social que profite esssentiellement aux gens des quartiers de banlieue . . Parce que la gauche essentiellement bourgeoise de libé et l’obs feint d’ignorer que la France n’est pas les EU où c’est le chacun pour soi , mais la France où au contraire ,chacun est solidaire de l’autre du fait de notre système social unique au monde . Il n’y a pas d’argent magique . La gauche devrait être la première à s’en souvenir mais voilà ce qui arrive quand on s’en remet au lumpen prolétariat de banlieue pour sauver les meubles .
      En plus ces imbéciles évoque le « no pasaran  » de Guernica , pour fustiger des français qui ont rempli leur rôle de citoyens en votant dans le cadre du bon fonctionnement d’une démocratie, alors que ce qui se passait à l’époque en Espagne était l’exact contraire .

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