Interdiction de la publicité dans Paris. Sauf pour… la mairie !
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Il y a des nouvelles dont, de prime abord, on serait tenté de se réjouir, sauf qu’à bien y réfléchir....
Le mercredi 12 février, le Conseil de Paris a voté, sous la pression tenace des écolos, une décision importante : la suppression de la publicité dans l’espace public, particulièrement via le mobilier urbain qui lui était jusqu’ici dévolu. Notamment les fameuses bornes appelées « sucettes ». C’est l’aboutissement d’un happening qui remonte à mai dernier, une poignée de militants et élus de Paris s’étant rassemblés devant l’hôtel de ville sous une banderole exigeant de « sortir de la pub maintenant ! » et réclamant « le non-renouvellement du contrat entre la ville et la société Cityz Media, exploitant de plus de 1.000 mobiliers urbains d’information (MUI) » et 1.600 panneaux publicitaires.
Fin de la pub, sauf pour la mairie
Triomphal, le groupe EELV au Conseil de Paris titre son communiqué : « Fin de la publicité à Paris ! » Ça n’est pas encore tout à fait exact, mais on s’en approche. Le Conseil de Paris vient, en effet, « d’acter la sortie de la publicité commerciale, en mettant fin aux différentes conventions publicitaires », ce qui constitue, à leurs yeux, « une avancée majeure pour les Parisiennes et Parisiens, et pour l’environnement », les libérant de « l’omniprésence de la publicité et son influence catastrophique sur les modes de vie et l’écologie ».
Fatoumata Koné, présidente du groupe EELV au Conseil de Paris et candidate déclarée à la succession d’Anne Hidalgo, explique, sur BFM TV Paris-Île de France : « C’est une victoire idéologique parce qu’on a quand même une société consumériste et c’est l’objectif de la publicité de nous faire consommer. C’est antinomique avec la bataille que nous menons vis-à-vis des enjeux du dérèglement climatique. » Admettons.
Ce n’est donc que le début d’une opération qui vise réellement à éradiquer la pub dans la capitale. S’agissant des fameuses sucettes, le vote du 12 février prévoit de passer à 25 % de contenu publicitaire commercial dès l’année prochaine, puis à 10 % jusqu’à l’échéance du contrat dans deux ans. En attendant, donc, la mort du petit cheval en 2027, « le règlement local de publicité va être révisé afin d’acter la fin de la publicité commerciale et de s’attaquer aux publicités numériques dans les vitrines » ; enfin, « les autres contrats publicitaires (abris voyageurs, mâts, palissades de chantiers) ne seront pas renouvelés à leur échéance ».
Au diable les recettes, bonjour les dépenses !
Alors, c’est vrai, on ne verra plus de publicités dans Paris ? Ben non, en fait. On va garder les sucettes, mais pour vanter les mérites de... la mairie ! Au diable les recettes, bonjour les dépenses ! Dans une ville endettée à hauteur de 10 milliards d’euros, quelle importance, je vous le demande. Car même pour « la bonne cause », il faudra bien continuer de l’entretenir, ce mobilier urbain.
Et puis les écolos triomphants ne manquent pas d’idées. « Moins de publicité, c’est moins d’incitation à la surconsommation et, par extension, moins de pression sur les ressources naturelles et le climat », dit Fatoumata Komé. « C’est aussi une opportunité de réinvestir l’espace public autrement, en laissant plus de place aux expressions artistiques, citoyennes et informatives. »
Et c’est là, bien sûr, où ça coince, car après l’extension du ghetto arc-en-ciel géographiquement marqué au sol (en attendant le péage à l'entrée ?), on aura droit au matraquage « sociétal ». C’est déjà le cas avec ces affiches, aussi graphiquement nulles que niaiseuses, vantant « Paris, ville de l’amour » ou ces expositions de photos en plein air pour promouvoir les agents municipaux (actuellement sur les murs de l’hôtel de ville, côté Rivoli).
Ces panneaux enlaidissent et envahissent l’espace public parisien. Mais au moins ils rapportent de l’argent.
Grace à notre super conseil de Paris, on va conserver TOUS ces affreux panneaux mais ils ne rapporteront quasiment plus rien. Ils serviront à la promotion de la mairie.. pic.twitter.com/4UwtTyrDv3— Quentin Divernois (@QsB75) February 20, 2025
De ville monde à ville moche
La vérité est que Paris, ville monument « la plus belle du monde » comme on ne cesse de nous le répéter, est devenue une ville moche et quasi déserte. Quand on l’a fuie comme le font chaque année quelque 12.000 Parisiens et qu’on y revient en visite, le contraste est saisissant. Les artères sont vides, traversées par quelques axes secondaires totalement embouteillés. Dans les quartiers autrefois animés – on pense, encore, à la rue de Rivoli –, les commerces ordinaires ont disparu, remplacés dans les zones touristiques par des bazars de souvenirs bas de gamme made in China ou alors des boutiques si luxueuses qu’elles n’attirent que la clientèle des palaces.
Il y a longtemps que le bouillonnement culturel a déserté Paris au profit de Berlin et d’autres capitales. Les galeries d’art sont vides, Saint-Germain-des-Prés est mort depuis longtemps. Anne Hidalgo a vendu la ville aux touristes qui la traversent sans la voir pour finir en troupeau dans un Louvre décati. Dieu merci, il reste Notre-Dame restaurée ! Un cadeau du monde à la France et à Paris, par la grâce de ses artisans.
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5 commentaires
Dans l’escalier au bout de ma rue (où a été tournée la scène finale des tontons flingueurs), les détritus végétaux s’amassent depuis des années, formant un tapis peu ragoutant dans les endroits non foulés par les passants, mais finalement, c’est moins moche que les affiches de la mairie.
On ne s’attaque plus non plus aux mauvaises herbes poussant entre les pavés ou bordures et ça finit par les attaquer.
Pour les emplacements publicitaires, des portraits de Lénine, Staline, Greta Turnberg seraient du plus bel effet.
Né à Paris, 18ème, j’ai connu le métro avec les assises de bois et les portes paquets en laiton, je ne suis portant pas si vieux. On s’y promenait, on croisait les petites fontaines sur les petites places, on prenait le « PC ». Même les ruelles étaient nettoyées, ça sentait le pain chaud et les croissants à tout les coins de rue, on s’arrêtait acheter le cahier qui nous manquait à la librairie/papeterie du quartier et le dimanche on entendait sonner les cloches de l’église du coin. Nos parents nous donnait 5 francs et on partait avec mon frère pour se trouver des marrons grillés en hivers, on marchait d’Auteuil au champs de Mars pour les trouver, on allait à la piscine de Boulogne en métro tout seuls…. on avait 8 et 11 ans.
Remplacer les annonces publicitaires pour les remplacer par des messages de la ville, cela s’appelle de la propagande !
Bien heureux de ne plus vivre à Paris depuis 25 ans.
Je ne parle même pas des 10 milliards de dette, Paris ville de l’amour (je ris jaune), je dirai Paris ville de la mort a tout les coins de rue ont peu ce faire planter par un couteau de 2 centimètres (ironie). Pour moi Paris c’est fini je n’y retournerais jamais.