Interdits de « convivialité » : et maintenant, ce sont les chasseurs qu’on persécute !

chasseur

À en croire la rumeur, Jean Castex serait tout énervé. Il est vrai que certains ministres lui feraient des niches, multipliant les petites phrases et allant même jusqu’à se moquer de son accent du terroir ou de ses costumes froissés. Que les gens peuvent être mauvais.

Pourtant, c’est précisément à cause de sa mine provinciale – et de son manque d’ambitions présidentielles, bien sûr – qu’Emmanuel Macron l’a nommé à Matignon, histoire de casser l’image de têtes à claques issues des grandes écoles que renvoyait son gouvernement. C’est la rude loi des castings. Il faut faire avec ce que l’on est, surtout quand on n’est pas doté d’un physique de rêve. Michel Galabru en savait quelque chose, lui qui, pour les mêmes raisons, ne fut jamais vraiment abonné aux rôles de jeunes premiers. Mais il est vrai que tout cela n’est que du cinéma, sachant que derrière ses airs de garde-champêtre, Jean Castex n’est jamais qu’un technocrate comme les autres.

La preuve en est sa politique censée réglementer la chasse en ces temps de confinement. D’où ces arrêtés préfectoraux valant leur poids de ratatouille, qui interdisent « les moments de convivialité ». Résultat : Gérard Larcher, président du Sénat et grand chasseur devant l’éternel, s’insurge : « Les Français doivent remplir chaque jour leur bulletin, justifier leur sortie, estimer l’heure de leur retour. Quelle atteinte aux libertés ! Et maintenant, on régule même la convivialité ! »

De son côté, Thierry Coste, de la Fédération nationale des chasseurs, s’interroge : « Était-il nécessaire de préciser par écrit que les chasseurs en battue auraient l’interdiction de manger ou de boire un café ? Qu’ils devraient se transporter sur les lieux à seulement deux par voiture ? Qu’ils devraient veiller à ne pas se rassembler sur les parkings, à ne pas se serrer la main, à ne pas s’embrasser ? » La réponse est dans la question.

Ces motifs sanitaires mis à part, on constate une fois de plus que l’État n’en finit plus de réparer ses propres bêtises. En effet, pourquoi tant de raffut à propos de nos amis les chasseurs ?

Déjà, il y a l’hystérie des Verts urbains dont la vision de la campagne est toute livresque, persuadés qu’ils sont que, chaque dimanche, les méchants chasseurs vont tuer le gentil Bambi. À côté, Chantal Goya, c’est Hannah Arendt. Du coup, on ne chasse plus assez en France et le gibier prolifère.

Résultat ? 46 millions d’euros de dégâts pour les paysans, car lorsqu’une horde de sangliers traverse un champ de blé, ils n’y vont pas avec des échasses. Et les chasseurs des Yvelines, pour ne citer que ce seul département, sont désormais sommés d’abattre un « maximum de cerfs, chevreuils et sangliers possible en novembre et décembre ». Une « mission de service public », assurent les autorités. Ou ,plutôt, un de ces sketchs des Inconnus mettant en scène des chasseurs tirant sur tout ce qui bouge, comme si leur vie à eux en dépendait. Décidément, il y a chez ces énarques un véritable acharnement de mulet – et encore, ce n’est pas très gentil pour ces charmants animaux – à salir tout ce à quoi ils s’avisent de toucher.

Car c’est beau, la chasse à l’ancienne. C’est l’occasion de se retrouver entre amis et amies, car nombreuses sont les femmes à, désormais, tâter de la gâchette ; celle, encore, de se retrouver pour partager ensemble le pain et le vin. C’est même parfois l’occasion, quand le gibier ne veut pas, de seulement promener les chiens à l’ombre des sous-bois. Plus qu’un art, ça peut être aussi un art de vivre. Il y a décidément des coups de fusil qui se perdent.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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