Interview de rentrée : Macron se surpasse dans le cynisme

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« Comme une fleur, Barbapapa est né dans un jardin, explique le site officiel consacré au personnage chéri des jeunes téléspectateurs des années 1970. Il peut prendre n’importe quelle forme […] Grâce à quelques transformations et une brillante imagination, il vient à bout des situations les plus difficiles… et le tout en douceur ! »

L’interview fleuve du Président dans Le Point de ce 24 août coche toutes les cases du macronisme : comme la célèbre famille des Barbapapa, le macronisme prononce tous les mots, incarne toutes les identités, adopte toutes les politiques et toutes les idéologies. Une souplesse de transformiste de cirque facilitée par l’absence de toute trace de colonne vertébrale et une belle aisance dans le mensonge grossier. Peu importent les contradictions, la vérité intérieure, la cohérence, le cap personnel et national, l’intérêt de la France et des Français : tout est dans tout et vice-versa. Notre ami Kerlouan a bien épinglé les contradictions du personnage sur l’école. Il faut relever les autres.

« Nous avons été implacables »

Sur les émeutes, par exemple. Tandis que les morts s’accumulent en France et que Nîmes compte deux victimes en deux jours, Macron (qui s’exprimait avant ces drames) tire un satisfecit absolu de son travail : il a créé 10.000 postes de sécurité intérieure et créé 200 brigades de gendarmerie. Donc, tout va bien. Les élus qui pleurent la pauvreté des forces de l’ordre vis-à-vis des besoins sont sans doute victimes de dépression accompagnée d’illuminations malsaines. Car le Président qui a accusé le policier, dès les premières heures après la mort de Nahel à Nanterre, le jure : « Nous avons été implacables ! » Il revendique 1.200 défèrements et 1.000 comparutions immédiates : la réponse aux innombrables dégradations, aux émeutes, aux incendies, aux pillages qui ont stupéfait la France et coûté au moins 650 millions d'euros. On se pince.

L’homme des contradictions précise que l’argent n’est pas la seule réponse. Mais qu’il a augmenté le budget de l’ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine), passé de 5 à 12 milliards d’euros ! Et pour les campagnes, pauvres elles aussi, mais qui ne brûlent pas ? Pas un mot du Président de tous les Français. Que les campagnes se débrouillent.

« Faire nation » ?

Le clou du spectacle, c’est évidemment l’immigration ! Le numéro de gymnastique confine au sublime. « On a un problème d’intégration, admet le président […], un problème d’intégration et de refondation de la nation ! » Diable, Jean-Marie Le Pen, sors de ce corps ! Revoilà donc cette nation honnie, repoussée, vilipendée, sale, puante, popu, répugnante ? Il y revient un peu plus tard : « C’est un énorme chantier qui est au cœur de mon second mandat : celui de faire nation » (sic). De son mandat à l’Élysée, Macron voudrait « qu’on retienne ce combat pour rebâtir notre nation, son indépendance, son chemin ». C’est beau comme du Barrès mâtiné de De Gaulle.

Mais voilà, faut-il « faire nation » en accélérant l’immigration de masse ? Le Président a des réponses claires : « Est-ce qu’on est submergés par l’immigration ? Non. C’est faux de dire cela. » Bon. Alors, on passe à autre chose ? On s’occupe de l’invasion de la pyrale du buis ? Pas si vite ! Notre transformiste a la solution. Il suffit d’entrer dans la complexité présidentielle. « Cela dit, poursuit Macron, la situation que nous connaissons n’est pas tenable et nous devons réduire significativement l’immigration, à commencer par l’immigration illégale. Nous avons une obligation de résultat. » Une phrase que nous allons encadrer, à BV. On tentera d’oublier que l’immigration n’a jamais été aussi importante en France que sous… le même Président Macron ! Qu’il a appelé à voter le désastreux pacte Asile et Migration au Parlement européen, comme le rappelle le député RN Jean-Lin Lacapelle, et qu’il pousse l’installation de migrants dans nos campagnes pour désengorger les villes. Sans réduire le flux…

 

Donc, on n’est pas submergés, mais ce n’est pas tenable. Complexe, on vous dit. Mais pourquoi n’est-ce pas tenable ? Le Président replonge aussitôt dans la cécité volontaire : « Ce ne sont pas des étrangers, qui ont causé ces émeutes, 90 % sont nés Français. » Il faudrait savoir… Il s’agit donc d’un problème d’intégration des Français ? Ben oui… « La jeunesse des sans-emploi ni formation ne concerne pas seulement celle issue de l’immigration », explique-t-il. Ce n’est pas comme si les banlieues immigrées affichaient des taux de chômage record qu’il suffit d’aller constater dans les bases de l’INSEE. L’hôte de l’Élysée n’évoque pas l’intégration ratée de ces Anglais qui semèrent la panique au Stade de France, mais c’est la même veine.

Double langage

Car les faits sont simples, vus de l’Élysée. Les interpellés ne sont pas issus de familles d’origine exotique comme vous le croyez mais « de familles monoparentales ou de l’aide sociale à l’enfance », nous explique Emmanuel Macron, d’accord avec la doxa de l’extrême gauche : pas de problème d’immigration mais un problème de pauvreté. Pour le résoudre, l’homme qui fit nommer le très « national » Pap Ndiaye à l’Éducation nationale enchaîne : « Il y a la place de l’école. » Ces Français, le Président champion du mondialisme, l’européiste militant, l’habitué de Davos, celui qui vomissait les « Gaulois réfractaires » et voue Le Pen et Zemmour à tous les diables fachistes, veut désormais s’atteler à les « reciviliser ». Car « c’est dans les salles de classe que se murmure la France et que s’apprennent nos valeurs », lance-t-il. Un mot qui sonnerait juste chez Zemmour. Mais chez Macron ?

Double langage, posture, jonglerie, captation de concepts et de mots clés, ratissage électoral éhonté, navigation démagogique à vue : après les vacances, le Président Barbapapa reste le même : « Grâce à quelques transformations et une brillante imagination, il vient à bout des situations les plus difficiles. » Il y ajoute sa note personnelle : une épaisse couche de cynisme et de mépris.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 26/08/2023 à 21:35.
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Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

72 commentaires

  1. Écœurant, à vomir. On ne peut même pas imaginer qu’il ne comprend rien à rien. Il se fiche tout simplement de nous. Et il est même probable qu’il en tire un grand plaisir.
    Mais bon, admettons que les émeutiers n’étaient pas des « étrangers » , mais alors c’est pire. Ce sont donc des Français qui ont saccagé leur propre pays à hauteur de 650 millions d’euros de dégâts. Cela démontre (1) que la nationalité est dans le cœur, pas dans une carte en plastoc et (2) que ces Français-là ne sont pas des contribuables.

  2. La destitution souhaitée par plusieurs commentateurs peut être tentée comment ? La constitution comprend-elle cette option évidemment plus probablement pacifique qu’une prise du pouvoir par les Forces de l’Ordre Républicain ! Mais cette forme-là aurait le mérite de pouvoir prouver à la bien-pensance stupide que l’ordre et la justice sévère sont les deux mamelles d’une vie sociétale enfinapaisée!
    Votre réponse m’intéresse.

  3. Il y a longtemps que beaucoup n’écoutent plus ce bonimenteur de foire qui continue son oeuvre de destruction.. Une seule solution: la destitution. Mais il est fort à parier que l’apathie populaire l’en empêchera!

  4. Rien que le visage donne envie de vomir. Au travers de son faciès on voit ressortir le capitalisme le plus sale, la politique des copinages , l’immigration portee à son paroxisme, les accords secrets avec fonds de pension, laboratoires et transnationales pour écraser encore un peu plus la France au profit de l’hyper classe dominante et bobo s’imagineant en être et qui seront bientot éliminés fort heureusement . Si un homme ou une femme devaient ambitionner de relever la France il ou elle n’irait pas embrasser les pieds de Bruxelles.

  5. Cynisme de l’imposture (ou l’inverse)… L’homme de Davos n’est pas incompétent, il est précisément sur sa feuille de route de traître à la nation, qu’il s’applique à déconstruire et à détruire… Une seule option reste à l’opposition, la destitution, ou au peuple apathique, la révolution (mais c’est un vœu pieux)

  6. De la langue de bois, des phrases ampoulées et creuses, tout et son contraire… ensuite ? rien, jamais rien.

  7. Macron, c’est l’incarnation d’une pub diffusée jadis pour une boisson. Il a l’odeur, le goût, la couleur d’un Président, mais ce n’est pas un Président…

  8. Tout va bien dormer braves gens. Malgré le tsunami début juillet et des français en villégiatures le satisfecit du Président et à la mesure de certains Français anesthésiés par la propagande que l’on nourrit depuis plusieurs décennies

  9. Souhaitons qu’après dix ans de règne dans tous les sens, les Français aient compris les dangers de l’incapacité d’un chef d’état. Il serait regrettable qu’après avoir subit dix années durant les errements de cette erreur électorale, les Français élisent son poulain. La France, déjà particulièrement affaiblie, n’y survivrait pas.

  10. Le seul sujet sur lequel il parle vrai, c’est celui du problème de l’Aide Sociale à l’Enfance…sur laquelle il se défausse, en lui demandant de gérer les faux mineurs isolés, qui coûtent chacun 50 000 euros par an aux contribuables !!!!! A la charge des départements, qui n’en peuvent plus !

  11. je me suis forcée à lire votre article et je savais d’avance,  » instinctivement » s’agissant du personnage décrit que la nausée allait me gagner, voilà c’est fait !!! il n’y a rien a attendre de cette girouette qui tournicotte sur elle même et croit par sa  » réponse à tout » , répondre à tous – En fait la girouette ne fait que brasser de l’air quelque soit le sens dans lequel elle tourne – si encore elle produisait dans ses multiples rotations quelquechose d’utile… à part le vertige et la nausée qui s’en suit, je ne vois pas ! et comme tout est dit dans la conclusion, je n’ajouterai rien d’autre.

  12. Notre seul moyen de nous défendre contre ce psychopathe narcissique nuisible , est de le destituer, le bouter hors de chez nous! Il est inadmissible d’accepter de telles déclarations dignes d’un profond analphabètisme , si ce n’est d’une volonté de destruction…laquelle est très claire !

  13. Excellent, Marc Baudriller! Merci ! Macron insulte la raison, le bon sens, la France. Et encore 3 ans et demi avec lui ?! Non ! Il est tellement indigne de cette fonction qu’il faut trouver de toute urgence un moyen de le contraindre à démissionner.

    • bonjour, c’est très simple article 68 de notre constituion, juste un petit souci : il faut qu’un certain nombres de députés en discutent à l’assemblée nationale, et ça….la gamelle de lentilles est bien trop bonne

    • Mais que pouvons-nous faire sans opposition, ceux que nous élus pour tenir ce rôle sont aux abonnés absents, pire : des traîtres.

    • « Ceux qui parlent pour ne rien dire et ne disent rien pour parler feraient bien de la fermer avant de l’ouvrir ». Je crois que c’est de Pierre Dac…

    • Pas d’accord. En homme instruit, c’est à bon escient qu’il a utilisé le mot Nation et non d’Etat .
      Il sait très bien où il veut nous mener et on aurait tord de ne pas prendre au sérieux le choix de ses mots.
      Victorine31

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