Irak : vers le mariage forcé des petites filles de… 9 ans !

Capture d’écran © FRANCE 24
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C’est une de ces informations qui font froid dans le dos. En Irak, un projet de loi ambitionne d’abaisser l’âge légal du mariage pour les filles à… neuf ans. Il s’agit d’une proposition, présentée par le ministère de la Justice et soutenue par une coalition de partis islamistes chiites, visant à modifier une précédente loi qui fixait l’âge légal du mariage à 18 ans et restreignait la pratique de la polygamie. Si l’amendement suscite localement une vive polémique, il a néanmoins été adopté en première lecture, le 4 août dernier.

Le sujet n’est pas propre à l’Irak. De l’Égypte à la Jordanie, en passant par l’Arabie saoudite ou l’Afghanistan, la question des mariages d’enfants reste un sujet brûlant dans l’ensemble du monde musulman. L’Afrique subsaharienne serait tout particulièrement touchée par le phénomène avec, selon l’UNICEF, jusqu’à 50 % des femmes de certains pays qui y seraient mariées avant l’âge de 18 ans.

Mais l’Afrique du Nord n’est pas épargnée non plus, au Maroc notamment. En 2008, un cheikh avait provoqué une vague d’indignation lorsqu’il avait déclaré licite le mariage des fillettes à partir de neuf ans. Des voix avaient crié à la pédophilie, le parquet de Rabat avait ouvert une enquête judiciaire contre le religieux, mais ce dernier avait tenu bon. Il faut dire qu’il avait les textes sacrés de son côté. Sûr de son fait, Mohamed Al Maghrawi avait répondu à la polémique par une fatwa publiée sur son site Internet, stipulant que son arbitrage était parfaitement conforme aux préceptes islamiques. D’ailleurs, le prophète Mahomet avait lui-même montré l’exemple, a ajouté le théologien. Aïcha, sa troisième épouse, n’avait-elle pas six ans à peine quand il s’est marié avec elle ?

L’habituel silence des féministes occidentales

Si le projet de loi irakien est sans doute compatible avec la législation chariatique, il n’en reste pas moins scandaleux du point de vue d’un Occidental. De quoi révulser tout Européen, a fortiori s’il se dit progressiste. Pourtant, les féministes sont restées bien silencieuses, à l’annonce de cet amendement autorisant le mariage des fillettes. Elles avaient sans doute d’autres chats à fouetter… Au même moment, Sandrine Rousseau tweetait sur le machisme des barbecues, quand elle n’était pas en train de défendre le droit d’un individu intersexe à boxer contre des femmes. Mathilde Panot, elle, était tout occupée à admirer un drapeau palestinien placé par un de ses camarades insoumis à l’entrée d’une piscine municipale de Toulouse. Chacune ses priorités.

De peur de chiffonner son électorat des cités, la gauche rechigne à condamner le sexisme oriental. C’est pour cette raison qu’elle se focalise sur l’écriture inclusive, les pistes cyclables genrées et les pseudo-inégalités salariales. Elle part en croisade contre le patriarcat de « l’homme blanc » qui est en état de putréfaction avancé, alors qu’il en est un autre, de patriarcat, qui n’a rien perdu de sa vigueur. On le rencontre dans la plupart des pays de culture musulmane dont l’archaïsme condamne les femmes à un destin d’infériorité et d’assujettissement. En Algérie, par exemple, où la loi reste délibérément floue sur la définition du viol et où les rares victimes qui osent briser le silence subissent des violences supplémentaires. En Turquie, où plus de 40 % des femmes ont déjà été victimes de violences physiques ou sexuelles. Au Niger, où 3 filles sur 4 sont mariées avant l’âge de 18 ans. Ces États figurent tout en bas du « Global Gender Gap », un rapport annuel du Forum économique mondial qui classe les pays en fonction du degré d’égalité entre les sexes. Ils y côtoient le Koweït (143e sur 156), le Maroc (144e), l’Arabie saoudite (147e), l’Iran (150e) ou encore l’Irak (154e), tous loin derrière la France et son honorable 16e place.

Jean Kast
Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

14 commentaires

  1. Et les féministes dans tout cela? silence radio ; de même on ne les entend guère sur l’enfermement des femmes afghanes, ou les répressions violentes contre les iraniennes hostiles au régime. Brave mais pas téméraire … un mauvais coup est vite attrapé . Ce sont des « Marie-Chantal », des révolutionnaires en peau de lapin

  2. J’avais écrit que c’était de la pédophilie et mon commentaire a été rejeté??? Je ne comprends pas toujours les raisons des modérateurs. Je répète qu’en Occident cela ne doit être en aucun cas accepté. Il faut rejeter tout ce qui vient de l’islamisme radical sinon nous serons confrontés à des demandes similaires si ce n’est déjà le cas en France. Entre l’excision, les mariages forcés, etc.

    • Étonnant ? Non, dirait Desproges. Les féministes actuelles, qui n’ont rien à voir avec le féminisme — le vrai — se préoccupent surtout de ce qui pourrait porter atteinte à leur petite personne et à l’islam en France. Elles sont globalement pro Palestine et n’iront donc pas à l’encontre de lois votées en pays islamiques. Elles sont complètement à côté de la plaque.

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