Isolé, Emmanuel Macron tente le grand dialogue

Alors que semble s’ouvrir une guerre de succession, Emmanuel Macron cherche du soutien ailleurs.
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Les potentiels successeurs à Emmanuel Macron se pourfendent déjà. Alors que semble s’ouvrir, depuis plusieurs jours, une guerre médiatique de succession, Emmanuel Macron cherche du soutien ailleurs. Dans un courrier envoyé vendredi dernier, le Président a officiellement invité les patrons des différents partis politique disposant d’un groupe à l’Assemblée nationale ou au Sénat à « un après-midi de travail en commun et un dîner ». Alors que les différentes forces politiques entament leurs rentrées et rivalisent d’ardeur dans la critique du macronisme, alors que les appétits s’aiguisent, Emmanuel Macron renoue avec le vieux réflexe du grand débat.

À droite, on n’en attend rien

Du côté des Républicains, le président Ciotti a profité de la tribune que lui offrait le week-end de rentrée du parti de la droite pour annoncer qu’il irait. Je « lui parlerai d’immigration. Je lui dirai que nous ne voulons plus aucun droit pour les clandestins », a claironné le patron de la rue de Vaugirard.

Du côté du Rassemblement national, son président Jordan Bardella a longuement disserté sa venue auprès du Point. « J'ai répondu favorablement à l'invitation d'Emmanuel Macron, parce que le Rassemblement national n'est pas sectaire et parce qu'il respecte les institutions », assure le député européen, qui poursuit « Je ne me fais aucune illusion sur cette initiative, qui s'inscrit dans la longue lignée des "grands débats" sans lendemain et des "refondations" qui n'adviennent jamais. »

À gauche, le secrétaire du Parti communiste Fabien Roussel a également fait savoir à ses troupes qu’il irait. Dans une diatribe aux accents marchaisiens, le successeur de Pierre Laurent a déclaré : « Moi, j’ai envie de lui dire d’abord de ravaler sa morgue, de se mettre à la place des Françaises et des Français, d’aller remplir un Caddie™ une fois, d’aller faire son plein d’essence, de s’intéresser aux factures à payer et d’entendre la colère de nos concitoyens. » Quant au patron de LFI Manuel Bompard, il a affirmé qu’il irait pour demander la suspension de la réforme des retraites.

Un Président plus que jamais isolé

Jupiter n’a jamais été aussi loin sur l’Olympe. Alors que la cote de popularité d’Emmanuel Macron ne dépassait pas les 30 % avant l’été, beaucoup murmurent que « son quinquennat est cramé », pour reprendre l’expression d’un élu LR contacté au téléphone. Jordan Bardella a d’ailleurs enfoncé le clou : « Nous ne serons pas la béquille d'un Président à la recherche d'un second souffle. Ce qui est notable, en revanche, c'est qu'Emmanuel Macron prend conscience, enfin, qu'il n'a pas de majorité absolue et que le peuple français a mis son projet en minorité relative, le soir du 19 juin. » Pour autant, et le RN et LR participeront à ce rendez-vous que, dans la majorité, on salue avec enthousiasme. « C’est une très bonne idée », s’enthousiasme Karl Olive. Joint par téléphone, le député Renaissance des Yvelines salue un Président qui « innove, propose et demeure toujours en mouvement ». Pourtant, l’ambiance est lourde, dans le camp de la majorité. L’aile gauche de la Macronie, perdue entre un Darmanin ultra-offensif et un Attal attisant la polémique des abayas, ne sait plus comment tempérer les ardeurs. L’arrivée surprise d’Élisabeth Borne au grand raout des soutiens de Darmanin est apparue comme un coup de frein-moteur dans une pente raide.

L’enjeu de l’après

Ce n’est pas un hasard si seules les formations de droite ont, pour l’heure, répondu officiellement favorablement à l’invitation présidentielle. Ni si, à la rentrée de Gérald Darmanin, on a pu observer quelques élus LR dont le député du Rhône Alexandre Vincendet. L’une des cartes que tient en main Macron pour se relancer a un mot : l'élargissement.

Un élargissement de la majorité par LR. Ce vieux rêve de l’exécutif, la chaotique réforme des retraites en a révélé les apports et les risques. En d’autres termes, soit la Macronie absorbe LR maintenant, soit elle sera absorbée plus tard. Cela, Élisabeth Borne le sait : cette macroniste de gauche est l’obstacle majeur à l’élargissement vers LR. « De nombreux invités ont refusé de venir à l’événement de Darmanin en apprenant la venue d’Élisabeth Borne », regrette-t-on, du côté de l’aile droite de la majorité.

Picture of Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

33 commentaires

  1. Et comme toujours, une énième mise en scène par lui, pour lui et sans lendemain. Il est d’ailleurs difficile à comprendre que les leaders de partis « d’opposition » se laissent prendre au jeu, alors que c’est encore un jeu de dupes, pour ne pas dire un piège. Ne parlons pas non plus du coût de ces opérations comm qui ne débouchent jamais sur du positif.

  2. Une comédie dans laquelle chaque participant va aller chercher de quoi se valoriser médiatiquement. Évidemment, au-delà des déclarations tonitruantes de sortie de rencontre, cette farce ne sera absolument rien d’autre qu’un bal des faux culs de plus. La France et les Français assisteront, comme d’habitude, aux intrigues dans lesquelles les intérêts personnels et de partis continueront à sacrifier sans scrupules l’avenir de la nation.

  3. L’élargissement, n’est-ce pas le terme que la Loi utilise pour dire libération des maisons d’arrêt ? Pourtant les clefs du gnouf sont tenues par une Borne qui n’entend libérer personne ni même libérer la parole, base essentielle de toute démocratie .

  4. Une réunion qui ne sert à rien et qui n’a aucun sens. Nous voyons déjà venir la com’ présidentielle fustigeant « celles-zé-ceux » qui ne rentreraient pas dans l’arc républicain, c’est-à-dire ne plieraient pas devant sa volonté, pour faire avancer la France. Quant à LR, qu’ils clarifient une bonne fois pour toute leur situation plutôt que de continuer à jouer les boutiquiers à rechercher postes et prébendes.

  5. Isolé dites vous …bien fait pour lui ..ce monsieur qui veut se mêler de tout est devenu la risée de tous …c’est bien triste et dangereux .

  6. « Grand dialogue » en langage macronien, ça signifie « langage de sourd » !
    Quand Macron parle, ce n’est pas pour que vous écoutiez, c’est pour qu’il s’écoute !
    Ou vous êtes d’accord avec moi, ou vous n’êtes que des riens !
    Circulez, y’a rien à voir.

  7. Jupiter qui nous parle de tout sauf de l’essentiel cherche des amis, çà vas être facile pour le sauver.

  8. Un après-midi de travail, pourquoi pas, mais un dîner pour quoi faire ? Il n’y a plus d’argent dans les caisses

  9. On songe au pamphlet d’Hugo sur « Napoléon le petit » : « Certes, [il] s’agite, rendons-lui cette justice ; il ne reste pas un moment tranquille ; (…) il cherche à donner le change sur sa nullité ; c’est le mouvement perpétuel ; mais, hélas ! cette roue tourne à vide. »

    • Mais comme toutes les roues « du progrès » il s’agit de roues crantées : elle ne peuvent tourner que dans un sens, vers le délitement social et la dé-moralisation sociétale . TOUJOURS PLUS BAS , TELLE EST SA DEVISE .

  10. Le fossoyeur de la France à la recherche de branches pour ne pas s’effondrer et se raccrocher à n’importe quoi pour continuer d’exister.

  11. Ce sera comme le fameux « grand débat national » qui nous a coûté un pognon de dingue et qui a été un véritable flop !

  12. Il raccole partout maintenant . Qui tombera dans son piège pour se rallier à lui . Qui pour se faire avoir par des promesses jamais tenues .J’ai hâte de connaître le nom des traitres .

    • La première méthode pour estimer l’intelligence d’un dirigeant consiste à regarder les hommes qui l’entourent
      Nicolas Machiavel

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