Israël face à l’« axe de la résistance » iranien (2/2)

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Suite de l'article publié le 3 novembre.

Loin d’être un acteur isolé, circonscrit au seul conflit israélo-palestinien, le Hamas est un des éléments clés de la stratégie régionale iranienne d’encerclement de l’État hébreu. Le mouvement djihadiste appartient en effet à l’« axe de la résistance » dirigé par Téhéran qui associe notamment le Hezbollah au Liban, des milices chiites en Irak et en Syrie ainsi que les rebelles houtis au Yémen.

Bien que sunnites et liés aux Frères musulmans, le Hamas et le Jihad islamique palestinien (JIP) s’intègrent à ce dispositif. La coopération de ses membres va de l’assistance militaire au partage de renseignements en passant par la planification d’opérations conjointes. « Les mandataires de l’Iran ont depuis longtemps cessé de fonctionner comme des entités géographiquement confinées ou isolées », note le think tank Atlantic Council, qui évoque une « alliance régionale symbiotique ».

C’est à l’Iran que profite le crime

Une alliance sous le haut patronage des Iraniens et une stratégie d’« unité des fronts » qui fait craindre aux Israéliens comme aux Américains une extension régionale du conflit. On en voit déjà les prémices avec une activation, pour le moment limitée, du front nord par le Hezbollah au Liban et, au sud, par des attaques de missiles et de drones menées par les Houtis yéménites. Avec, dans le même temps, des attaques contre des bases américaines en Irak et en Syrie.

Dans ce contexte, on comprend que, quel que soit le rôle joué par Téhéran dans le déclenchement de l’offensive terroriste du Hamas, c’est à l’Iran que profite le crime. L’accord de normalisation israélo-saoudien, qui offrait en échange à Riyad des garanties américaines de sécurité et une coopération nucléaire, est opportunément bloqué. Le rival régional est donc neutralisé. Les perspectives d’une intégration d’Israël à un Moyen-Orient pacifié sont remises en cause par la guerre et l’embrasement de la « rue arabe ». Enfin, s’agissant du « Grand Satan » américain, son influence est en chute libre et ses plans sont contrariés. Les mollahs peuvent se féliciter.

Troisième cercle : l’allié incertain

« Nous sommes aux côtés d’Israël. Et nous veillerons à ce qu’Israël dispose de ce dont il a besoin pour prendre soin de ses citoyens, se défendre et répondre à cette attaque », a déclaré Joe Biden dans un discours prononcé à la Maison-Blanche, quelques jours après l’offensive du Hamas. L’heure était à l’émotion et à l’expression d’un soutien inconditionnel des États-Unis à l’égard de leur allié historique.

Depuis, le ton a quelque peu changé. En déplacement à Tel Aviv, le 18 octobre dernier, le président américain invitait ses interlocuteurs israéliens à ne pas répéter les erreurs commises par son pays à la suite des attentats du 11 septembre 2001 et à ne pas se laisser « consumer par la rage ». Comme le confiait plus tard au Washington Post une source bien placée à la Maison-Blanche, les avertissements américains marquaient le passage de « Nous sommes à 100 % derrière Israël » à « Nous devons vraiment trouver un moyen de ne pas aggraver ce conflit » et, pour cela, « la réponse israélienne est la partie qui doit être contrôlée ».

Les Américains restent certes des alliés, mais ils ont leurs propres objectifs : éviter une escalade qui déstabiliserait le Moyen-Orient, ne pas aggraver la crise énergétique mondiale et ne pas renforcer la position de la Russie et de la Chine dans la région. Sans oublier le fait que Joe Biden n’est pas seulement président, il est aussi candidat à sa réélection et il constate les dégâts provoqués par son soutien à Israël dans son propre camp où sévit une aile pro-palestinienne.

Pour la puissance globale américaine qui fait face à l’enlisement du conflit ukrainien et garde les yeux rivés sur Taïwan, la guerre entre Israël et les satellites de Téhéran doit donc être contenue. La main posée par Washington sur l’épaule de son allié vise tout autant à le rassurer qu’à le maîtriser.

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Frédéric Martin-Lassez
Chroniqueur à BV, juriste

Vos commentaires

28 commentaires

  1. Bien que l’Iran, actuel maitre du jeu au moyen orient ne veuille pas s’impliquer DIRECTEMENT dans le conflit, il risque d’avoir mal évalué les conséquences d’avoir planifié et commandées les atrocités du sept novembre en Israël. Il commence à s’en rendre compte avec la réaction de Tsahal et aussi le déploiement de l’armada américaine dans la région. Tant que les barbus n’auront pas la bombe nucléaire, ils sont vulnérables et ils le savent de part et d’autre. Qui plus est je pense que les USA, n’ont pas oublié la prise d’otages de leur ambassade à Téhéran, de la destruction des tours, de l’attaque de leur navire ect, ect. Il arrive qu’un jour, suivant la belle formule de Hollande sur Fabius qui le traitait d’élastique: « qu’à force de tirer sur l’élastique elle te revient dans la gueule », c’est ce qui pourrait arriver à l’Iran, avant qu’il ne devienne intouchable comme l’est la Corée du nord.

  2. Croyez-vous que l’état d’esprit inspiré par Khomeiny soit obsolète ? Le monde arabe recherche l’hégémonie totale sur le proche orient. IsraëL est l’épine dans le pied, l’indésirable, l’œil des occidentaux au sein de leur pré-carré. Sa destruction est donc recherchée. A la place, pourrait s’organiser sans farouches opposants une cohorte de « guerriers » , selon LFI, propres à semer la terreur sur les territoires des occidentaux, la France en priorité, son ventre mou. Le monde musulman cherche à nous dominer. Il y réussira si nous sommes toujours gouvernés par des chefs d’Etat peu clairvoyants, emplis de bon sentiments : Droit de l’Homme, humanisme , le tout coiffé d’états d’âme. Les islamistes extrêmes n’ont pas d’état d’âme. Le 7 octobre en a été une démonstration.

  3. Une chose m’étonne quand même. Les peuples de cette partie du monde ont plus de 5000ans d’existence. Abraham, originaire d’Ur, est l’ancêtre à la fois des juifs et des musulmans. Et Sem, aïeul d’Abraham, aussi à plus forte raison. C’est à partir d’Ismaël et de Jacob que les conflits commencent. Alors pourquoi cette haine ancestrale ? D’autre part, les européens sont-ils vraiment les descendants des arabes perses ? (certains affirment que la race « arienne’ viendrait de Perse et donc d’Iran).

  4.  » il constate les dégâts provoqués par son soutien à Israël dans son propre camp où sévit une aile pro-palestinienne ».
    J’ose espérer que ce n’est pas forcément une « aile pro palestinienne », mais des gens comme moi qui n’acceptent pas que, pour soit disant se défendre, on pratique la politique du « pour un œil dix yeux, pour une dent 10 mâchoires », fussent ceux d’enfants, de bébés, de femmes, de personnes âgées, de préférence toutes des civils!

  5. Le mollah en chef qui commande ce ramassis de terroristes, cela même pour son propre peuple, se prend pour Darius III, battu à plate couture par Alexandre le grand. Qu’il prenne garde qu’Israël ne se transforme en Alexandre. Il en a les moyens malgré sa petite taille.

  6. c’est pourtant simple, si Israël disparait, l’Egypte disparait, la Jordanie disparait, le Liban disparait et l’Iran sera Le Maitre.
    Mais avant que cela arrive nous aurons une guerre nucléaire…

  7. Très heureux de lire cet article très éclairant et les commentaires qui en découlent. Est ce le vrai Alain Bauer qui participe à cet échange ou un pirate… J’aimerais que ce soit le célèbre expert criminologue…Si oui bienvenue à Lui

  8. « Une escalade qui déstabiliserait le Moyen-Orient » mais ils l’ont déjà déstabilisé ! Et voilà où nous en sommes !

  9. les arrières plans et les coulisses de cette affaire seraient intéressante à connaître. Pourquoi le no man’s land entourant la bande de Gaza a-t-il pu être franchi ? C’est une zone plus sécurisée que le rideau de fer qu’a connu Berlin. Beaucoup de zones d’ombres qui donnent beaucoup de larmes.

  10. Ce qui se joue en Palestine mais aussi en Occident, c’est une guerre de civilisation menée par l’islam contre les juifs et les chrétiens. Il est bien triste et lamentable de constater qu’Israël se trouve bien seul à défendre notre civilisation judéo-chrétienne. Où sont les européens ? Où sont les américains ? Toute mon admiration et tout mon soutien à Israël qui doit être fort car le Hamas a clairement annoncé vouloir sa destruction.
    Note: seul le parti Reconquête!, dans notre pays, est clairvoyant sur l’Islam

  11. Vous, en deux lignes, c’est fantastique: dès que ça va mal en Israël, on nous pleurniche 39/45. Non, ce sont des mauvais traitements qu’Israël inflige aux Palestiniens depuis sa création, sans aucune volonté politique d’y mettre un terme, et surtout sous les gouvernements Netanyahou, qu’il s’agit. Ensuite, il faudrait interdire un manifestation « pro Palestine »: la liberté d’expression, en France, sachez que c’est pour tout le monde, car nous ne prenons pas (encore) nos leçons de démocratie à Tel Aviv.

  12. Quand des traitres sont au pouvoir voilà ce qui arrive . Pauvre peuple d’ Israël , livré à lui même , abandonné comme pendant la guerre 39/45 . Et ici pas mieux : une manifestation pro palestine autorisée .

    • Mais Israël ne peut compter que sur lui-même, depuis 1948 ! Les états n’ont pas d’amis, que des intérêts.

  13. Et c’est dans ce genre de situations internationales explosives que les Pays sont heureux d’avoir à leur tête de vrais dirigeants fiables , compétents , déterminés…et puis il y a les français

  14. La dernière offensive israélienne au sud Liban avait déjà montré combien le Hezbollah s’était organisé, amélioré et endurci, capable de mener des opérations de contre attaques sur les arrières israéliens. La Syrie s’est endurcie, forte de sa guerre contre Daech, et l’Iran n’est pas (il s’en faut de très loin) le faible Irak. Aussi Israël ferait bien de se méfier, dont l’armée est faite en majorité de réservistes et de conscrits, et ne pas compter sur une politique faite uniquement de brutalité sur les Palestiniens, d’autant qu’il vient d’humilier Blinken. Le retour aux VRAIES négociations avec les Palestiniens est une nécessité. Peut-être Netanyahou est-il un obstacle à enlever (politiquement, s’entend) pour que ça puisse arriver.

    • Le problème est qu’il n’y a pas de palestiniens. Seulement des organisations terroristes, ou des états voyous.

  15. L’Iran est un beau pays, les iraniens constituent un peuple exemplaire , mais ils sont dirigés par un intégrisme d’un autre age, dangereux pour son peuple, dangereux pour l’humanité toute entière. Aujourd’hui un peu partout dans le monde les peuples souffrent à cause de ce type de déviance, que celle-ci soit religieuse ou pas. Et l’ONU qui s’agite n’est à l’évidence plus en capacité d’influencer le cours des évènements.

    • Absolument.
      La mainmise de cet intégrisme radical dans cette région est inquiétante pour l’avenir de l’humanité, Ils visent à islamiser la planète coûte que coûte en violence. Chrétiens, juifs ou autres non musulmans sont des impies pour eux et ne doivent pas cohabiter en vivre ensemble, ne serait-ce que dans la paix. Oui, c’est comme le dernier combat des fils de la lumière contre les fils des ténèbres. Mais la vision prophétique est que la lumière vaincra et soumettra les ténèbres au combat final. C’est dire que nous ne sommes pas encore arrivés au bout du tunnel.
      Personnellement Netanyahou n’est pas mon dirigeant israélien préféré, sa politique d’occulter le problème Palestinien et la création d’un état pour eux et de favoriser le Hamas s’est retourné contre lui. Voire que ces Palestiniens auraient pu être accueillis et refaire leur vie en Jordanie qui est comme leur patrie.

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