Israël, Ukraine : Trump veut concilier apaisement et intérêts américains
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Interrogé par BV, Régis Le Sommier, directeur de la rédaction d’Omerta, table sur « un redéploiement géopolitique des États-Unis avec le retour de Donald Trump aux affaires ». Or, au vu des résultats dont nous disposons, il semble que ces élections américaines 2024 auront permis aux républicains de conquérir non seulement la Maison-Blanche, mais aussi la majorité au Sénat, tout en conservant celle qu’ils avaient déjà depuis 2022 à la Chambre des représentants. Et comme l’a confié à BV le géopolitologue Nikola Mirković, président de l’association Ouest-Est, « Trump va donc avoir les mains libres sur les dossiers chauds de politique étrangère. Si Biden agissait souvent en idéologue et défendait avant tout les intérêts de la finance mondiale, Trump est un pragmatique, qui va rechercher l’apaisement tout en privilégiant les intérêts américains. Lors de son premier mandat, il a été le seul président de l’Histoire américaine à ne pas déclencher une guerre. »
Israël/Palestine : vers une solution à deux États ?
Quelle sera la ligne de conduite de Donald Trump sur la question israélo-palestinienne ? Rappelons qu’il avait été, en 2020, l’architecte des accords d’Abraham entre Israël, les Émirats arabes unis et Bahreïn, puis le Soudan et le Maroc. « Trump s’était alors vanté d’avoir négocié "the best deal ever", le meilleur accord de l’histoire », rappelle Régis Le Sommier, « mais il l’était bien peu pour les Palestiniens car il avantageait surtout les colons, ce qui explique en partie la situation actuelle. Aujourd’hui, face à l’intransigeance de Netanyahou, Trump a tout de même des leviers. Les armes qui équipent Tsahal sont américaines et les accords d’Abraham restent une base. »
Vincent Hervouët, éditorialiste politique étrangère sur Europe 1, nous rappelle, de son côté, que si « Trump n’a jamais cru à la solution des deux États, il n’y a pas vraiment d’alternative. Impossible de prédire, donc, ce que vont faire les Israéliens, sauf qu’ils feront tout pour que ne se reproduise pas un drame du type de celui du 7 octobre 2023. »
Ukraine : retour à l’esprit de Minsk ?
Pour Régis Le Sommier, il faudrait que la relation entre Trump et Poutine cesse de faire l’objet de fantasmes : « Donald Trump n’a jamais été un agent de Poutine, et il n’y a pas eu non plus d’ingérence de la Russie dans l’élection américaine. » Pour autant, Donald Trump était-il sérieux et crédible en prétendant que s’il était réélu, il mettrait fin au conflit russo-ukrainien « en vingt-quatre heures » ? Pour Nikola Mirković, « ce n’était là qu’un slogan de campagne, mais Donald Trump n’est pas un idéologue et il va négocier avec Vladimir Poutine. Le conflit Russie/Ukraine ne sera cependant qu’un aspect d’une négociation plus large avec les BRICS. »
Régis Le Sommier observe, pour sa part, que « ce qui change, avec le retour de Trump, c’est qu’il incarne réellement les États-Unis comme Poutine incarne vraiment la Russie. Cette incarnation, dont est dépourvu Emmanuel Macron, est essentielle à la relation qui doit s’instaurer lors d’une négociation.» Les accords de Minsk peuvent-ils encore constituer une base de négociation entre Russes et Ukrainiens ? « Il faut évidemment revenir à l’esprit de Minsk. Mais Vladimir Poutine va-t-il vouloir faire la paix ? La situation militaire a bien changé. Rappelons que son objectif annoncé est la démilitarisation de l’Ukraine, qui est aujourd’hui partout sur le recul. Vladimir Poutine veut clairement récupérer tout le Donbass. Mais ne va-t-il pas être tenté de pousser son avantage jusqu’au Dniepr ? Et qu’en sera-t-il de la situation intérieure en Ukraine ? Ne va-t-on pas vers "une situation à la somalienne", avec un Volodymyr Zelensky contesté par les milices qui l’ont soutenu, des seigneurs de la guerre aux références nazies inquiétantes, héritages de l’histoire ukrainienne pendant la Seconde Guerre mondiale, et qui vont vouloir régner sur leurs fiefs ? »
S’il est sans doute bien trop tôt pour dessiner avec précision les contours de la future politique étrangère américaine, un changement semble s’amorcer. Donald Trump revient en affichant son intention de rechercher un apaisement des conflits ouverts, notamment sur les points chauds que sont l’Ukraine et le Proche-Orient. Mais, en patriote sincère, il sera aussi et d'abord un défenseur acharné des intérêts américains. On peut, dès lors, espérer un mieux par rapport à l’ère Biden, même si, souligne Vincent Hervouët, « en Europe, il faut se garder d’un excès d’optimisme, car cela va être raide ».
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17 commentaires
L’Etat américain n’a de cesse depuis 40 ans de générer ou d’alimenter les conflits (Afghanistan, ex-Yougoslavie, Irak, Syrie, Egypte, Tunisie, Lybie, etc …) en pensant déstabiliser l’Europe et pour en tirer profit économiquement.
Ils ont réussi à mettre à mal l’Europe mais aussi le monde entier en faisant émerger l’islamisme et le terrorisme qui va de pair. Sans en tirer l’avantage économique qu’ils en escomptaient
Les conflits armés auxquels ont participés les USA se montent à 66 pendant le XIXè siècle, 21 pour la première moitié du XXè et 56 jusqu’en 2020. Soit grosso-modo un total de 137 en 220 ans. Comme beaucoup ont duré plusieurs années, on peut considérer que l’état normal de la démocratie américaine est l’état de guerre. A la grande satisfaction du complexe militaro-industriel.
Désolé pour les Ukrainiens et les Russes: Trump semble d’abord et avant tout un homme d’affaire; va t-il priver son pays du débouché européen pour le gaz de schiste? S’il veut « faire grand » son pays de nouveau et que les classes défavorisées retrouvent une aisance financière, il va devoir faire en sorte que l’économie US fonctionne mieux. Peut-il se priver des rentrées de ce gaz liquéfié que nous n’achetons plus aux Russes?
Je vais choquer mais j’estime que la solution à deux états est la seule sortie possible de la crise ukrainienne et il faut garder en tête le cas de la Tchécoslovaquie. Mais ne nous y trompons pas, ce sont des intérêts privés qui empêchent cette solution car les propriétaires terriens de la majorité des surfaces agricoles sont des mercenaires étrangers. Et il n’est pas possible non plus de couper le pays de façon à ce que la totalité des terres noires se trouvent dans une entité ou dans une autre. Tout comme Marioupol et Odessa ne pourront pas se trouver dans le même pays. Concernant Israël, la position du général De Gaulle était la bonne, celle de deux États et d’absence hiérarchique diplomatique. C’est cette hiérarchie anglo-saxonne qui a conduit au déséquilibre géopolitique de la région, réduisant presque à néant l’état Liban, par pur envie de représailles sur la France. La solution à deux états est le Béa bas, mais il conviendrait que Israël accepte de changer le nom de son pays et que la Palestine s’appelle autrement aussi afin de rompre avec les références de historiques et les velléités expansionnistes qui vont avec.
Ce que vous dites est très intéressant. A propos d’histoire, aux temps bibliques, Israël s’appelait Palestine et aux temps du Christ c’était l’ empire romain. Je verrais bien un pays qui s’appellerait par exemple Fédération du Jourdain, d’autres pays pourraient s’y associer, la Syrie qui est un pays dont le président ne contrôle qu’une partie. La Jordanie, pays qui a perdu la Cisjordanie, réduit à un capitale qui dirige des Bédouins vivant dans les dunes du Sahara, quelques bourgades… On me dira qu’ Israël sera le maitre de cet ensemble, sans doute !
» La solution à deux états est le Béa bas ». Bien beau, mais qui ne resiste pas au réel. Revisitez l’Histoire depuis le VIIè siècle et citez-moi un seul pays, une seule civilisation, un seul groupe ayant pu coexister avec l’Islamisme conquérant … Le problème n’est pas Israël, pas les colons, pas les palestiniens, pas les réfugiés, le problème c’est l’Islamisme conquérant.
Le Béa ba ? Ou le Béat bah ? Ou le B-A BA ?… Mais pour la solution à 2 Etats, il faudra non seulement convaincre les islamistes extrémistes mais aussi les extrémistes de la colonisation juive. Ce n’est pas demain la veille. Il y faudra plus que la déclinaison de l’alphabet !
Ah c’est clair qu’il y a des fanatiques du grand Israël. Et le slogan du Nil à l’Euphrate est un objectif assumé chez certains. De la même façon que ceux qui veulent la Palestine du Jourdain à la mer.
Je ne sais pas sur quoi vont tomber d’accord Trump et Poutine mais je souhaite que politiquement ils éliminent Macron méprisé par chacun d’eux. Même si c’est aux dépends des français, car plus vite ce président sera évincé ne sera pas pire que de le laisser continuer encore 2 ans.
En effet, plus vite Macron sera éjecté, plus vite la France s’en relèvera.
Trump est un chef d’entreprise qui, toute sa vie, a créé de la richesse (comme Musk d’ailleurs), contrairement à tous ces fonctionnaires (ou assimilés) qui vivent de l’impot (on le voit avec nos enarques) et ne savent que générer des dépenses. Or, pour créer de la richesse, il ne faut pas de guerres, celles-ci ne favorisant que les usines d’armement.
Pourquoi espérer un mieux en Europe de l’élection aux USA d’ un défenseur acharné des intérêts américains ?
Dans les années 1930 on s’est réjoui de même de l’ arrivée au pouvoir de Mr Hitler défenseur acharné des intérêts allemands?
La différence entre D TRUMP et H, c’est que Donald T n’aime pas les génocides, n’aime pas faire des expériences sur les humains, et, même s’il sait défendre les intérêts américains, il ne veut pas tuer la terre entière.
Maintenant, c’est mon avis de femme de droite (non fasciste ) et non pas de gauche socialiste ou assimilée, qui accepte que certains soient meilleurs et plus compétents que moi.
Ne vaut-il pas mieux d’un défenseur acharné de son pays, ce qui est normal, que d’un Biden défenseur acharné des mondialistes et des financiers, tous apatrides mais sous domination américaine.
Parce que Trump, centré US nous laissera peut-être tranquilles et Frau VdL sera obligée de travailler pour le bien des Européens et le renouveau de la puissance europénne face aux brics, ça devient urgent!
Vous n’avez pas changé, toujours prêt à défendre bec et ongle le Macronnisme !
Sans excès d’optimisme, la réalité nous rattrape. Trump défendra avec acharnement les intérêts de son pays contrairement à notre petit président qui n’a jamais défendu les intérêts de la France, plus grave, se permettait de critiquer son propre pays à l’étranger. On appelle cela de la haute trahison. La France est tombée bien bas.