Israël, Ukraine… Trump veut concilier apaisement et intérêts américains

@Kremlin.ru/Wikimedia Commons
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Interrogé par BV, Régis Le Sommier, directeur de la rédaction d’Omerta, table sur « un redéploiement géopolitique des États-Unis avec le retour de Donald Trump aux affaires. » Or, au vu des résultats dont nous disposons, il semble que ces élections américaines 2024 auront permis aux Républicains de conquérir non seulement la Maison Blanche mais aussi la majorité au Sénat, tout en conservant celle qu’ils avaient déjà depuis 2022 à la Chambre des représentants. Et comme l’a confié à BV le géopolitologue Nikola Mirković, président de l’association Ouest-Est, « Trump va donc avoir les mains libres sur les dossiers chauds de politique étrangère. Si Biden agissait souvent en idéologue et défendait avant tout les intérêts de la finance mondiale, Trump est un pragmatique, qui va rechercher l’apaisement tout en privilégiant les intérêts américains. Lors de son premier mandat, il a été le seul président de l’histoire américaine à ne pas déclencher une guerre. »

Israël / Palestine : vers une solution à deux États ?

Quelle sera la ligne de conduite de Donald Trump sur la question israëlo-palestinienne ? Rappelons qu’il avait été en 2020 l’architecte des accords d’Abraham entre Israël, les Émirats Arabes Unis et Bahrein, puis le Soudan et le Maroc. « Trump s’était alors vanté d’avoir négocié "the best deal ever", le meilleur accord de l’histoire » rappelle Régis Le Sommier, « mais il l’était bien peu pour les Palestiniens car il avantageait surtout les colons, ce qui explique en partie la situation actuelle. Aujourd’hui, face à l’intransigeance de Netanyahu, Trump a tout de même des leviers. Les armes qui équipent Tsahal sont américaines, et les accords d’Abraham restent une base. »

Vincent Hervouët, éditorialiste politique étrangère sur Europe 1, nous rappelle de son côté que si « Trump n’a jamais cru à la solution des deux États, il n’y a pas vraiment d’alternative. Impossible de prédire donc ce que vont faire les Israéliens, sauf qu’ils feront tout pour que ne se reproduise pas un drame du type de celui du 7 octobre 2023. »

Ukraine : retour à l’esprit de Minsk ?

Pour Régis Le Sommier, il faudrait que la relation entre Trump et Poutine cesse de faire l’objet de fantasmes : « Donald Trump n’a jamais été un agent de Poutine, et il n’y a pas eu non plus d’ingérence de la Russie dans l’élection américaine. » Pour autant, Donald Trump était-il sérieux et crédible en prétendant que s’il était réélu, il mettrait fin au conflit russo-ukrainien « en vingt-quatre heures » ? Pour Nikola Mirković, « ce n’était là qu’un slogan de campagne, mais Donald Trump n’est pas un idéologue et il va négocier avec Vladimir Poutine. Le conflit Russie / Ukraine ne sera cependant qu’un aspect d’une négociation plus large avec les BRICS. »

Régis Le Sommier observe pour sa part que « ce qui change avec le retour de Trump, c’est qu’il incarne réellement les Etats-Unis comme Poutine incarne vraiment la Russie. Cette incarnation, dont est dépourvu Emmanuel Macron, est essentielle à la relation qui doit s’instaurer lors d’une négociation. » Les accords de Minsk peuvent-ils encore constituer une base de négociation entre Russes et Ukrainiens ? « Il faut évidemment revenir à l’esprit de Minsk. Mais Vladimir Poutine va-t-il vouloir faire la paix ? La situation militaire a bien changé. Rappelons que son objectif annoncé est la démilitarisation de l’Ukraine, qui est aujourd’hui partout sur le recul. Vladimir Poutine veut clairement récupérer tout le Donbass. Mais ne va-t-il pas être tenté de pousser son avantage jusqu’au Dniepr ? Et qu’en sera-t-il de la situation intérieure en Ukraine ? Ne va-t-on pas vers "une situation à la somalienne", avec un Volodymyr Zelensky contesté par les milices qui l’ont soutenu, des seigneurs de la guerre aux références nazies inquiétantes, héritages de l’histoire ukrainienne pendant la Seconde Guerre mondiale, et qui vont vouloir régner sur leurs fiefs ? »

S’il est sans doute bien trop tôt pour dessiner avec précision les contours de la future politique étrangère américaine, un changement semble s’amorcer. Donald Trump revient en affichant son intention de rechercher un apaisement des conflits ouverts, notamment sur les points chauds que sont l’Ukraine et le Proche-Orient. Mais, en patriote sincère, il sera aussi et d'abord un défenseur acharné des intérêts américains. On peut dès lors espérer un mieux par rapport à l’ère Biden, même si, souligne Vincent Hervouët, « en Europe, il faut se garder d’un excès d’optimisme, car cela va être raide. »

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