Italie contre le coronavirus : si c’est Salvini qui avait pris ces mesures drastiques…
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On se croirait dans un de ces films, à mi-chemin entre la science-fiction et la réalité, qui décrivent les ravages d'une pandémie. Les scénaristes font preuve d'imagination, comme dans Contagion (2011), avec Marion Cotillard, où les autorités cherchent à trouver un remède et à contrôler la panique qui court plus vite que le virus. Ou encore 28 jours plus tard (2002), où un commando de la protection animale, délivrant des chimpanzés soumis à de terribles expériences, libère un virus porté par les primates, qui se propage à toute vitesse. Mais, cette fois, il ne s'agit pas de fictions : on apprend que l'Italie vient de placer en quarantaine près de 15 millions d'habitants du nord du pays et de prendre des mesures drastiques pour limiter la contagion.
En pleine nuit, Giuseppe Conte, président du Conseil des ministres, a déclaré qu'« [un décret] a été rédigé dans sa version définitive [...], sera publié au Journal officiel » et entrera aussitôt en vigueur. Toute la Lombardie, la région de Venise, le nord de l’Émilie-Romagne et l’est du Piémont sont en alerte, les déplacements limités à l'intérieur de la zone, les entrées et les sorties strictement contrôlées. Les entreprises sont invitées à mettre leur personnel en congé. Sur l'ensemble du territoire, le gouvernement ordonne la fermeture des cinémas, théâtres, musées, salles de jeux, écoles de danse, discothèques... Tous les événements sportifs sont suspendus, des stations de skis fermées, les personnes contaminées assignées à résidence.
Ce ne sont que quelques-unes des mesures restrictives décidées dans la nuit et valables jusqu'au 3 avril. Des réquisitions d'hôtel sont aussi possibles, ainsi que le recrutement de médecins retraités. Dans la cité du Vatican, qui a connu son premier cas, le pape François a annulé ses apparitions publiques et, ce dimanche, il a prononcé sa prière dominicale par vidéo, depuis sa bibliothèque : officiellement « pour éviter les risques de diffusion » du coronavirus, surtout pour éviter le rassemblement des fidèles sur la place Saint-Pierre.
Toutes ces mesures préventives, peut-être nécessaires, posent plusieurs questions. On imagine les critiques qu'aurait essuyées Matteo Salvini s'il les avait prises : il serait accusé d'être responsable de tous les maux ! On se demande pourquoi l'Italie est le troisième pays le plus touché au niveau mondial. Faut-il mettre en cause son système de santé ? La France, avec la crise des hôpitaux, n'a pas de leçons à donner dans ce domaine, mais l'on ne voit pas pourquoi elle serait plus épargnée. Serait-ce parce que l'épidémie s'est déclarée plus tôt en Italie ? Faut-il donc s'attendre, en France, à son extension à grande échelle ?
On aimerait être certain que le gouvernement dît toute la vérité. Si le danger est réel, pourquoi ne prend-il pas des mesures préventives plus importantes et, surtout, plus cohérentes ? Parce qu'il veut ménager l'opinion publique et conduire progressivement les Français à accepter de plus en plus de contraintes ? Parce qu'il en redoute les conséquences économiques ? Parce qu'il se croit plus fort que ses voisins ? Toutes les hypothèses sont possibles. Il arrive à chacun, face à l'adversité, de se dépasser, mais un gouvernement responsable doit s'abstenir de toute instrumentalisation de l'épidémie pour rehausser sa popularité en déclin sous peine de se décrédibiliser davantage. Un chef de l'État ne se grandit pas en exploitant une situation difficile pour faire sa promotion personnelle.
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