Ivermectine et hydroxychloroquine, même combat ?
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Tout a commencé en avril 2020, lorsque des chercheurs australiens du Royal Melbourne Hospital annoncent que l’ivermectine - produit jusque-là utilisé, depuis fort longtemps, comme antiparasitaire sur les animaux -, administrée à l’homme atteint par le virus, réduirait de façon significative la charge virale du Covid-19, émettant néanmoins dans la foulée des doutes quant aux doses à prescrire. La nouvelle se répand un peu partout dans le monde à qui on a appris, entre-temps, que le salut résidait dans le seul vaccin…
Presque en même temps, en France, un EHPAD en Seine-et-Marne est victime d’une épidémie de gale qui est alors traitée par une dermatologue, Charlotte Bernigaud, de l’hôpital Henri-Mondor de Créteil, qui administre de l’ivermectine aux patients de l’établissement, dont la moyenne d’âge est de 90 ans, ainsi qu’au personnel. Il faut noter que 98 % de ces vieux pensionnaires présentaient une comorbidité à risque. On connaît, depuis le début de l’épidémie en France, les ravages faits par le virus dans ces établissements. Et là, miracle : seulement 1,4 % des pensionnaires de cet EHPAD ont attrapé le virus, et ce, avec des symptômes modérés (ni oxygène, ni hospitalisation) et aucun décès...
En décembre 2020, le débat se poursuit aux États Unis. Un médecin urgentiste, adepte convaincu de l’efficacité de ce médicament sur le Covid-19, est auditionné par le Sénat. Convaincue par l’intérêt que présente l’ivermectine, la NIH (l’autorité suprême de santé aux États-Unis) modifie alors sa recommandation sur le médicament de « négative » à « neutre ». Le Japonais Satoshi Ōmura, prix Nobel de médecine 2015, plaide quant à lui sans réserve pour l’utilisation de l’ivermectine.
Entre-temps, ici et là, autour de la planète, l’ivermectine fait son petit bonhomme de chemin, surtout dans les pays non soumis à des réglementations drastiques comme celles qui régissent l'Europe de Bruxelles. En Amérique du Sud, les autorités boliviennes et péruviennes autorisent son utilisation, tandis qu’en Europe, même la Slovaquie et la République tchèque en ont commandé des dizaines de milliers de boîtes.
En Afrique du Sud, la communauté fermière et l’ensemble des travailleurs agricoles l’utilisent, même si le gouvernement n’a toujours pas donné son feu vert à l’utilisation de l’ivermectine. Les autorités ferment les yeux sur son utilisation.
Pendant ce temps-là, en Europe, l’Agence européenne des médicaments vient de déclarer que « les données disponibles ne soutiennent pas son utilisation en dehors d’essais cliniques pour tirer des conclusions sur l’inefficacité et l’innocuité du produit », ajoutant que les doses ne sont pas encore maîtrisées. Comme dans le cas de l’hydroxycloroquine, on a le sentiment qu’aucune forme d’empressement ne caractérise ces autorités plus enclines, semble-t-il, à mettre en garde qu’à donner des signes d’encouragement.
Comme pour l’hydroxychloroquine, il semble qu’un débat acharné est maintenant entamé entre les autorités scientifiques pro et anti-ivermectine.
Charlotte Bernigaud, qui continue de travailler sur le dosage basique de l’étude australienne et a été rejointe par le professeur Jean-Pierre Changeux, chercheur en biologie cellulaire et professeur honoraire au Collège de France, déclare que l’ivermectine devrait être au premier rang comme candidat anti-Covid prometteur, seul ou en traitement d’appoint. De l’autre côté, ceux des chercheurs qui sont contre le médicament stigmatisent le côté approximatif des preuves et des études qui, selon eux, ne reposent sur aucune base pharmacologique ou préclinique sérieuse. Quant à David Heuzé, du laboratoire MedinCell, il regrette le manque de volonté politique et les moyens financiers qui permettraient de mener une étude en bonne et due forme afin de mettre tout le monde d’accord dans un sens ou un autre.
Une chose est souhaitable à ce stade : que la politique politicienne évite de se mêler de ce débat qui, comme dans « l’affaire Raoult », a pourri complètement le sujet...
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