J.-N. Barrot accueille M. Rubio à Paris : un match révélateur… et cruel

Le premier lutte contre la « désinformation », le second contre la censure... Deux profils que tout oppose.
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Pour gérer les affaires étrangères de leur pays, les Américains peuvent compter sur Marco Rubio. Les Français ont… Jean-Noël Barrot. Les deux hommes se rencontrent donc à Paris, ce jeudi 17 avril, officiellement pour parler de la guerre en Ukraine, sous l’égide du président de la République Emmanuel Macron. Jean-Noël Barrot faisait sans doute un peu pâle figure. Car pour le match Barrot-Rubio, que tout oppose, il n’y a pas photo…

Barrot, 41 ans, s'agite pourtant et joue les chevaliers blancs de la lutte contre la désinformation : « La désinformation est devenue une véritable arme de guerre », lançait-il, le 29 mai dernier, devant le Sénat. Il justifie et soutient activement toutes les politiques liberticides de l’UE. Et menace en permanence les réseaux sociaux, en commençant par celui de Musk. Une irrépressible envie de censure, voisine de ce que Muray appelait « l’envie de pénal ».

Pour Rubio, l'Europe s'en prend à la liberté d'expression

Rubio, 53 ans, qui effectue sa première visite officielle en France, mène le combat opposé… Ce mercredi 16 avril 2025, juste avant de sauter dans un avion pour la France, le missi dominici de Trump a pris une décision majeure. Il a fermé purement et simplement le Service américain de lutte contre la manipulation de l'information et les ingérences étrangères (Counter Foreign Information Manipulation and Interference). Tant pis pour les cris d’orfraie de la gauche américaine. Explication de Marco Rubio lui-même, dans un communiqué repris notamment par France 24 : « Sous l'administration précédente, ce service, qui coûte chaque année plus de 50 millions de dollars au contribuable, a dépensé des millions pour faire taire les voix d'Américains qu'il était censé défendre. » Dans la droite ligne du célèbre discours de J.D. Vance à Munich, Rubio accuse l’Europe de s’en prendre directement à la liberté d’expression. « Si un pays, ou un groupe de pays dans le cas de l'UE [...], s'en prend à des Américains pour leurs propos, ça devient une source d'irritation pour les États-Unis et même plus que ça. » Ce 17 avril, Rubio est venu à Paris parler de l’Ukraine, mais il va aussi aborder la fameuse liberté d’expression... en France. « Vous allez voir que nous continuons à mettre l'accent là-dessus dans notre diplomatie », a-t-il lancé, avant son départ.

L’administration américaine est sur la même ligne. Cinq jours avant la suppression de la chaîne du groupe Bolloré C8, J.D. Vance, dans son fameux discours de Munich, avait lancé, exemples à l’appui : « Dans toute l’Europe, je crains que la liberté d’expression ne soit en recul. »

Réplique fulgurante, à l’époque, de Jean-Noël Barrot, l’un des principaux avocats du dispositif de censure mis au point par l’UE : « S’agissant de la vie démocratique, chacun chez soi. Merci, au revoir ! » Il ajoutait, dans un contresens savoureux : « Plutôt que de regarder la paille dans l’œil de son voisin, regardons la poutre qui est dans le nôtre. » Bien vu ! La poutre enfoncée dans l’œil de ce représentant du pouvoir français lui masque en effet la vue sur la liberté d’expression...

Que pensera Rubio du ministre Barrot, ridiculisé par l’Algérie ? Tous deux incarnent parfaitement la renaissance américaine, pour l'un, et le mal français, pour l'autre.

La religion catholique ne les rapproche pas non plus

Rubio est un fils d’immigrés cubains, père barman, mère employée dans l’hôtellerie. Cet authentique patriote s’est élevé seul, via ses études. Pétri de mondialisme irénique, Jean-Noël Barrot est un héritier, petit-fils de Noël Barrot - député et conseiller général de Haute-Loire, typique de la démocratie chrétienne - et fils de Jacques Barrot, ancien ministre de Giscard et Chirac, ancien vice-président de la Commission européenne et ancien membre du Conseil constitutionnel. La religion catholique pratiquée par Rubio et Barrot ne les rapproche pas non plus : Barrot a hérité de son père un catholicisme centriste et européiste, façon Jacques Delors. Rubio était mormon, il s’est converti. Cohérent, il s’oppose au mariage homosexuel au plan fédéral et à l’avortement et se dit favorable à la peine de mort. Il bataille aussi pour mettre à bas l’Obamacare. L’inverse pour Barrot. Tout juste élu, tandis que Barrot monte les échelons vers les ministères, Rubio réfléchit, cherche à diminuer les domaines d’intervention de l’État en Floride en réduisant les effectifs et en réformant les impôts. Rien de tout cela ne préoccupe l’apparatchik Jean-Noël Barrot, chez qui on cherche en vain la moindre idée originale. Il a exercé comme professeur et chercheur, loin du réel....

Quant au caractère, Barrot a fidèlement suivi Macron, garant de son avenir politique, montrant une échine étonnamment souple. Rubio s’est violemment opposé à Trump dans le camp républicain lors de la course à la candidature présidentielle. L'Américain figura dans le dernier carré des personnalités aptes à devenir vice-président : ce fut finalement J.D. Vance. Personne, en France, ne songe à Matignon pour Jean-Noël Barrot, heureusement ! Barrot n’est pas Rubio…

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Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

74 commentaires

  1. Notre Averell Barrot n’ en rate décidément pas une, il ose tout et on le reconnait bien là! Rubio étant floridien d’ origine cubaine, je pense inévitablement à Hemingway « en avoir ou pas » et Rubio il en a… Quant à Barrot, au vu de ses pitoyables déplacement à l’ étranger, il est permis d’ en douter, pour rester dans l’ euphémisme…

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