Jack Lang et l’affaire Duhamel : « Je ne fréquente pas ces milieux, je vis en dehors de tout ça »

JACK LANG

Il a vieilli, en âge comme nous tous, certes, mais les étés de villégiature au soleil de Cuba ont laissé des traces. Jack Lang, pourtant, veut encore et toujours occuper le devant de la scène ; les feux de la rampe sont sa drogue.

Faisant depuis des décennies la joie des humoristes auxquels il fournit matière mieux que personne, « D’Jack » passe, dans la population, pour un aimable personnage. Un rigolo mondain. Citez son nom et l’on vous répondra immanquablement : « Il a créé la fête de la Musique ». C’est son bâton de maréchal. Les Présidents passent et il est toujours là, quémandant un maroquin dans chaque gouvernement qui s’installe, obtenant toujours un hochet qui lui permet, à 82 ans passés, de demeurer au chaud dans les ors de la République.

Archétype, s’il en est, de la « gauche caviar », Jack Lang, toujours président de l’Institut du monde arabe (il n’y a pas de retrait, pour ces gens-là), était, lundi, l’invité de Sonia Mabrouk sur Europe 1. Elle voulait l’entendre sur l’affaire Duhamel.

À l’en croire, il en est plus surpris que quiconque. Épouvant, même : « C'est une honte, ce qui a été accompli par Olivier Duhamel, il n'y a pas de mot pour designer l'inceste et la pédophilie. Cela me révolte d'autant plus que je l'ai connu comme collègue, je suis professeur de droit comme lui. Nous avons participé ensemble à la réforme constitutionnelle de Nicolas Sarkozy. » Quant à avoir soupçonné quoi que ce soit, n’y songez pas : « Je ne fréquente pas ces milieux, je vis en dehors de tout ça. Je ne participe pas à des mondanités qui me sont totalement étrangères. J’ai découvert comme vous, en lisant ici et là, ce qui se passait ici ou là », dit-il avec la véhémence de l’homme honteusement soupçonné.

On sait bien que l’âge est cruel à la mémoire. Il y en a qui cherchent leurs clés, d’autres qui ne reconnaissent plus leurs enfants… et des Homo festivus qui oublient avoir été les rois du pince-fesses pour happy few.

Alors, Sonia Mabrouk lui rafraîchit la mémoire : n’a-t-il pas signé lui aussi, en 1977, aux côtés des Cohn-Bendit, Matzneff et compagnie, la fameuse tribune réclamant la dépénalisation de la pédophilie ? « Cette pétition était une connerie inacceptable », dit-il. « C'était l'après-68. Nous étions portés par une vision libertaire fautive », mais il s’est repris, assure être devenu un « militant permanent contre les violences sexuelles ». Il s’énerve : « Je combats et j'ai combattu en permanence l'inceste, la pédophilie, cette violence sexuelle. J'ai été un militant permanent, en particulier des violences faites aux femmes, j'ai écrit des livres, j'ai réclamé que le viol soit considéré comme un crime, je n'ai pas à me justifier ! » C’est vrai, il a même écrit un livre d’une niaiserie confondante (la critique du Figaro disait alors « optimisme candide ») intitulé Demain, les femmes…

Pourtant… Pourtant, ajoute Sonia Mabrouk, « il y a des rumeurs également sur vous. Comment vous réagissez ? » Il s’étouffe : « Ah non, les rumeurs me concernant, alors là, ça me laisse de glace. Je n’écoute pas les réseaux sociaux, je suis clair en moi, je suis animé par un idéal de vérité, de justice, c’est tout. Les rumeurs… tous les hommes politiques en ont subi et François Mitterrand a été l’un des hommes les plus haïs de France et on a propagé sur lui les pires saloperies. »

Des saloperies ? On disait qu’il avait de nombreuses maîtresses et surtout une fille cachée dont la mère, nommée Anne Pingeot, était hébergée dans les palais de la République. C’était vrai, mais on a créé une cellule spéciale à l’Élysée pour les faire taire !

Les masques tombent. Jack Lang craint peut-être que le sien ne se fendille un peu trop…

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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