Jacqueline Eustache-Brinio : « Nous devons clairement lutter contre l’islamisme ; quand on ne nomme pas son ennemi, on ne lutte pas contre son ennemi ! »

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Jacqueline Eustache-Brinio est sénatrice et auteur d'un récent rapport sur la radicalisation islamiste qui faisait suite à une commission d'enquête du Sénat. Elle réagit à la présentation du projet de loi « séparatisme » par le gouvernement Castex aujourd'hui.

 

Le gouvernement présente son projet de loi contre le séparatisme. Certains accusent ce projet de loi de ne pas aller assez loin. Vous sénatrice du Val d’Oise, êtes-vous d’accord avec ces critiques ou cette action du gouvernement attire-t-elle votre satisfaction ?

 

Que cette loi existe et sorte, je trouve cela plutôt bien. En juillet j’avais déposé un rapport suite à une commission d’enquête. Il faisait des propositions et je suis assez contente que certaines de ces propositions aient été reprises. Le financement public des associations, la charte de la laïcité sont des propositions que le Sénat avait faites dans le cadre de cette commission d’enquête.

Le titre ne me plaît pas pour deux raisons. Au début, on parlait du communautarisme, puis après on a parlé des séparatismes puis du séparatisme. Et maintenant, on ne parle plus du tout de cela, mais de valeurs républicaines. Ce n’est pas ça le problème. Le problème c’est que nous devons clairement lutter contre l’islamisme. Je pars du principe que lorsqu’on ne nomme pas son ennemi, on ne peut pas lutter contre. Le titre ne me convient pas, mais on ne va pas faire de fixette sur le titre. Il va falloir qu’on aille plus loin.

Ce texte ne parle pratiquement pas de laïcité. Il va falloir clairement rappeler ce qu’est la laïcité et comment elle s’impose à tous celles et ceux qui la remettent en cause. On sait que la bête noire des Frères musulmans et des salafistes est la laïcité.

Je pense qu’il faut aller très loin. Il faut probablement retravailler sur l’article 35. On avait parlé dans le cadre de la commission sur la judiciarisation d’un certain nombre de propos et de faits qui peuvent être posés ou actés dans les mosquées. On dit souvent « armez la République, préservez la jeunesse et les enfants ». La question du voile des petites filles sera évidemment abordée. Mais aussi la question du voile dans les universités et du voile lors des accompagnements de sorties scolaires. Ce sera le moment ou jamais d’aller là où nous voulons aller. Contrairement à ce que peut dire le Premier ministre, il va falloir que l’on bouscule. Nous ne nous battons pas contre les musulmans, mais contre des musulmans.

 

Ce projet de loi doit lutter contre l’islamisme.

 

Évidemment. Le sujet est là. Les Bretons et les Basques ne tuent pas au nom d’un séparatisme. Il ne faut pas exagérer. Le séparatisme islamiste remet en cause les principes républicains et notre pays avec une détestation de la France qui s’inscrit de plus en plus dans certains quartiers, dans certaines familles, chez certains groupuscules et chez certains individus. Cette loi est effectivement nécessaire, mais elle ne va pas régler définitivement le problème. On va mettre des années à se sortir de ce problème.

Il va falloir très rapidement acter pour bien montrer ce vers quoi nous voulons aller aujourd’hui et demain. Nous allons devoir nous y investir, chacun à notre niveau. Tous les élus doivent s’y mettre, de droite comme de gauche. L’État doit aussi s’y mettre, quel que soit son degré de responsabilité. Nous allons y arriver, mais ensemble.

Aujourd’hui, les citoyens de ce pays attendent une clarté. Les gens ne sont pas plus bêtes que les autres y compris les jeunes. Il faut expliquer ce vers quoi nous allons et pourquoi nous le voulons. Il faut expliquer l’intérêt de ce que nous voulons montrer aujourd’hui. Nous voyons qu’une partie de la jeunesse ne comprend pas, ne comprend plus ou ne veut pas comprendre ce que nous sommes et ce que nous devons accepter d’être. À nous, législateurs, hommes femmes politiques, responsables à tous les niveaux. Le monde du sport, le monde de l’éducation, le monde associatif doivent s’y mettre.

 

Les Français ont l’impression que les actes ne suivent pas forcément. On pense notamment au projet de loi Blanquer qui est censé lutter avec son interdiction d’enseigner à la maison. D’après ceux qui défendent l’éducation à la maison, ce projet de loi ne va absolument pas lutter contre les dérives, mais sanctionner un peu plus ceux qui jouent le jeu.

 

Concernant l’enseignement à domicile, je ne voterai pas un article qui consiste à dire « on interdit l’enseignement à domicile ».

Une grande partie des parents ont fait un choix pour telle ou telle raison. Leur enfant peut ne pas être bien dans le système scolaire classique. Les parents peuvent être enseignants et préfèrent le faire eux-mêmes. Seule une partie de ces enfants sortent de la République. Nommons les choses et faisons en sorte que ceux-là retournent à l’école de la République. Mais pour cela, il faut des moyens de les inspecter. Au lieu de dire « on va lutter contre cela », on embête tout le monde. Disons ce vers quoi nous voulons aller et avec qui. Donnons-nous les outils pour ramener dans l’école de la République les enfants que l’on veut sortir de la République en général.

 

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Jacqueline Eustache-Brinio
Sénatrice du Val-d'Oise (LR)

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