Jacques Brunel remplace Guy Novès. Pour quoi faire ?

La carrière de Guy Novès mérite, bien sûr, le plus grand respect. Il a réussi, avec Toulouse, à obtenir un palmarès hors normes, en surclassant la performance historique de Béziers à une époque et dans un contexte professionnel où les enjeux rendent l’accomplissement de cet exploit plus complexe et plus aléatoire. Chapeau à l’artiste !

Mais pas d’amnésie : Toulouse, sous sa direction et fort d’un budget singulièrement plus généreux qu’ailleurs, était le premier club de l’élite à recourir massivement au recrutement de joueurs étrangers. D’autres ont suivi ensuite, parfois même dépassant toute mesure en la matière, comme Toulon. Restent en mémoire aussi les diatribes de l’entraîneur qui se plaignait des indisponibilités dues à un calendrier des équipes nationales trop gourmand à son goût pour gérer les ambitions – légitimes – de ce grand club. Il était cocasse de le voir réclamer plus de temps en équipe de France une fois nommé à la tête du Quinze national. La cohérence, est-ce dans un et un seul contexte ? Merci à lui pour ce qu’il a tenté de faire.

Le départ brutal de Jacques Brunel de Perpignan avait pu laisser un arrière-goût de décision trop hâtive… Son palmarès, même s’il n’égale pas celui de son rival, appelle un certain respect : c’est sous son mandat de sélectionneur de l’équipe d’Italie que ce dernier, entrant du cénacle rugbystique de l’hémisphère nord, a battu sa première « grande » nation : la France. Bonne chance à lui dans ses nouvelles fonctions.

Le président Bernard Laporte est peut-être heureux de faire passer ses ennuis judiciaires au second plan : outre une Coupe du monde à organiser, il sanctionne à contretemps une situation désastreuse de l’équipe nationale en sacrifiant un bouc émissaire et au prix pas si élevé d’un reniement. Si tant est qu’une personne puisse le faire, Jacques Brunel n’aura pas le temps de changer le destin de l’équipe nationale d’ici la prochaine Coupe du monde, et compter sur un miracle n’est pas une bonne tactique. L’échec du président et de son nouvel entraîneur trouvera dans cette trop courte durée une excuse que goberont les naïfs.

L’homme providentiel dont a besoin le rugby français, c’est celui qui parviendra, peut-être, à imposer une limitation quantitative aux effectifs d’étrangers dans le championnat national. Même si former est plus aléatoire qu’acheter un talent déjà éprouvé ailleurs, c’est à ce prix que l’équipe de France disposera de talents en nombre suffisant pour reprendre le rang qu’elle a tenu par le passé. Ce n’est pas de la xénophobie de ma part de l’affirmer : si j’aime le rugby All Blacks, la furia irlandaise, l’esprit combatif écossais, la rugosité galloise parfois teintée de génie, et même si j’admire – cela m’arrache le clavier de l’admettre – la rigueur toute militaire et si efficace des Anglais, je voudrais revoir une équipe de France à la hauteur de celle qui s’imposait lors de deux test matchs consécutifs en Nouvelle-Zélande, celle qui sur un coup de folie renverse toute une rencontre. Vous pouvez penser que Bernard Laporte est l’homme d’une telle situation. Je n’y crois pas un seul instant.

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